Dead Man Talking (2012) : le test complet du DVD

Réalisé par Patrick Ridremont
Avec Patrick Ridremont, François Berléand et Virginie Efira

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 17/10/2013
Critique

20 h. Une prison quelque part. William Lamers est condamné à mort. La loi ne précisant pas la longueur de sa dernière déclaration, il va profiter de ce vide juridique pour dérouler le fil de sa vie afin d’échapper à la sentence. Son exécution qui ne devait être qu’une formalité va alors devenir le plus incroyable des enjeux politique et médiatique.

Le cinéma belge a encore frappé ! Dead Man Talking est un nouvel objet filmique non identifié venu du Plat Pays, coécrit et réalisé par Patrick Ridremont, animateur, comédien et voix très célèbre outre-Quiévrain. Ce premier film inclassable interprété par le metteur en scène lui-même dans le rôle-titre, mais aussi par Virginie Efira (impitoyable directrice de communication), les explosifs François Berléand (directeur de prison dépassé par ce qui se passe chez lui) et Jean-Luc Couchard (politicien largué), ainsi que par le superbe Christian Marin dans son dernier rôle, celui de l’aumônier un peu hurluberlu et souvent bouleversant, impressionne par sa relecture moderne du conte des Mille et Une Nuits croisée avec les affres de la téléréalité, prête à s’emparer du moindre sujet susceptible de faire de l’audimat ou pour aider un politicien à obtenir des voix.

Avec ses décors soignés, sa photo stylisée, son cadre recherché et sa mise en scène sans cesse inspirée et appliquée, Dead Man Talking, référence évidente au Dead Man Walking - La Dernière marche de Tim Robbins, met en scène un homme, condamné pour homicides, littéralement cloué sur la table du bourreau (en forme de croix bien sûr) d’une prison désaffectée située dans un pays indéterminé, qui se met à raconter toute sa vie, la mort de son frère, une mère violente, un père disparu trop tôt, les chemins pris sur la route de la violence, tout cela en retardant puis en ajournant sans cesse l’envoi du poison, chaque soir, de 20h à minuit. Événement retransmis à la télévision, les disciples de ce Christ moderne ou équivalent masculin de Shéhérazade c’est selon, se multiplient, sont tenus en haleine comme dans le chef d’oeuvre de Peter Weir, The Truman Show. Alors mourra ? Ne mourra pas ? Le sort de ce criminel est entre les mains de députés, de producteurs de télévisions, de conseillers juridiques.

C’est sur ce postulat ingénieux et cynique que repose Dead Man Talking, ainsi que sur la folie des personnages renvoyant parfois au cinéma des frères Coen. Le malaise s’installe souvent puisque le miroir tendu par Patrick Ridremont ne cesse de refléter notre société sous la forme d’une fable corrosive, drôle et émouvante. Un coup d’essai qui se révèle être un petit coup de maître.

Présentation - 3,0 / 5

L’éditeur aurait dû reprendre le visuel de l’affiche du film, plutôt que de nous livrer une jaquette affreuse et peu attractive. La sérigraphie du disque est néanmoins élégante. Le menu principal, animé sur une des séquences du film, est un peu long à se mettre en route.

Bonus - 3,0 / 5

Cette section se compose d’entretiens avec Patrick Ridremont (9’), Virginie Efira (5’) et François Berléand (3’). Chacun s’exprime sur les partis pris esthétiques du film, l’histoire, les influences, les personnages.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier (4’) et la bande-annonce.

Image - 4,0 / 5

La photo ambitieuse du chef opérateur Danny Elsen aurait certes mérité une édition HD, mais trouve en DVD un écrin suffisant, restituant les incroyables partis pris esthétiques originaux. Le cadre large est détaillé à souhait, le piqué acéré, la colorimétrie singulière respectée et les contrastes à l’avenant. La clarté de certaines séquences, notamment les flashbacks, est étincelante et les gros plans précis et minutieux.

Son - 4,0 / 5

En Stéréo ou en Dolby Digital 5.1, le confort acoustique est largement assuré. Privilégiez cette dernière car la spatialisation musicale est plutôt bluffante, les basses assurées, la délivrance des dialogues solide et les effets annexes probants. Par définition, la Stéréo est plus frontale mais sait créer un espace phonique large et suffisant pour ceux qui ne seraient pas équipés sur les latérales.

Crédits images : © ARTE Vidéo

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm