Much Loved (2015) : le test complet du DVD

Réalisé par Nabil Ayouch
Avec Loubna Abidar, Asmaa Lazrak et Halima Karaouane

Édité par Pyramide Vidéo

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Le 17/02/2016
Critique

Much Loved

Marrakech, aujourd’hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d’amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.

Aussi puissant et complexe, mais toujours limpide, sans concessions, avec ses dialogues percutants, une mise en scène constamment inspirée et même empreinte de lyrisme, une violence sèche, une interprétation sensationnelle de réalisme qui fait froid dans le dos, l’oeuvre de Nabil Ayouch (Whatever Lola Wants) est essentielle, foudroyante et brûlante d’actualité. Trois ans après le formidable Les Chevaux de Dieu, le cinéaste a voulu se pencher sur le rôle des prostituées dans la société marocaine avec Much Loved, Zin li fik en version originale, qui signifie «  la beauté qui est en toi  ».

Selon lui «  les prostituées servent de catalyseur à la frustration de certaines sociétés. Les habitudes, la contrainte et l’hypocrisie sociales font que, lorsqu’on est en situation d’aimer, on nous refuse l’espace nécessaire pour apprendre. Car aimer s’apprend, c’est un sentiment qui doit être encouragé, pas contredit. (…) La femme se retrouve alors considérée comme un ventre, une personne qui est là pour s’occuper des hommes et élever des enfants, mais pas comme une compagne  ». Interpellé par ce sujet, Nabil Ayouch s’est documenté sur le monde des prostituées pour Much Loved et a rencontré - pendant plus d’un an - entre 200 et 300 femmes qui ont bien voulu se confier à lui alors qu’il pensait avoir du mal à obtenir d’elles quelques informations. Elles ont bien voulu lui confier leur vie, leur solitude, leurs blessures, comment elles en étaient arrivées là, comment elles se voyaient. Comme l’indique le cinéaste, «  ces filles sont des guerrières, des amazones des temps modernes  ».

Plutôt qu’un documentaire, Nabil Ayouch a recueilli ces témoignages pour une fiction, naturaliste, dans le but d’approcher au plus près ces femmes et capter quelques instants de leur vie. Plus qu’un film sur la prostitution, Much Loved dresse avant tout le portrait de quatre femmes. A l’instar des Chevaux de Dieu, le metteur en scène ne cherche aucunement à imposer un point de vue, mais seulement montrer la réalité en laissant le spectateur se faire sa propre opinion, en adoptant le point de vue de ses protagonistes. Nabil Ayouch se défend d’être un moralisateur, ne souhaite pas condamner, exercer un jugement de valeur, mais lever le voile sur cette économie.

Much Loved

Much Loved repose sur l’incroyable performance des comédiennes, non professionnelles, magnétiques, qui habitaient alors proches des quartiers des milieux de la prostitution. Incitées à improviser sur le tournage, pour les dialogues notamment, elles s’avèrent exceptionnelles, en particulier Loubna Abidar. Chacune se livre et se dévoile sans fards, sans misérabilisme. Noir, parfois cruel, mais aussi doux et sensible avec quelques notes d’humour, Much loved prend aux tripes du début à la fin et ces personnages tragiques, humains donc, même si elles ne sont pas des «  victimes  » puisqu’elles demeurent maîtresses de leur situation et de leur destin, ne reçoivent que mépris, jugement et humiliation.

A côté de cela, Nabil Ayouch montre des femmes également qui dominent les hommes dans leurs foyers malgré les inégalités entre les deux sexes. Des femmes habitées par un omniprésent sentiment de liberté. A sa sortie, Much Loved a subi les foudres de la censure au Maroc, où le film a été purement simplement interdit d’exploitation - sans passer par la commission de classification marocaine - pour «  incitation à la prostitution, outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l’image du royaume  ». Après avoir reçu plusieurs menaces de mort de la part d’extrémistes, la comédienne Loubna Abidar a été violemment agressée à Casablanca en novembre 2015, quelques mois après la présentation du film à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2015. En dépit d’une musique trop présente de Mike Kourtzer, Much Loved n’a pas fini d’engranger le débat et de marquer les mémoires.

Much Loved

Présentation - 4,0 / 5

Le test du DVD de Much Loved a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est très beau, animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

Le making of (28’) est très complet et nous plonge au coeur de la préparation du tournage et des répétitions avec les comédiennes. Au fil des témoignages de toute l’équipe sur le plateau, le travail de Nabil Ayouch se dévoile.

Nous retrouvons ce dernier dans une interview (26’) durant laquelle le réalisateur revient sur l’intense travail de documentation préalable au tournage, les rencontres faites avec des prostituées, l’importance à ses yeux de leur donner la parole, le choc ressenti face à la polémique et la reconnaissance de ces femmes : «  On était invisibles. Maintenant on existe.  »

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Much Loved

Image - 4,0 / 5

Pyramide Vidéo livre un joli master de Much Loved, restituant habilement la photographie élégante du film signée Virginie Surdej. La directrice de la photographie privilégie les teintes chaudes et naturelles, la clarté reste de mise, le relief est agréable et les détails précis. Les contrastes sont légers, les séquences sombres sont aussi fluides et définies que les scènes diurnes, le piqué est suffisamment vif, les noirs denses et l’encodage demeure solide jusqu’à la fin malgré quelques scènes plus ternes.

Son - 4,0 / 5

Le mixage original Dolby Digital 5.1 est immédiatement immersif et permet au spectateur de plonger dans le monde de la nuit de Marrakech avec une musique omniprésente sur les enceintes latérales. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, la balance frontale est constamment soutenue, la composition spatialisée de bout en bout et même le caisson de basses s’invite parfois à la partie. La piste Stéréo devrait satisfaire ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes arrière.

Notons que l’éditeur joint également une version française inédite, disponible en Dolby Digital 5.1.

Much Loved

Crédits images : © Virginie Surd/Pyramide

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
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Franck Brissard
Le 2 mars 2016
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