La Main gauche du seigneur (1955) : le test complet du Blu-ray

The Left Hand of God

Réalisé par Edward Dmytryk
Avec Humphrey Bogart, Gene Tierney et Lee J. Cobb

Édité par Rimini Editions

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Le 14/12/2015
Critique

La main gauche du Seigneur

1947, dans une province reculée de Chine. James Carmody, aviateur américain, échappe au redoutable seigneur de la guerre Mieh Yang. Lorsque le père O’Shea est assassiné par les hommes du bandit, Carmody décide de se faire passer pour lui. Il se rend à la mission que le prêtre devait rejoindre. Il prendra fait et cause pour les villageois et les aidera à affronter Mieh Yang.

La Main gauche du Seigneur est l’antépénultième long métrage du mythique Humphrey Bogart. Agé de 55 ans, le comédien était souffrant depuis plusieurs mois quand les médecins lui apprennent qu’il est atteint du cancer de l’oesophage. La maladie l’emportera en janvier 1957. Depuis 1951, Humphrey Bogart souhaite se diriger vers des rôles qui diffèrent de ceux qui l’ont rendu célèbre. Le tournant arrive en 1951 avec Odyssée de l’African Queen de John Huston, pour lequel il obtient l’Oscar du meilleur acteur. Après Bas les masques de Richard Brooks, Sabrina de Billy Wilder et La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz, Humphrey Bogart retrouve le réalisateur Edward Dmytryk, qui l’avait dirigé dans Ouragan sur le Caine, pour La Main gauche du Seigneur, The Left Hand of God. Si le film n’est pas un chef-d’oeuvre, il vaut encore largement le coup pour admirer les comédiens.

Le monstre Bogart s’avère toujours aussi gigantesque, capable de passer d’un air bougon à un sourire dévastateur. C’est aussi l’occasion de revoir la magnifique et bouleversante Gene Tierney, éternelle Laura d’Otto Preminger. Souffrant depuis quelques années d’une maladie mentale qui allait mettre un frein quasi-définitif à sa carrière, elle donne ici la réplique à Bogey et pousse même la chansonnette avec ce dernier qui l’accompagne au piano. Pour l’anecdote, Humphrey soufflait les répliques à sa partenaire, qui ne pouvait pas les mémoriser. Adapté du roman de William E. Barrett, La Main gauche du Seigneur est un film méconnu dans la carrière de Bogart. Il est pourtant magnifique dans la peau de cet étrange missionnaire débarqué de nulle part, qui semble attiré par les beaux yeux de l’infirmière Ann et qui n’hésite pas à débarrasser un village de quelques malotrus d’un bon coup de poing bien placé après avoir célébré une messe en prêchant «  tu aimeras ton prochain  ».

L’action se déroule en 1947 dans une province reculée de Chine et très vite le spectateur comprend que James «  Jim  » Carmody n’est pas un homme ordinaire sous la soutane. Si l’histoire réserve peu de surprises et que les rebondissements demeurent prévisibles, le casting, y compris Agnes Moorehead, éternelle Endora de la série Ma Sorcière bien-aimée, emporte immédiatement et largement l’adhésion. Bien que le film ait été tourné au Malibu Canyon, l’intrigue possède ce côté exotique propre aux productions de l’âge d’or hollywoodien. La mise en scène d’Edward Dmytryk, excellent technicien (La Lance brisée), est sobre mais toujours maîtrisée, la musique de Victor Young berce gentiment ce spectacle rythmé, tandis que la photographie du grand chef opérateur Franz Planer (Diamants sur canapé, Le Vent de la plaine) s’avère comme toujours plaisante pour les yeux. Dommage que les décors soient finalement limités, que l’histoire manque de surprises et que le redoutable seigneur de la guerre Mieh Yang soit incarné par un Lee J. Cobb grossièrement grimé, car La Main gauche du Seigneur est un spectacle méconnu, plein de bons sentiments, très attachant, qui mérite d’être reconsidéré.

La main gauche du Seigneur

Présentation - 5,0 / 5

Le Blu-ray de La Main gauche du Seigneur, édité chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur rouge. La jaquette saura attirer les fans de Bogey et des classiques des années 1950. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

Rimini Editions a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de La Main gauche du Seigneur en HD :

On commence par une présentation de la carrière du réalisateur Edward Dmytryk film de Richard Brooks par le grand Patrick Brion (42’). L’historien du cinéma évoque tout d’abord les débuts du cinéaste, ses premiers pas derrière la caméra, ses films les plus célèbres et les sujets abordés dans ses oeuvres. Mais il revient aussi et surtout sur l’épisode du maccarthysme, durant lequel Edward Dmytryk, sympathisant de la gauche politique américaine, adhérant au parti communiste américain et ses convictions qui lui valent de figurer parmi les célèbres Dix d’Hollywood. Convoqué par la Commission des Activités Anti-Américaines, il est condamné à six mois de prison, 500 dollars d’amende, puis s’exile en Grande-Bretagne à la fin des années 1940. Il revient peu de temps après aux USA, purge sa peine de prison et à l’instar d’Elia Kazan dénonce finalement certains acteurs, réalisateurs et scénaristes afin de s’affranchir des soupçons qui pèsent sur lui. C’est un scandale, sa carrière ne s’en remettra jamais totalement. Si la présentation de Patrick Brion est un peu longue, qu’il se voit trop souvent entrecoupé de bandes-annonces et que La Main gauche du Seigneur ne soit évoquée qu’à la toute fin et de manière succincte, au moins le spectateur en apprendra beaucoup sur ce cinéaste controversé décédé en 1990.

On continue avec un module rétrospectif sur la vie et la carrière de la mythique Gene Tierney (26’) intitulé Gene Tierney, entre l’ombre et la lumière. Proposé par les historiens du cinéma Christophe Champclaux et Linda Tahir-Meriau (qui présente également ici), ce documentaire se compose d’extraits et de bandes-annonces (le tout en vo non sous-titrée), mais aussi de photos et surtout de commentaires informatifs sur les collaborations qui ont compté pour la comédienne, ainsi que sur ses plus grands rôles et ses partenaires. S’il demeure réservé aux néophytes - les fans n’apprendront pas grand-chose au final - ce supplément demeure agréable à regarder, malgré une voix monocorde.

En exclusivité sur ce Blu-ray, nous trouvons également un autre bonus créé une fois de plus par Linda Tahir-Meriau et Christophe Champclaux (qui présente à son tour) sur la figure du prêtre à l’écran (31’). Nous retrouvons la même structure que le supplément précédent, sauf que les propos sont ici plus pertinents, les analyses et anecdotes plus intéressantes et l’ensemble plus fluide. C’est également dans ce supplément que nous en apprenons le plus sur La Main gauche du Seigneur, sur sa production, ses conditions de tournage et les différences entre le film et le roman de William E. Barrett.

La main gauche du Seigneur

Image - 4,0 / 5

La qualité de ce nouveau master HD, au format 2.55 (16/9 natif) parvient à convaincre et redonne un certain panache à La Main gauche du Seigneur. Cela étant, les contrastes auraient pu être plus fermes, la copie est certes restaurée, stable et propre, mais le grain a été bien trop lissé à notre goût. Les plans en extérieur jouissent de l’élévation HD. Alors certes, tout n’est pas parfait, quelques flous sporadiques font leur apparition, une ou deux séquences sont plus altérées et la définition a tendance à flancher, mais ces menus accrocs restent finalement anecdotiques. Notons que le Blu-ray, une exclusivité mondiale il est important de le signaler, est proposé au format 1080i.

Son - 4,0 / 5

La version anglaise (aux sous-titres français amovibles) est proposée en DTS-HD Master Audio Stéréo. L’écoute demeure appréciable, avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. En revanche, la piste française DTS-HD Master Audio Mono, s’avère plus criarde et chuintante, misant principalement sur le report des voix au détriment des ambiances.

La main gauche du Seigneur

Crédits images : © Rimini Editions

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm