Nouvelle Collection Cinéma chez TF1 Vidéo
Tout le monde connaît l’équation d’Einstein E=MC². Les cinéphiles connaissent aussi Ga+A=Go². En développé, c’est plus clair : Gabin + Audiard = Gouaille puissance 2…
Ces deux icônes du cinéma populaire français ont collaboré pendant plus de quinze ans, de 1955 à 1971. Michel Audiard écrivit le scénario et/ou les dialogues de vingt films dans lesquels Jean Gabin tenait le premier rôle.
TF1 propose depuis le 21 octobre 2015, dans sa nouvelle Collection Cinéma comptant aujourd’hui une bonne quinzaine de titres, une réédition restaurée de cinq de ces films.
Gabin + Audiard
Gas-oil, réalisé par Gilles Grangier en 1955, fut le premier de la liste. Il raconte l’histoire de Jean, un camionneur pris fortuitement dans un dangereux engrenage, soutenu par Alice, sa maîtresse, interprétée par Jeanne Moreau. En toile de fond, une observation du milieu des camionneurs.
Dans Les Grandes Familles, réalisé par Denys de La Patellière en 1958, adapté d’un roman de Maurice Druon, Jean Gabin incarne Noël Schoudler un banquier-patriarche qui s’oppose dans une scène mémorable à Pierre Brasseur.
Puis dans Maigret tend un piège, en 1958, une réalisation de Jean Delannoy avec Annie Girardot, Jean Gabin endosse pour la première fois la gabardine du commissaire Jules Maigret dans la traque d’un tueur de femmes en série.
L’habit faisant le moine, Jean Gabin récidive, un an et quelques films plus tard, avec Maigret et l’affaire Saint-Fiacre, toujours sous la direction de Jean Delannoy. Jules Maigret, à l’occasion d’une enquête sur le meurtre d’une comtesse revient sur les lieux de son enfance. Jean Gabin incarnera une troisième fois Maigret dans Maigret voit rouge (Gilles Grangier, 1963), réédité par TF1 Vidéo dans un coffret Gabin-Maigret paru le 1er octobre 2015, mais hors de notre champ d’investigation : Michel Audiard est absent du générique.
La liste se termine, provisoirement sans doute, avec Le Baron de l’écluse, encore réalisé par Jean Delannoy en 1960, sur les errances, en compagnie de Perle, une ancienne maîtresse interprétée par Micheline Presle, d’un aristo flambeur et fauché qui réussit à surnager sur les chèques en bois qu’il signe sans retenue pour faire semblant de couvrir ses dettes.
La réédition de ces films, décriés par la Nouvelle Vague, constitue un fond d’archives d’une qualité technique exemplaire de ce cinéma, aujourd’hui un peu désuet qui permet de faire défiler sur l’écran les acteurs qui occupaient les têtes d’affiches d’alors : Jean Desailly, Louis Seigner, Jacques Castelot, Bernard Blier, Ginette Leclerc, Annie Ducaux, Michel Auclair, Paul Frankeur, Aimé Clariond, Jean Tissier, Robert Dalban, etc.
Sous le capot
Chaque disque (DVD-9), proposé dans un keep case classique (14 mm), s’ouvre sur un menu animé et musical, enchâssé dans le cadre rouge de la Collection Cinéma, donnant accès à des sous-titres pour malentendants.
La restauration de l’image (dont le format original, 1.33:1, 1.37:1 ou 1.66:1 a été scrupuleusement respecté) a presque totalement éliminé les marques de l’âge, sans altérer la texture argentique originelle. À l’exception de très occasionnels griffures ou scintillements, notamment dans les deux Maigret, l’image est, dans l’ensemble, parfaitement propre, avec des blancs lumineux, des noirs denses, un dégradé de gris stable et des contrastes fermes.
Le son, au format mono d’origine (Dolby Digital 1.0), a été tout aussi soigneusement débarrassé de tous craquements ou chuintements parasites. Le spectre reste inévitablement concentré dans le medium, mais les saturations sont rares et les dialogues sont clairement restitués. Peu de souffle, dans l’ensemble.
En supplément, chaque film est discuté en tandem pendant une dizaine de minutes par Guillemette Odicino, critique à Télérama et à France-Inter, et Éric Loriot, critique à L’Express, à France-Inter et à Studio Ciné-Live qui confrontent leurs vues, parfois divergentes. Ces discussions, apparemment très improvisées, auraient gagné à être un peu mieux préparées.
Collection Cinéma
C'est aujourd'hui, 18 novembre 2015, que la seconde vague de la collection arrive avec huit nouvelles pépites alignant Brigitte Bardot, Michèle Morgan, Martine Carol, Fernandel, Alain Delon, Lino Ventura, Louis de Funès, Bourvil…