Adopte un veuf (2016) : le test complet du Blu-ray

Lorsqu’on est veuf depuis peu, il est difficile de s’habituer à sa nouvelle vie… C’est le cas d’Hubert Jacquin, qui passe le plus clair de son temps dans son immense appartement à déprimer devant sa télé. Un beau jour, suite à un quiproquo, sa vie va être bouleversée.
Manuela, une jeune et pétillante baroudeuse à la recherche d’un logement s’invite chez lui ! D’abord réticent, Hubert va vite s’habituer à la présence de cette tempête d’énergie, qui parvient même à le convaincre de loger deux autres personnes. Entre les errements de Paul-Gérard que sa femme a quitté et les gardes à l’hôpital de Marion la jeune infirmière un peu coincée, la vie en colocation va réserver à Hubert de nombreuses surprises…

Le réalisateur François Desagnat est le fils du cinéaste et scénariste Jean-Pierre Desagnat, à qui l’on doit Pas de roses pour O.S.S. 117 (1968) et le mythique (pour certains) Les Charlots contre Dracula (1980). Il est aussi le frère de Vincent Desagnat, le fameux compère de Michaël Youn dans le Morning Live. C’est d’ailleurs grâce à ces derniers qu’il signe son premier long métrage en 2003, avec Thomas Sorriaux à la coréalisation, La Beuze, gros succès dans les salles et porté par le buzz (cela ne s’écrit pas pareil que le titre) de l’émission « qui réveille tes voisins ». Un an après, il refait équipe avec les mêmes trublions pour Les 11 Commandements, une sorte de version française de Jackass. 3 millions d’entrées au compteur ! Ses deux longs métrages suivants, 15 ans et demi (2008) et Le Jeu de la vérité (2014) n’auront pas les faveurs du public. François Desagnat revient donc avec Adopte un veuf, produit et écrit par Jérôme Corcos (L’Outsider) et Catherine Diament.

Cette comédie dans l’air du temps repose avant tout sur l’alchimie évidente des quatre comédiens, André Dussollier, 70 ans et un jeu aussi frais, si ce n’est plus que ses partenaires, Bérengère Krief, Marie-Anne Chazel version 2016, Julia Piaton, excellente et qui s’affranchit une fois de plus des références faites à sa mère Charlotte de Turckheim, et Arnaud Ducret (Les Profs, Parents mode d’emploi), drôle et touchant, dont le sens comique est enfin mis en valeur. N’oublions pas les participations des excellents Nicolas Marié et Blanche Gardin, toujours aussi géniaux. A travers cette histoire de colocation improbable entre un récent veuf, une jeune étudiante, une infirmière débutante et timide, et un avocat maladroit en instance de divorce, Adopte un veuf joue la carte de la famille recomposée où chacun va se reconstruire au contact des autres. Si Hubert (Dussollier) voit son quotidien (morne) complètement chamboulé par ces nouveaux venus, il saura retrouver le sourire et le goût de vivre, d’autant plus qu’il n’a jamais eu d’enfants et vivra cette situation comme une paternité par procuration.

Après Le Jeu de la vérité, Adopte un veuf est le second film que François Desagnat met en scène seul et s’en sort très bien. Si l’action se déroule essentiellement dans l’appartement principal, évidemment très spacieux et bourgeois, le film n’est jamais étouffant ou théâtral (même si on imagine l’adaptation sur scène) grâce à la mise en scène dynamique, calquée sur l’énergie des comédiens. Les dialogues sont soignés, l’équilibre entre les scènes comiques et dramatiques est solide. Les personnages sont vite attachants et on jubile de voir André Dussollier revenir à la comédie pure, dans un rôle finalement proche de celui qu’il tenait dans 3 hommes et un couffin, comme si on retrouvait son personnage trente ans après, seul et déprimé. Mais chacun tire agréablement son épingle du jeu, sans tirer la couverture, avec un sens du rythme et de la comédie du début à la fin, sans omettre l’émotion.

Certes, quelques éléments s’avèrent moins réussis, comme le passage avec le jeune en attente d’une greffe du coeur, mais Adopte un veuf offre un très bon et léger moment de détente, plébiscité d’ailleurs par un million de spectateurs à sa sortie.

Le test du Blu-ray d’Adopte un veuf, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur quelques extraits du film. Le visuel de la jaquette reprend quant à lui celui de l’affiche du film.

Suite au joli succès d’Adopte un veuf dans les salles (1 078 354 d’entrées pour être exact), l’éditeur a voulu marquer le coup pour sa sortie dans les bacs, avec de bons et conséquents suppléments.

On commence par un très bon commentaire audio du réalisateur François Desagnat, accompagné par le producteur et scénariste Jérôme Corcos. Dynamique, enjoué, intéressant et regorgeant d’anecdotes de tournage, ce commentaire est un très bon moment, d’autant plus que le metteur en scène revient également sur quelques séquences qu’il juge plutôt décevantes par rapport à ce qu’il avait pu imaginer au moment des prises de vues.

Scène « obligatoire » du film, le casting des colocataires (12’) est proposé dans son intégralité pour chaque participant, autrement dit l’étudiante écolo, le déprimé, le candidat « famille nombreuse », la coloc dépressive et la libertine australienne (Camille Solal). On remarque au clap que le titre provisoire du film était « Logement partagé ».

Diverses scènes coupées (6’) viennent également garnir cette section, mais elles ne proposent qu’un intérêt très limité présentées ainsi, sans explication quant à leur éviction. Il faudra pour cela se tourner vers le commentaire audio du film, durant lequel François Desagnat y revient plus clairement.

Le making of (24’) est suffisamment complet et donne un bel aperçu de l’ambiance du tournage. Les comédiens, les producteurs et le réalisateur interviennent également lors d’interviews promotionnelles, mais qui s’avèrent détendues et intéressantes, surtout quand le profil des personnages est abordé. Quelques images montrent également les répétitions, essais et lectures de l’équipe une semaine avant le tournage.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier contagieux (8’).

L’apport HD pour Adopte un veuf peut d’abord paraître limité. Mais c’était sans compter sur les quelques séquences en extérieur donnant un peu d’air à l’ensemble. Le relief est indiscutable, la texture flatteuse et la colorimétrie pimpante. Après, il est vrai que l’action se situe essentiellement dans l’appartement et qu’aucune profondeur de champ n’est révélée. Mais le cinéaste a opté pour le cadre large et le spectateur aura l’impression d’être plongé au beau milieu de cette colocation. Notons toutefois un encodage AVC un peu feignant qui consolide l’ensemble comme il le peut mais qui donne à la photo un aspect parfois légèrement voilé et flou qui dénature sensiblement le piqué.

Adopte un veuf repose sur les dialogues. Comme les 3/4 du film se déroulent dans l’appartement parisien, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 laisse reposer les latérales, tandis que la centrale à fort à faire. Mais comme pour l’image, les séquences en extérieur comme la folle nuit d’Hubert et de Manuela bénéficient d’une ampleur musicale immersive. Les enceintes arrière se réveillent momentanément avec des effets efficaces et des ambiances solides. La piste Stéréo est tout aussi pointilleuse en ce qui concerne la délivrance des dialogues mais nous y perdons du point de vue spatialisation musicale. Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © M6 Vidéo