Le Médaillon (1946) : le test complet du DVD

Nancy Patton semble être la parfaite fiancée pour John Willis. Quelques temps avant leur mariage, Willis reçoit la visite du docteur Harry Blair et ce dernier lui explique qu’il a été marié à Nancy pendant cinq ans. Menteuse, kleptomane et sans doute pire : Blair dépeint un portrait surprenant de la jeune femme, hantée par le souvenir d’un médaillon qui aurait réveillé sa frustration.

Réalisateur d’origine allemande, John Brahm demeure l’un des cinéastes les plus en vue des années 1930-1940 à Hollywood grâce à des classiques comme L’Appel du Nord avec Henry Fonda (1941), Jack l’Eventreur avec George Sanders (1944) et surtout Le Médaillon, réalisé en 1946, chef-d’oeuvre à réhabiliter de toute urgence.

Au cours d’une réception donnée en l’honneur de sa future femme Nancy, John reçoit la visite impromptue du Docteur Blair qui lui révèle que Nancy a été son épouse et qu’elle souffre de troubles psychiques. A travers plusieurs flashbacks imbriqués comme des matriochkas, Le Médaillon dresse le portrait d’une femme loin d’être aussi angélique que sa fascinante beauté ne le laisse présager. Menteuse, kleptomane, manipulatrice, névrosée en raison d’un trauma subi pendant l’enfance, régression, cela ne vous rappelle pas la Marnie d’Alfred Hitchcock ? Le film de John Brahm s’impose comme un joyau du film noir portant sur la psyché perturbée d’une femme, à l’instar du personnage principal de La Maison du docteur Edwardes mis en scène en 1945 par Alfred Hitchcock, comme quoi tout se recoupe…

Cette histoire tortueuse et labyrinthique passant d’un point de vue à l’autre est admirable. Magnifiquement interprété par Laraine Day (mante religieuse et femme fatale ambiguë à souhait), Brian Aherne (La Loi du silence) et le débutant Robert Mitchum, révélé l’année précédente dans Les Forçats de la gloire de William A. Wellman, Le Médaillon porte encore les stigmates formels du Citizen Kane et de La Splendeur des Amberson d’Orson Welles : contre-plongées, profondeur des décors, lumières contrastées, récit ambitieux et complexe, renvoyant à la paranoïa qui s’empare des personnages au fil de l’histoire.

Luxueuse, troublante, captivante et virtuose production, Le Médaillon est un film incontournable du cinéma hollywoodien des années 1940. A voir absolument.

Le DVD est logé dans un boitier slim caractéristique de la belle collection RKO (au numéro 131) chère aux Editions Montparnasse. Après la courte présentation du film par Serge Bromberg, le menu principal est fixe et muet.

Producteur, réalisateur, directeur artistique, animateur de télévision et directeur de collection, Serge Bromberg intervient sur de nombreux titres de la collection RKO. En quelques minutes, notre interlocuteur replace Le Médaillon dans la filmographie de John Brahm, évoque les débuts de Robert Mitchum (révélé l’année d’avant), tout en analysant la forme et les partis pris esthétiques du film.

Les Editions Montparnasse livrent un très beau master 1.33 du Médaillon. La propreté de la copie est impressionnante, la clarté est de mise, le N&B est riche avec des noirs denses et des blancs lumineux, sans oublier une large palette de gris qui flattent constamment la rétine. Si quelques points, tâches et raccords de montage sont passés à travers les mailles de la restauration, l’image demeure stable, le grain cinéma flatteur, les contrastes concis, les fondus enchaînés sont équilibrés et le relief des textures est indéniable.

Seule la version originale comprenant des sous-titres français (amovibles) de couleur jaune est disponible. Hormis quelques fluctuations, la piste mono demeure intelligible, les dialogues sont clairs, la musique bien présente. Le souffle est limité, tout comme les saturations, et le confort acoustique est assuré.

Crédits images : © Editions Montparnasse