Matalo (1970) : le test complet du DVD

¡Mátalo!

Réalisé par Cesare Canevari
Avec Lou Castel, Corrado Pani et Antonio Salines

Édité par Artus Films

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Le 11/04/2016
Critique

Matalo

Deux bandits sauvent un de leurs amis de la potence et se réfugient dans une ville fantôme. Rejoints par un quatrième larron, ils préparent l’attaque d’une diligence transportant de l’or. Leur plan pourrait se dérouler sans encombre, mais l’arrivée d’une vieille femme, d’un étranger maniant le boomerang, et d’une jeune veuve va venir tout chambouler.

Il n’existe que deux hommes bons : le premier est mort, le second n’est pas encore né.

Un an après Le Spécialiste, de Sergio Corbucci, on retrouve ses quatre hippies dans le film de Cesare Canevari (Moi, Emmanuelle, Des filles pour le bourreau). Western européen atypique, Matalo est un mélange étonnant explosif et psychédélique. Très loin des partitions d’Ennio Morricone, la bande-son lâche les guitares saturées, appuyant sans relâche une mise en scène électrique et survoltée. Bienvenue dans le monde de Matalo, ou ¡Mátalo! comme le titre était écrit sur l’affiche du film. Un western-opéra rock-thriller considéré à juste titre comme l’un des films de genre (mais lequel en fait ? ) les plus originaux jamais produits au cinéma !

Quasi-muet, violent (on pense étrangement à Orange mécanique), drôle, Matalo est surtout un film inclassable, expérimental, surréaliste, un véritable OVNI qui sort d’on ne sait où, qui veut dire on ne sait quoi, mais qui laisse une empreinte indélébile dans la cinéphilie de celui ou celle qui le découvrira. Festival de tronches, notamment celle de Corrado Pani, qui n’est pas sans rappeler Klaus Kinski, Matalo agrippe le spectateur dès la première séquence quand retentit les riffs de guitare électrique du compositeur Mario Migliardi, dont la carrière au cinéma fut quasi-éphémère. Et c’est parti pour 1h30 de séquences tout aussi hallucinatoires et barrées les unes que les autres jusqu’au final invraisemblable qui voit le personnage interprété par Lou Castel se défendre à coups de lancés de boomerang ! Il faut d’ailleurs un certain temps d’adaptation pour véritablement rentrer dans ce film atypique même jusque dans les costumes baba cools avec les vestes en peau de biquette et le bandana dans les cheveux.

Matalo est LE film de Cesare Canevari. Le cinéaste a repris l’histoire de Dieu ne paie pas le samedi (Dio non paga il sabato), réalisé en 1967 par Amerigo Anton aka Tanio Boccia, et l’a débarrassé de la quasi-entièreté de ses dialogues pour se consacrer essentiellement sur le cadre avec ses angles de vue improbables, le jeu des comédiens (halluciné), le montage (avec ruptures et même des arrêts sur image), le son (parfois strident) et sa mise en scène complètement dingue.

Du sauvetage de la potence, jusqu’au refuge dans la ville abandonnée (ambiance gothique à souhait) en passant par l’attaque de la diligence, l’arrivée d’un étranger qui ne paye pas de mine et celle d’une veuve, tout est culte et s’enchaîne sur un rythme vif. Matalo reste et restera une véritable et souvent fascinante curiosité, un des films les plus singuliers que vous pourrez voir dans votre vie.

Matalo

Présentation - 4,5 / 5

Le DVD de Matalo, édité chez Artus Films, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette, sobrement estampillée Western Européen est très attractive avec un visuel chiadé du plus bel effet. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 4,0 / 5

C’est devenu un rendez-vous immanquable car nous retrouvons en guise de supplément, une enrichissante présentation du film (29’) par Alain Petit. Cet habitué et expert du cinéma de genre évoque la production de Matalo, les débuts de la fin du western européen, le casting, le réalisateur, la singularité du film, la musique, les costumes, tout !

L’interactivité se compose également d’un documentaire intitulé Rouge Western (54’) réalisé en 2007 par Eric Cherrière et Claude Ledu, consacré à la figure de «  L’Homme sans nom  » apparu au cinéma dans [PROGRAM(our_poignee_de_dollars)] de Sergio Leone en 1964. Si le fait de faire parler «  L’Homme sans sans nom  » à la première personne et de le faire jouer par un comédien qui déambule dans quelques villes modernes à la recherche de ceux qui lui ont «  donné la vie  » agace un peu, nous apprécions de retrouver quelques figures du genre, comédiens, scénaristes et réalisateurs, qui ont contribué à faire la renommée du western européen.

Cette section se clôt sur un diaporama de photos et d’affiches d’époque et de plusieurs bandes-annonces. 



Matalo

Image - 4,0 / 5

Ce master restauré édité par Artus Films est flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, la colorimétrie retrouve un certain éclat, surtout sur les séquences diurnes. La restauration est indéniable, même si quelques rares points, plans flous et fourmillements demeurent constatables en raison des partis pris originaux avec des zooms très fréquents. Mais ces couacs s’avèrent anecdotiques. Si certaines séquences sont plus altérées, les noirs et les contrastes affichent une nouvelle densité. Ajoutez à cela un grain d’origine respecté, un cadre joliment détaillé et vous obtenez une très belle copie qui participe à la redécouverte de ce bijou du western transalpin.

Son - 3,5 / 5

L’éditeur propose les versions italienne et française dans un Mono original. Cette dernière bénéficie d’un doublage old-school très réussi, même si le report des voix apparaît plus étouffé qu’en version originale. Sur les deux pistes, les effets annexes sont ardents, surtout sur les séquences d’affrontements avec les rafales, mais la piste italienne surpasse son homologue du point de vue ardeur.

Matalo

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 11 avril 2016
Du sauvetage de la potence, jusqu’au refuge dans la ville abandonnée (ambiance gothique à souhait) en passant par l’attaque de la diligence, l’arrivée d’un étranger qui ne paye pas de mine et celle d’une veuve, tout est culte et s’enchaîne sur un rythme vif. Matalo reste et restera une véritable et souvent fascinante curiosité, un des films les plus singuliers que vous pourrez voir dans votre vie.

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