Les Deux amis (2015) : le test complet du DVD

Clément, figurant de cinéma, est fou amoureux de Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord. Mais Mona a un secret, qui la rend insaisissable. Quand Clément désespère d’obtenir ses faveurs, son seul et meilleur ami, Abel, vient l’aider. Ensemble, les deux amis se lancent dans la conquête de Mona.

Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Louis Garrel, né en 1983, signe un vrai petit bijou et sans doute le film français le plus romanesque de 2015. Les Deux amis est l’adaptation contemporaine de la pièce de théâtre Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset. Pour ce coup d’essai, Louis Garrel transpose également son court-métrage La Règle de trois, Prix Jean Vigo du Court Métrage en 2012, dans lequel nous pouvions déjà retrouver le trio vedette, à savoir Vincent Macaigne, Golshifteh Farahani et Louis Garrel lui-même. Avant cela, ce dernier avait également mis en scène son premier court métrage en 2008, Mes copains.

Si l’on pense à La Belle personne, adaptation libre du roman La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, réalisé en 2008 par Christophe Honoré, il n’est pas étonnant de retrouver le metteur en scène des Les Chansons d’amour et Dans Paris, au scénario des Deux amis. La griffe Honoré, avec qui Garrel a tourné six fois, se ressent constamment.

Entre comédie parfois teintée de burlesque, film romantique et drame contemporain, Les Deux amis subjugue du début à la fin grâce à l’alchimie des trois têtes d’affiche, à la poésie des dialogues, à cette sensibilité à fleur de peau qui nous prend aux tripes dès les premières séquences. Le plus inattendu des Deux amis est son mélange des tons, notamment un humour «  populaire  » ouvertement influencé par Marche à l’ombre de Michel Blanc avec son histoire d’amitié mouvementée, ce qui prouvera à ses détracteurs que Louis Garrel sait rire, y compris de lui-même.

Ce qui demeure après coup de ce triangle amoureux, lorgnant parfois du côté du cinéma de Claude Sautet et plus particulièrement de César et Rosalie, c’est aussi et surtout la beauté et l’intensité de la magnifique Golshifteh Farahani, dont la séquence du pétage de plomb sur un quai de gare, ainsi que la danse dans le bar, risquent de marquer les mémoires des spectateurs. Evidemment, n’oublions pas le troisième comparse, Vincent Macaigne, dont chaque apparition au cinéma confirme sa préciosité.

Sur un rythme vif et portée par une sublime composition signée Philippe Sarde (grand collaborateur de Claude Sautet d’ailleurs), Louis Garrel signe donc une première oeuvre subjuguante, délicate, tendre, aux répliques enlevées qui font mouche, une histoire de jalousie et de désir maîtrisée autant dans le fond que dans sa forme avec notamment de superbes scènes de nuit. Voilà un premier film séduisant, élégant et surtout très prometteur.

Le test du DVD des Deux amis, édité par Ad Vitam, a été réalisé sur un check-disc. Le visuel de la jaquette semble reprendre celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Un petit reportage de cinq minutes donne un aperçu du tournage. Quelques interviews des comédiens et de la productrice Anne-Dominique Toussaint permettent d’en savoir un peu plus sur la genèse du film et sur les rapports entre les personnages.

A l’origine des Deux amis, il y a le court-métrage intitulé La Règle de trois (18’), réalisé par Louis Garrel en 2012, avec Vincent Macaigne, Golshifteh Farahani et Louis Garrel lui-même. Un mardi qui se lève. Paris. Des rues calmes. Un parc pour les enfants et les chiens. Un soleil de printemps. Louis est prêt à prendre soin de Vincent, mais exige que Marie prenne soin d’elle toute seule. Il oublie que, pour Marie, il s’agit d’autre chose. Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, dit-on. Un après-midi à trois et, en fin de journée, une pensée commune : à quoi ça sert si je suis seul ?

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Ad Vitam nous a concocté un très beau master des Deux amis. La colorimétrie est habilement restituée, la clarté est de mise, le cadre bien exploité. On excuse de sensibles pertes de la définition sur certains plans, dénaturant quelque peu le piqué, puisque la copie demeure solide et permet de revoir le film de Louis Garrel dans d’excellentes qualités techniques.

Le confort acoustique est largement assuré grâce au mixage Dolby Digital 5.1. La musique bénéficie d’une très belle spatialisation, les dialogues solidement plantés sur la centrale et la balance frontale fluide et limpide. Les plages de silence sont impressionnantes, les ambiances naturelles ne sont pas oubliées et les effets annexes sont omniprésents. La piste stéréo est également de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes latérales.

L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Ad Vitam