Réalisé par Zacharias Kunuk
Avec
Natar Ungalaaq, Sylvia Ivalu et Peter-Henry Arnatsiaq
Édité par Éditions Montparnasse
Le passage d’un shaman démoniaque jette la discorde au sein
d’un clan d’Inuits. Bassesses, perte de moralité et criminalité
infiltrent la communauté dont elle sera délivrée vingt ans plus
tard par l’un de ses membres, Atanarjuat.
Les Inuits d’Igloolik et le réalisateur Zacharia Kunuk lèguent
au monde par la voie de l’image et du cinéma cette vieille légende
jusqu’alors de stricte transmission orale et avec elle l’essence
d’un peuple clanique, animiste et chamaniste. D’ores et déjà merci.
On peut regarder ce film avec la curiosité d’un ethnographe ou d’un
voyageur ou avec plus de profondeur encore et de respect pour ce
râpeux mélange de lointain et d’universel. De grandes notions
fondatrices comme la hiérarchie, la survie, le sens de la famille
sont traitées dans ce film. On comprend bien dans ce contexte si
vif et si hostile de la glace que l’individualisme n’a aucun sens.
Il signerait la mort presque instantanée de l’arrogant. La société
Inuit, à l’instar de la nôtre, assume cette interdépendance vitale
et se construit autour de cette première loi. Leurs codes moraux,
la dérision ou la tranquillité avec laquelle ils règlent leurs
conflits sont particulièrement édifiants à visionner en ces temps
de guerre. Un héritage poétique et cru à faire vivre dans nos
mémoires et à transmettre.
Du packaging aux menus, aucune fausse note. Sobriété, simplicité, avec en prime sur l’un des volets du digipack, un glossaire et l’alphabet syllabique des inuits. Parfait.
Canz
10 jours de la vie d’un esquimau au soleil de la croisette. Zacharia
Kunuk sert l’oeuvre de ses ancêtres jusqu’à l’étouffante promotion
du film. Il en reste ce témoignage du fameux décalage qui donne envie
de pleurer, vomir, se tordre de rire, retourner au grand air…au choix.
Ou pas. « La neige et les terres de chasse me manquent ». Dérision ingénue
de la précipitation et des honneurs.
Une légende Inuit. Entretien avec Bernard Saladin d’Anglure
Si bien des scènes du film vous avaient choquées, parues incongrues ou
trop crues, les voilà enfin densifiées par l’approche anthropologique
de ce professeur à l’université de Québec. Un entretien en 7 thématiques
comme le tatouage, la polygamie, le chamanisme. Désaltérant, cet entretien
nous donne une perception plus claire des messages de tolérance, d’espoir
et de vertu contenus dans l’ouvrage.
Entretien avec Zacharia Kunuk et Norman Conh
L’un est Inuit. L’autre probablement canadien. Le premier essentiellement
réalisateur de talent avec qui le second ultra polyvalent a très envie de
travailler. Petit huis-clos essentiellement tenu par Conh et ponctué par
son acolyte. Conh a appris à penser comme un Inuit. A se comporter
décemment comme un Inuit. Il relate les fléaux causés par les premières
expédition en arctique, le rythme des journées australes de tournage et
l’impact du film sur la collectivité Inuit. Imaginez ! Leurs ancêtres leur
sont apparus ! N’est-ce pas un prodige ?
S’en suivent une très (trop) courte interview de l’acteur qui incarne
Atanarjuat, quelques fiches très succintes pour présenter les principaux
personnages du film, la bande-annonce du film, un extrait de l’étonnant
film Nanouk l’esquimau et 3 bandes-annonces du catalogue des
Editions Montparnasse.
Difficile de faire plus !
L’image vidéo numérique peut réellement servir un récit. Ici, cette technologie a permis aux producteurs de s’affranchir de la logistique très lourde liée au matériel conventionnel, mais également de « rentrer » dans l’histoire et dans l’habitat des inuits grâce à un encombremet réduit. Par contre, le réalisateur nous évite avec plaisir les agitations intempestives souvent liées à ce format en maîtrisant parfaitement sa caméra. L’encodage est réussi et seules les limitations de la vidéo se font sentir à l’image.
En stéréo ou en Dolby Digital 5.1 ? Il y a véritablement deux versions du film sur ce DVD. L’une (la stéréo) vous donnera l’impression « d’y être » grâce à un son cru et froid qui accompagne très bien l’image vidéo du film et l’autre (5.1) développera par contre la dimension poétique de l’oeuvre en lui greffant une ambiance plus douce et plus sophistiquée et en faisant la part belle à la musique et aux bruits d’ambiance. A noter que cette dernière vous demandera d’augmenter considérablement le volume.