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Blu-ray Pure Audio : à la recherche du son perdu

Par Giuseppe Salza | Publié le
Blu-ray Pure Audio : à la recherche du son perdu

Le « vrai son » à très haute fidélité est-il de retour ? Les industriels et 3 majors du disque se sont fédérés pour introduire en France une galette bleue au confort d’écoute exceptionnel…

Le Blu-ray a un atout caché que seul une part minuscule des foyers a pu bénéficier : une qualité sonore exceptionnelle. Ca semble exagéré, mais pourtant le son est un peu le cousin éloigné que personne n’invite aux fêtes de famille. On vend des Blu-ray et des écrans plats pour la pureté de l’image, et ensuite on refourgue des barres de son et des codages 3D virtuels. 

Après 15 ans de MP3 et de portabilité du fichier aux dépens de la qualité, des générations entières ont oublié ou ignoré la notion de Haute fidélité du son. Mais les évolutions technologiques et la démocratisation du haut débit ont arrêté cette chute sans fin. Le 1er segment du matériel audio en France, les casques (80% de PDM en France), vire vers le haut de gamme et vers des modèles qui révèlent les artefacts des fichiers audio « lossy ». Et l’ensemble du marché a connu en 2013 en France une progression de 5,2%, plus du double de la moyenne européenne. 

La famille du Blu-ray veut voir dans ces signaux un retour vers l’audio de qualité. Forts d’un parc installé de 4 millions de platines en France (8 millions en incluant les consoles), et de l’excellente santé des achats physiques sur les albums (93%), contre 96% des supports dématérialisés pour les singles, éditeurs et fabricants de matériel estiment qu’il est temps que « le son reproduit redevienne fidèle à l’original ».

Quelques jours avant la 11e édition de La Semaine du Son (du 27 janvier au 9 février), le Simavelec, Dolby et Blu-ray Partners (les principaux éditeurs), se sont fédérés autour du nouveau format de la galette bleue, le Blu-ray Pure Audio, lancé l’année dernière par Universal Music, rejointe dernièrement par Warner et Sony Music. 

Nous avons vu, ou plutôt écouté, le disque. Le standard chapeauté par Universal sous l’acronime HFPA (pour High Fidelity Pure Audio) consiste d’une galette encodée avec 3 formats audio : le PCM à 24 bits/96 KHz (certains titres monteront jusqu’à 192 KHz) avec un rendu dynamique théorique de 144 dB, une piste en codec lossless, par exemple le DTS-HD Master Audio ou le Dolby TrueHD, et enfin le PCM 16/44 du CD Audio. En d’autres mots, rétrocompatibilité garantie avec les platines existantes, et accès direct au PCM 24/96 et aux formats HD pour les possesseurs d’un ampli AV assez récent. Les disques seront également fournis avec un code de téléchargement en digital, aux formats FLAC ou MP3.

Et ça tombe bien, car la coexistence des 3 pistes nous permet de faire des comparaisons directes du rendu sonore ! Nous avons pu comparer notamment Les marquises de Jacques Brel, Is This Love de Bob Marley, un extrait de La Traviata ou Soul Bossa Nova de Quincy Jones. Toutes proportions faites, l’écart entre le PCM 24/96 et la qualité CD est comparable à l’écart perceptible entre un CD et un MP3/AAC à 128 KHz. Les défauts de vieillesse du CD Audio, qui fête ses 30 ans de vie, sont facilement identifiables  : un rendu dynamique monocorde, des voix humaines tronquées des harmoniques graves, des timbres aplatis à l’arrière-plan. Ce n’est pas étonnant si plusieurs ont fui le CD pour revenir au vinyle (note aux lecteurs : je suis l’un d’entre eux…).

Ces atouts de restitution seraient nuls si le master employé par le label était le même du CD. Universal et les autres majors du disque affirment que seules les sources de type « studio master » seront éligibles pour une réédition en Blu-ray Pure Audio. En codec lossless, seul le format 2.0 est offert, sauf si l’artiste ou ses représentants acceptent un remixage multicanaux. C’est le cas pour A Night at the Opera, l’album emblématique des Queen, dont nous avons pu écouter un Bohemian Rhapsody en 5.1 très immersif et spectaculaire…

Le Blu-ray Pure Audio a ses chances de véhiculer le son à très haute fidélité vers les oreilles des consommateurs, ou il est destiné à faire la fin du SACD ? Les labels auront un rôle clé pour étoffer des catalogues encore confidentiels (Universal proposera un total de 100 références au printemps prochain, dont environ la moitié en variété française). Mais fabricants et revendeurs auront aussi leur part de responsabilité, pour « rééduquer » des oreilles formatées par le standard MP3/AAC depuis très longtemps.

 

Commentaires
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Ludo_88
Le 21 janvier 2014 à 16:04

"Les défauts de vieillesse du CD Audio, qui fête ses 30 ans de vie, sont facilement identifiables : un rendu dynamique monocorde, des voix humaines tronquées des harmoniques graves, des timbres aplatis à l’arrière-plan. Ce n’est pas étonnant si plusieurs ont fui le CD pour revenir au vinyle (note aux lecteurs : je suis l’un d’entre eux…). "
On peu donner les défauts du vinyle ? Hummm ? L'usure, la séparation stéréo limité, la dynamique aphone... Et j'en passe ! Le vinyle est avant tout un phénomène de mode, tout comme le comeback de la cassette audio ! Et cela fait 3 ans que je renouvèle mes platines vinyle et CD. Je sais de quoi je parle.
Prenez un vinyle, encodez le avec un convertisseur de qualité en WAV, gravez le sur un CD, comparez à l'aveugle (avec l'aide d'un ami) sur l'instal que vous avez l'habitude, et si votre platine CD est bonne, vous n'aurez pas de différence ! Sauf, je l'avoue, une petite aération dû à l'analogique que l'on retrouve sur le SACD.
Mais le vinyle, c'est déjà une teinte chaude et séduisante, un peu comme un ampli à tube, loin de la précision d'un CD ou d'un ampli à transistor.

Le problème du CD, c'est la compression dynamique qu'impose les majors (la même chose que l'on fait sur les pubs à la TV et qui donne l'impression que c'est plus fort, rien a voir avec une compression de données). On en parle en long et en travers sur certains forum. Bref, les majors trucident le CD en le rendant impropre à la consommation. Certains artistes d'ailleurs s'en plaignent.
Vous parlez du CD "Les marquises" de Brel. Il existe beaucoup d'édition à la qualité très différentes. Et c'est un exemple. Une seule, édition Digipak de je ne sais plus quelle année, rivalise largement avec mon vinyle !
Et le problème est là. Il y a CD et CD. Et pour le même titre, beaucoup d'éditions encodées différemment.

Si les majors ne trafiquaient pas autant le CD, il n'y aurait pas besoin de chercher autre chose. Et d'ailleurs, cet autre chose existe toujours : le SACD. Il est toujours vivant, de nombreuses sorties par mois ( www.sa-cd.net ), il suffisait juste de le réalimenter un peu.

Perso, et a travers certains forums, on est nombreux a ne pas trop croire au Blu-Ray audio :(
Surtout au prix qu'il est vendu pour du fond de catalogue mainte fois exploité !

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jean-marc
Le 22 janvier 2014 à 10:44

Je n'ai pas bien compris. Les "Blu-ray Pure audio" sont lisibles sur des lecteurs particuliers ? Ou ce sont les lecteurs "vidéo" qui ont aussi cette capacité de les lire (en qualité optimale bien sûr, pas en qualité dégradée) ?

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Giuseppe Salza
Le 22 janvier 2014 à 11:50

Les Blu-ray Pure Audio sont lisibles sur tous les lecteurs de Blu-ray actuels et les consoles. C'est là leur point de force : les disques sont déjà accessibles sur un parc machines imposant (8 millions en France), qui va continuer à s'accroître.

Le format utilise les mêmes normes du Blu-ray, ce qui assure la rétro-compatibilité. En insérant un disque, tu as un menu avec la liste des titres et en bas les 3 formats audio. Si ton ampli la lit "nativement" (sans down-conversion), tu sélectionneras la piste LPCM 96/24. Pour les amplis qui ne le supportent pas (ou pour les gens qui veulent jouer un peu avec les paramètres d'ambiance), il y a ensuite une piste lossless comme le DTS-HD Master Audio ou Dolby TrueHD. Enfin, il y a la piste PCM 44/16, soit le standard CD Audio, qui n'apporte aucun gain technique sur ce dernier (sauf qu'il est encodé à partir d'un studio master et pourrait parfois se révéler moins "bousillé" d'un master CD, mais ça c'est une autre histoire...).

J'ai oublié de préciser dans l'article que, en marge de la conférence, nous avons pu effectuer des écoutes comparatives dans des stands fabricants (dans le désordre, Marantz, Sony, Samsung, LG et Philips), avec des ensembles de fourchettes de prix différentes. Leur but était de prouver que le gain est perceptible même sur des configs abordables (je le confirme).

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jean-marc
Le 22 janvier 2014 à 12:05

ok merci pour les compléments d'informations.

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Le 23 janvier 2014 à 14:02

Je pensais que le Bluray Audio était déjà sorti l'année dernière ?? Et vu le peu de références sorties je me suis dit que le format était mort-né. Avec une centaine de titres prévus en ce début d'année je vais y rejeter un coup d'z'yeux.

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bohynm
Le 23 janvier 2014 à 16:22

Perso, et a travers certains forums, on est nombreux a ne pas trop croire au Blu-Ray audio :(
Surtout au prix qu'il est vendu pour du fond de catalogue mainte fois exploité !
y-a-t-il qqchose d'autre à ajouter?
oui: allez lire l’édito des Années Laser: le problème est le même entre Blue ray audio ou vidéo... la politique des prix rend tous ces achats totalement élitistes et va à l'encontre de la diffusion large de autant d'une image de qualité que d'un son correpondant à des critères acceptables en 2014...
Pourquoi les éditeurs se contentent-ils de part de marché aussi médiocre sur des moyens de difusion de qualité?
quels sont les pourcentages réels de vente de Blue par rapport aux DVD, même si le parc des lecteurs est devenu aussi importants, sans même parler des télévisons HD.....?
pourquoi?

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Giuseppe Salza
Le 23 janvier 2014 à 18:35

Quelques chiffres : en France (2013), le Blu-ray représente 12,76% du marché physique en disques vendus, mais 22% en chiffre d'affaires ! En 2013, le Blu-ray a dépassé la VOD en CA et on estime qu'en 2014 les ventes de platines BRD devraient dépasser celles des platines DVD pour la 1e fois.

Pour la musique, j'ai juste des données récentes sur la marché USA : le CD Audio continue à chuter de façon catastrophique : 165 M de CD vendus en 2013 (contre 193M en 2012 et 224M en 2011). Les ventes dématérialisées ont atteint leur plateau (-5,7% en 2013, érosion à peine couverte par les services d'abonnement). Le seul support en croissance constante depuis des années est le LP (6 M de vinyles vendus l'année dernière !), mais sa progression ne suffit pas à compenser la chute nette du CD.

En France, selon les chiffres préliminaires, le téléchargement commence aussi à se tasser, l'album reste archi-dominant sur les supports physiques, et les ventes du matériel Hi-Fi/Home Cinéma ont progressé.

Selon plusieurs signaux, il y a à nouveau une demande pour le son Hi-Fi et pour le support physique. Il faut bien qu'ils se fédèrent autour d'un standard, puisque plus rien au monde ne peut sauver le CD ! Au lieu d'inventer un énième format, il serait logique qu'ils se réunissent autour du Blu-ray, qui continue à grimper en flèche et qui offre déjà le bitrate requis et le support des formats audio avancés.

Pour répondre à @Le Doulos, Sony et Warner Music ont déclaré récemment qu'ils supporteront aussi le Blu-ray Pure Audio. La balle est dans le camp des labels : à eux de multiplier les sorties et proposer des prix attractifs !

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willis
Le 24 janvier 2014 à 23:29

perso, plutôt que de mettre en cause la qualité des cd, Je pense que le format mp3 des 10 dernières années a fait plus de mal que le cd audio.
Les gens s'habituent à écouter des fichiers audio mal encodés, et ils s'en contentent.
Est ce que ce sont les mêmes qui sont équipés HD (tv et lecteur bluray)?
en tous les cas, nos étagères ne sont pas extensibles à l'infini, et même si la qualité n'a jamais été aussi parfaite sur support numérique, les vaches à lait que nous sommes en on peut être marre de racheter 5 fois le même album (33t cd, cd collector, cd remasterisé ...) ou le même film (laserdisc, dvd, dvdcollector, dvd ultimate, bluray sans bonus...) !!! bref on se comprend !

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bohynm
Le 27 janvier 2014 à 19:27

bref on se comprend !

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