PS2 - Entretien avec Frederic Houde
L’un des pères de « Rayman » (bientôt sur PS2) a une double passion pour le Home Cinema et les jeux vidéos. Nous lui avons demandé son avis de dévéloppeur sur la nouvelle console Sony
(Note importante : cette entretien a été réalisée AVANT le portage de
la PS2 en version PAL)
dvdfr- Est-ce que tu codes beaucoup sur la PS2 ?
Frederic Houde - Non. Je m’occupe de l’équipe Jeu, qui s’occupe du
contenu du jeu. Le portage PS2, c’est deux tables a coté de moi. En gros,
notre processus de développement est de faire toute la base sur PC, pour
de nombreuses raisons (moins chère qu’un Kit, bonne capacité technique
avec les dernières cartes, nombreux soft), et ensuite de porter sur PS2 avec
la création de toutes les routines qui lui sont spécifiques (affichage,
son, DVD…).
Pour le moment je ne peux pas rentrer dans les détails, car le développement
n’est pas avancé (à l’heure de notre entretien - NdlR). Notre but est
de développer sur PC, et ensuite de finaliser sur PS2. Attention, cela ne
veut pas dire que notre jeu va être une adaptation d’un jeu PC. On ne sait
même pas si le jeu verra le jour sur PC, alors que sur PS2 c’est sûr ! Tout
ce que l’on fait sur PC, a pour but la PS2 et les machines supérieures
(quand il y en aura…)
dvdfr- Quelle est la force de la PS2 : l’intégration et ses convergences
à venir, même si Sony n’a pas tenu tout à fait toutes les promesses annoncées ?
Frederic Houde - C’est sûr que l’on sent que la PS2 a un atout de
taille avec son DVD. C’est aussi pour ça que Microsoft (qui craint Sony) s’est
réveillée : ils savent que s’ils n’arriveront pas à placer une machine
multimédia dans notre salon, ils perdront cette bataille, car tout converge
vers le Home Cinema et le multimédia.
Avec sa multitude de connecteurs, la PS2 va pouvoir s’attaquer facilement à
ce marché. Pour le Home Cinema, on a droit d’emblée aux sorties Composite,
Yc, RVB et YUV (switchable dans le setup) On peut activer ou désactiver le
flux numérique sur la sortie optique (DD et DTS compatible) Pour le VGA, un
câblage pourrait bien faire l’affaire… C’est sûr que pour 2990 F, on a un
lecteur de DVD avec une bonnes bases… Je n’ai pas eu l’occasion de tester
la qualité d’image de la console, mais comme c’est une base Sony, elle sera
difficilement décevante. C’est la partie jeu et donc temps réel qui est plus
inquiétante…
dvdfr- Tu parles du problème du aliasing ?
Frederic Houde - Tout à fait ! Il manque un antialiasing hard
(inutile pour le DVD), ce qui fait que les jeux qui utilisent principalement
des basses résolutions - genre 512 x 224 - sont très pixelisés. C’est le cas
des premiers jeux made in Japan que l’on a vu pour le moment. Heureusement
que plusieurs jeux à venir auront un portage anti-aliasing en soft…
Mais en fait, c’est super choquant si tu as déjà vu des jeux DreamCast.
Regarde SoulCalibur et n’importe quel jeu PS2 de 1ère génération, et tu vas
comprendre. Cela nous fait un peu peur, mais on va faire notre possible pour
obtenir une qualité broadcast. Le truc c’est qu’il va falloir refaire des
routines en ASM… En plus, la VideoRam (mémoire qui sert a stoker les
graphismes) est très faible (surtoût par rapport à la DreamCast, et aux
cartes graphiques actuelles sur PC) Et dans ces 2Mo tu doit placer le
FrameBuffer (l’écran en double) plus les données mip-mapping. C’est pas
tiptop, car il te reste en gros 1Mo… La solution pour pallier à ces
problèmes de mémoire, est de faire des transferts de la RAM à la VRAM
en temps réel. C’est chiant, mais c’est comme ca que l’on faisait avant
sur la Super Nintendo et la Megadrive. Avec le temps, les jeux vont
exploiter à plein ces capacités, mais c’est au début qu’on doit faire
face à ces problèmes…
dvdfr- Plusieurs dévéloppeurs se plaignent aussi du fait que la PS2
est un peu dure à programmer…
Frederic Houde - Disons que, pour tirer le maximum des capacités
de la machine, il y a des contraintes et une mise en place complexe et
précise qui, si elle c’est pas parfaitement maîtrisée, elle diminue sensiblement
le rendement. Je dirais qu’il est simple d’avoir une vitesse équivalente a
un PC (30 images/second en 512x224), mais pour exploiter au maximum les
30 millions de polygones de la PS2, il faut se pousser à bout, et réussir
à travailler parfaitement en parallèle avec tous les processeurs de la
PS2… On peut donc considérer que la machine est dure, voir très dure à
programmer.
dvdfr- Coté jeux, personne ne s’attendait à que les premiers jeux soient
miraculeux, mais bon, on voit davantage les effets d’escalier sur « Ridge
Racer V » que ses prouesses techniques…
Frederic Houde - Ils sont décevants, et pourtant ils se sont très
bien vendus au Japon ! On a plus l’impression de jouer avec une « Super
PSX1 » que avec une PS2 (plus de faces des corrections de perspective, mais
des textures faibles et de gros pixels…). Comme Sony a sorti assez vite
sa machine, on peut le comprendre. Au début, on n’a pas l’effet attendu.
Mais ça va venir.