DOSSIER DECLIC - Entretien avec Cédric Littardi
Le directeur artistique de Déclic Images s’exprime sur les choix éditoriaux du label, la double casquette Déclic/Kaze et sur tout ce qui précède la sortie des anime en DVD
- Dans sa politique DVD, Déclic s’est orientée jusqu’aujourd’hui sur le
pur SF/science-fantasy (Blue Seed, El-Hazard..) ou sur les séries de notre
enfance (Cobra, Mondes engloutis..). NieA_7 donne en revanche l’impression
que vous essayez de sortir du « moulage », pour diversifier votre audience et
vos produits. Est-ce le cas ?
La politique de Déclic Images s’est au départ divisée en deux pôles :
- Les séries « tous publics » de notre enfance.
- Les séries inédites pour jeunes adultes.
Or, il se trouve que dans ce domaine, une grosse majorité de la production
est de SF/Fantasy. Y compris NieA_7. Partant de ce principe, le sorties
sont plutôt liés à ce qui est publié au Japon de bien et de neuf destiné à
ce genre d’audience.
- Tenez-vous compte de la « core audience » des VHS, ou les acheteurs de DVD
ont-ils un profil et des goûts différents ?
Le marché spécialisé pour jeunes adultes est tout simplement en train de
passer de la VHS vers le DVD. Nous sommes face à une clientèle exigeante en
termes de qualité, et très équipée technologiquement. En revanche, la
clientèle des séries « classiques » est encore beaucoup plus tournée vers le
VHS. En tout état de cause, les enfants seront les derniers à se mettre aux
DVD : d’une part, parce qu’ils ont moins de référents qualitatifs (bien que
dans certains cas ils soient étonnants), de l’autre, parce qu’ils bénéficient
souvent dans leur chambre d’un magnétoscope et que même si la maisonnée
s’équipe en lecteur DVD, il n’est pas encore envisagé d’en avoir un second
pour eux.
- Manga et Déclic ont un patrimoine de droits de saga anime. Quel est le
raisonnement pour placer et échelonner en DVD des sagas plutôt que d’autres ?
A terme, tout devrait sortir en DVD. A condition de bénéficier des droits
d’exploitation sur ce support, ce qui est généralement le cas. Le premier
impératif est celui décrit plus haut (le public). Ensuite, bon nombre de
facteurs rentrent en jeu tels que : l’existence ou non d’une version française,
la possession de la version originale, la qualité des masters, la durée
restante des droits… Bref, un vrai casse-tête à résoudre à chaque fois.
- Certaines sagas sont sorties uniquement en VF (Robotech, Cobra..), ce qui
n’a pas été du goût de tout le monde. Comme le choix des titres est tellement
vaste, pourquoi ne pas décider de les reporter de 6-9 mois, jusqu’à l’obtention
de sources VO satisfaisantes ?
Pour plusieurs raisons. D’abord dans certains cas, il n’existe pas de « VO ».
C’est le cas pour Robotech. D’autre part, les droits ne courent pas
toujours suffisamment longtemps pour envisager d’attendre. Dans le cas de
Cobra le raisonnement est le suivant : faut-il passer 9 mois à faire
des sous-titrages et faire attendre le public, ou pas ? La réponse à cette
question n’est pas évidente, d’autant plus que se rajoute à cela un facteur
économique.
Je pense que la meilleure réponse à apporter à cela, est la suivante : faire
la sortie en DVD immédiatement avec ce qui est disponible, et si le titre le
mérite travailler sur une version complète de meilleure qualité, en prenant
le temps qu’il faudra pour sortir un produit de haut niveau. A partir du
moment où les gens sont prévenus et qu’ils ont le choix, ça me paraît la
meilleure solution pour tout le monde.
Personnellement, je n’aurais pas envie d’être obligé d’acheter Cobra
en coffret VHS si je veux la voir, alors que je peux avoir la même chose sur
une édition DVD remastérisée d’une excellente qualité, sans avoir à attendre
1 an.
- Déclic a un catalogue 99% séries/OAV et 1% films (Kamui). Est-ce que
d’autres films sont prévus, ou Déclic se spécialisera uniquement dans les
sagas ?
Là encore, c’est conjoncturel. Peu de films sont produits au Japon chaque
année et l’acquisition de ceux-ci se fait à un prix très élevé, d’autant plus
que les producteurs nippons ont de plus en plus le souhait de les vendre à des
Majors pour exploitation cinéma sur les territoires internationaux.
- A quel point en es-tu avec ta double casquette Kaze/Déclic (Cédric
Littardi est actuellement directeur de Kaze et directeur artistique de
Déclic - N.d.A.) ? Est-ce qu’il y a d’autres rapprochements entre les
deux sociétés ?
Déclic s’orientera de plus en plus vers les produits « classiques » tous
publics alors que KAZE reprendra progressivement les programmes pour jeunes
adultes et adolescents. La collaboration ne se passe pas trop mal.