Réalisé par Karan Johar
Avec
Amitabh Bachchan, Jaya Bachchan et Shah Rukh Khan
Édité par Bodega Films
Difficile d’estimer un film, un genre cinématographique, un jeu
d’acteurs, lorsqu’on ignore tout de la culture en question. Plus
difficile encore lorsque cette culture emprunte à l’Occident une
gestuelle, un vocable… Comment discerner ce qui est assimilé de
ce qui est fantasmé ? Je l’avoue, je critique mon premier Bollywood.
Je pense qu’au premier visionnage, mon regard était trop occupé à
saisir les décalages culturels, trop moqueur aussi. Il m’a fallu
un deuxième visionnage et dépiauter les bonus pour saisir la sincérité
derrière les clichés. J’ai écouté le réalisateur parler de son film,
les acteurs, entendu la ferveur qu’ils y ont tous mis, l’humilité dans
laquelle ils ont travaillé et le message qu’ils ont voulu faire passer :
« it’s all about loving your parents », l’essentiel, c’est d’aimer ses
parents. J’y ai senti alors une profondeur que les danses hip-hop, les
pantalons en cuir, les cheveux dans les ventilos, les acteurs super
musclés dans leurs chemises à tétons (i.e. transparentes) ne m’ont pas
laissé voir la première fois.
Forcément c’était une soirée filles, bonbons Haribo, et toute l’excitation
de visionner notre premier Bollywood. A la Gloire du Fils ! A la gloire du
mâle ! Forcément ça commençait mal. Les regards guimauve, du cliché tartiné
à l’occidental, une détermination surjouée, trop de bons sentiments, trop
de miel, trop de maquillage, trop de charabia, anglais, hindi, penjabi,
ils parlent quelle langue ces gens-là ? Trop populaire, trop riche, trop
étourdissant, trop too much…
Et pourtant au coeur de ces 3h25 de mélo larmoyant se joue le dilemme de
l’honneur contre l’amour, du respect des traditions contre la quête du
bonheur, la musique est prégnante, les rythmes deviennent enivrants, les
toilettes sont de merveille, ces indiens savent pleurer comme aucun, les
acteurs sont d’une sincérité désarmante, leur présence dévouée est
remarquable, la culture indienne est mise à l’honneur, les gestes rituels
témoignent de ferveur et de spiritualité, c’est plein de couleurs, de
soleil et de gaieté.
Imaginez ! Parents et enfants dansent et chantent ensemble ! Je crois que
c’est la vision que je garde de ce film. Quelle magie ! Il me semble que
le monde serait autre si les familles se réunissaient pour chanter et
danser !!…
Voici un très beau double digipack qui s’ouvre sur un somptueux livret de 16 pages en papier glacé orangé. Des photos, une présentation du réalisateur et du casting, et surtout les paroles intégrales des 4 chansons sélectionnées pour le bonus karaoké. Deux DVD, l’un pour le film, le second pour les bonus. La présentation dans le style kitch est néanmoins très aérée.
Introduction de Karan Johar
Voilà un réalisateur, fils de producteur, qui rassemble les plus
grandes stars du cinéma indien. Karan Johar relate les questionnements
qui ont mené au film et les conditions idylliques de tournage de
cette superproduction « familiale ».
Making of
D’abord Karan Johar explique comment il a pu réunir les 6 plus grandes
stars du cinéma indien. Je ne vous livrerai pas ici son secret. Au final
ils étaient tous impressionnés de jouer les uns avec les autres. Ils
remercient Dieu de l’opportunité de se voir offrir un rôle dans ce film.
Ils sont aussi madeleine dans le réel qu’à l’écran. On nous parle
longuement du choix des costumes. Les acteurs font l’éloge de leurs
partenaires. Les chansons et les chorégraphies ont une place centrale
dans ce documentaire. Un pan du Making of est réservé au choix des décors
grandioses « plus grands que la Vie » pour servir la volonté de faire rêver.
On termine par un éloge des acteurs envers le film.
Scènes coupées
Karan Johar présente les scènes qu’il a dû couper, nous explique pourquoi
et rappelle combien il les aime. Il est vrai que certaines auraient mérité
de rester, mais bon, son film aurait duré 3H45…
Karaoké
Passages chantés du film avec sous-titres spécial karaoké. Quatre
chansons reçoivent ce traitement : Khabie Khushi Khabie Kham, You are
my Sonia, Shava Shava, Bole Chudiyan.
Chansons
Les indiens aiment la musique et lui accordent décidément une place
d’honneur. Un petit documentaire précède les 7 chansons principales du
film isolées dans ce bonus. Une icône figure le titre de chacune d’elle
et diffuse un extrait de la chanson lorsque l’on passe dessus avec le
curseur de la télécommande.
Bande-annonce clips
C’est le seul bonus sans réel intérêt puisqu’il s’agit d’un court extrait
des 7 chansons déjà présentées dans le bonus « chansons » avec le bout de
film qui va avec.
Ruby Wax à Bollywood
Ruby Wax s’infiltre dans les coulisses du tournage et interviewe avec
culot les acteurs. On y apprend sur les acteurs presque plus ici que dans
le making of.
Le nouveau master image est très bien exploité, avec un encodage très poussé, nécessaire pour faire rentrer un film d’une telle taille sur un seul DVD. Pas de problème de compression, pas de fourmillement, contrastes et couleurs respectés.
Une seule piste audio ici. Elle est en hindi… non en anglais… ah ben
non c’est en hindi-anglais… Quel mélange ! Des débuts de phrases en
anglais, des fins en hindi… Rassurez-vous, pas de bug ici, mais tout
simplement la réalité d’un peuple qui intègre de plus en plus de codes
américains, jusque dans le langage de tous les jours.
Ce n’est malheureusement qu’en stéréo que le film est ici restitué.
Et on se demande bien pourquoi car le film a été mixé en 5.1 et est
disponible dans d’autres pays dans ce format. On aurait pu profiter
d’un mixage large et grandiose, à l’image même du film. Mais on se
retrouve au final avec une ambiance assez plate et faute de pouvoir
s’étendrent, les aiguës saturent facilement… dommage.