La Vengeance de l'indien (1956) : le test complet du DVD

Reprisal!

Édition Spéciale

Réalisé par George Sherman
Avec Guy Madison, Felicia Farr et Michael Pate

Édité par Sidonis Calysta

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Le 30/05/2016
Critique

Sidonis Calysta

À peine arrivé à Kendall, Oklahoma, où il s’établit dans le ranch qu’il vient d’acheter, Frank Madden découvre une ville en pleine effervescence, divisée par le procès des frères Shipley. Coupables du lynchage de deux Indiens, les Shipley sont pourtant acquittés. Des voisins dangereux pour Madden qui, bien que se refusant à prendre parti, fait bientôt d’eux des ennemis mortels. L’un des frères tué, il est immédiatement accusé, jeté en prison. À tous, il continue néanmoins de dissimuler ses origines, mi-indiennes, mi-blanches. Mais, cette fois, pour mieux se battre contre la haine, Madden devra révéler à tous sa véritable identité…

Adapté du roman d’Arthur Gordon, La Vengeance de l’indien (ou Le Sang de l’indien, Représailles !) est un western sombre, atypique, engagé et mélancolique à réhabiliter de toute urgence. Réalisateur prolifique et éclectique, George Sherman demeure célèbre pour ses histoires du grand Ouest américain, genre avec lequel il se fait la main au début de sa carrière à la fin des années 1930. Le western prend alors de l’ampleur et Sherman parvient à mettre en scène une dizaine de films par an jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Au milieu des années 50, le western est à son apogée et pléthore de cinéastes de renom s’y adonnent. Bien qu’inégal, George Sherman a toujours oeuvré comme un artisan perfectionniste, aimant mettre en valeur ses comédiens. Toujours soucieux de respecter une bonne histoire proposée, le cinéaste, considéré à juste titre comme un maître du genre, sait alors qu’il possède un script en béton avec La Vengeance de l’indien.

Sidonis Calysta

Dans le rôle de Frank Madden alias Neola, Guy Madison (La Charge des tuniques bleues d’Anthony Mann) signe ici une de ses prestations les plus célèbres. Même si le comédien paraît parfois limité dans son jeu d’acteur, Guy Madison s’en tire fort honorablement et parvient à nous faire croire à son personnage à moitié indien. A ses côtés, Felicia Farr (3h10 pour Yuma, Tuez Charley Varrick !) impose un personnage de femme forte et élève le jeu de son partenaire. Ce superbe western mis en scène en 1956 n’a rien à envier aux grands classiques et chefs d’oeuvre plus reconnus, d’autant plus qu’il se positionne ouvertement pour la cause indienne à l’instar de La Flèche brisée de Delmer Daves, sorti cinq ans plus tôt.

Dans Reprisal !, les cowboys sont montrés comme des êtres sauvages, portés sur la boisson, qui n’hésitent pas à faire justice eux-mêmes illégalement. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une parodie de tribunal constitué dans un saloon d’une petite ville de l’Oklahoma, où tous les habitants sont regroupés. Trois hommes, trois frères sont accusés d’avoir lynché deux indiens. Les membres du jury ne regardent pas ce qui se déroule en face d’eux et n’écoutent même pas la plaidoirie. Certains passent le temps en faisant des noeuds à une corde, un autre taille un bout de bois. Peu importe puisqu’ils n’auront même pas besoin de délibérer, les accusés sont innocents. C’est à ce moment précis que Frank Madden arrive en ville pour prendre possession de quelques terres et d’un ranch récemment achetés. Devant l’hostilité et la violence physique réservées aux indiens, Frank Madden préfère cacher ses origines : il est lui-même à moitié indien et s’appelle Niola. Reniant son sang mêlé, il préfère se fondre dans la masse pour se consacrer à sa nouvelle vie. Mais c’était sans compter son grand-père qui va le mettre face à lui-même. Nous pourrions en dire encore plus, mais nous vous laissons le soin de découvrir cette pépite du genre, plutôt que de tout vous dévoiler.

Magistralement réalisé, cadré et monté, La Vengeance de l’indien est un film très court (1h10) mais dense, complexe, passionnant qui mérite amplement d’être redécouvert.

Sidonis Calysta

Présentation - 3,5 / 5

Le test du DVD de La Vengeance de l’indien, édité chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

C’est un rendez-vous incontournable et c’est aussi un immense plaisir de retrouver Patrick Brion (9’) et Bertrand Tavernier (21’) parler du cinéma qu’ils aiment avec une passion contagieuse. Les propos de ces deux immenses intervenants parviennent à se compléter sans être redondants, ou très peu. Ainsi, chacun replace le film de George Sherman dans son contexte, évoque la carrière du réalisateur, le casting, les partis pris, les thèmes abordés. Patrick Brion parle des grands westerns de l’année 1956 et souhaite réhabiliter le cinéaste, tandis que Bertrand Tavernier se montre plus mitigé quant à l’interprétation de Guy Madison, qu’il trouve peu charismatique et limité en tant qu’acteur.

Une galerie de photos est également disponible.

Sidonis Calysta

Image - 4,0 / 5

Ce master restauré au format respecté 1.33 (bien que le film ait été diffusé en 1.85 au cinéma) de La Vengeance de l’indien est on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, la colorimétrie retrouve un superbe éclat (voir le rouge des credits en ouverture), surtout sur les lumineuses séquences diurnes. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Même si certaines séquences semblent clignoter avec un étalonnage qui change plusieurs fois au cours d’une même séquence, les noirs et les contrastes affichent une nouvelle densité et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Ajoutez à cela un grain d’origine respecté, un cadre fourmillant de détails et vous obtenez une très belle copie qui participe à la redécouverte de ce bijou du western. Nos amis de chez Sidonis gagneraient à éditer La Vengeance de l’indien en Haute-Définition !

Sidonis Calysta

Son - 4,0 / 5

En anglais comme en français, les mixages s’avèrent propres, dynamiques et restituent solidement les voix, fluides, sans souffle. Le confort acoustique est largement assuré, même si de nombreuses ambiances peuvent manquer sur la piste française. Les sous-titres sont imposés sur la version originale et le changement de langue impossible à la volée.

Sidonis Calysta

Crédits images : ©

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm