Réalisé par Dan Trachtenberg
Avec
John Goodman, Mary Elizabeth Winstead et John Gallagher Jr.
Édité par Paramount Pictures France
Une jeune femme se réveille dans une cave après un accident de voiture. Ne sachant pas comment elle a atterri dans cet endroit, elle pense tout d’abord avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui disant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure. En l’absence de certitude, elle décide de s’échapper…
Projet développé et tourné dans le plus grand secret, révélé seulement deux mois avant sa sortie dans les salles, 10 Cloverfield Lane n’est pas vraiment une suite à Cloverfield, mais plutôt un spin-off, une histoire qui se déroule - même si cela n’est pas prouvé - en parallèle des événements se déroulant à New York dans le film de Matt Reeves. Evidemment produit par J.J. Abrams via sa société Bad Robot, dans le cadre du « Clover-verse » (l’Univers de Cloverfield), 10 Cloverfield Lane possède « un lien de sang » avec Cloverfield comme l’annonce le producteur, mais impose un univers qui lui est propre, sans jamais marcher sur les plates-bandes ou faire référence au found footage (pas de filmage au caméscope parkinsonien ici) à succès sorti en 2008. Réalisé par l’inconnu Dan Trachtenberg, 10 Cloverfield Lane est un huis clos haletant, souvent virtuose, angoissant et anxiogène, porté par un fabuleux trio d’acteurs enfermés dans un bunker.
Produit avec un budget de 15 millions de dollars, ce thriller malin coécrit entre autres par Damien Chazelle, réalisateur du sensationnel Whiplash, nous agrippe dès l’introduction et nous emmène là où ne l’attend pas en déjouant constamment nos attentes. Mary Elizabeth Winstead (bad ass, talentueuse, divine), John Goodman (réellement inquiétant) et John Gallagher Jr. (placide, contrepoint humoristique) sont quasiment seuls en scène, tous les trois vraiment formidables et investis. La première est Michelle, une jeune femme qui décide de quitter son petit ami. Sur la route, elle est victime d’un grave accident de voiture. À son réveil, Michelle se retrouve enchaînée dans une cellule, sans fenêtre, une perfusion plantée dans le bras. Howard, son geôlier (John Goodman) arrive et lui explique la situation. Il l’a trouvée inconsciente, blessée et l’a ramenée chez lui, ou plutôt dans un abri souterrain qu’il a lui-même bâti. Il lui annonce que dehors, une attaque chimique a eu lieu. L’air est devenu irrespirable et mortel, probablement partout dans le monde. Ils ne sont pas seuls, Emmett (John Gallagher Jr.) a lui aussi été sauvé par Howard et trouvé refuge dans le bunker. Alors qu’ils tentent tous les trois de s’apprivoiser et d’apprendre à vivre à quelques mètres sous terre, quelques signes indiquent qu’Howard n’a peut-être pas toute sa tête et qu’il retient peut-être en réalité les deux jeunes gens prisonniers. Mais est-ce vraiment sûr ?
Magistral tour de force, 10 Cloverfield Lane est une oeuvre passionnante, maîtrisée, haletante, mais aussi hybride comme Une Nuit en enfer de Robert Rodriguez, le film change alors de registre et de ton un quart d’heure avant la fin. Ce qui a pu en décontenancer plus d’un. Essayez d’en savoir le moins possible afin de vous réserver le maximum de mystères et de surprises. Dan Trachtenberg rend hommage à quelques cinéastes qui lui sont chers, Alfred Hitchcock, Steven Spielberg, Quentin Tarantino, tout en ayant bien digéré ses références et en livrant un bel objet de cinéma de genre. Un talent prometteur.
La fin ouverte annonce clairement un troisième épisode. Si ce dernier suit les traces de 10 Cloverfield Lane nous l’accueillerons à bras ouverts.
Le test du Blu-ray de 10 Cloverfield Lane, disponible chez Paramount, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.
Nous sommes heureux de trouver un commentaire audio (vostf) du réalisateur Dan Trachtenberg et du producteur J.J. Abrams. Toutefois, les deux collaborateurs, et visiblement amis, ne cessent de se congratuler l’un l’autre. Certes quelques informations s’avèrent intéressantes, surtout quand le metteur en scène révèle ses références (Hitchcock et Spielberg surtout) ou dévoile la participation du comédien Bradley Cooper au début du film, mais le concours de louanges peut lasser sur la durée.
L’éditeur livre aussi 35 minutes de documentaire sur le tournage, divisé en 7 modules. Entièrement promotionnel, mais bien fichu, ce making of donne la parole aux comédiens, au réalisateur, aux producteurs, au compositeur, au chef décorateur, aux créateurs des effets spéciaux, à la créatrice des costumes, mais aussi au monteur, aux bruiteurs et au directeur de la photographie ! Chacun revient sur sa contribution, sur la genèse du projet 10 Cloverfield Lane, sur le casting, la création des décors, l’histoire de ce spin-off. De nombreuses images de tournage dévoilent l’envers du décor et l’ensemble n’est pas déplaisant.
10 Cloverfield Lane est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Jeff Cutter (Esther). Les volontés artistiques sont donc respectées mais entraînent quelques légers fléchissements de la définition dans les scènes les moins éclairées. Néanmoins, cela reste anecdotique, car ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale.
Dès la séquence de l’accident, l’ensemble des enceintes de la piste anglaise Dolby Atmos (testé en 5.1) est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances sont efficaces et bénéficient d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant constamment le spectateur dans l’atmosphère, avec parfois des silences angoissants dynamités ensuite par une ribambelle d’effets excellemment balancés de gauche à droite et des enceintes avant vers les arrières. Les dialogues ne manquent pas d’ardeur sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets souvent étonnants sur les séquences opportunes, à l’instar de l’acte final. Est-il utile d’évoquer la petite Dolby Digital 5.1 ? Elle assure mais n’arrive pas à la cheville de la version originale.
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