Réalisé par Agnès Jaoui
Avec
Anne Alvaro, Jean-Pierre Bacri et Alain Chabat
Édité par TF1 Studio
Castella est un chef d’entreprise peu porté sur la culture. Pourtant, un soir, en allant par obligation assister à une représentation de « Bérénice », il tombe en adoration du texte et de l’actrice principale, Clara. Par une coïncidence, celle-ci va lui donner des cours d’anglais, nécessaires à son travail. Castella tente de s’intégrer à ce milieu artistique mais sans grand succès. On ne bouscule pas ainsi les cadres de références et les barrières culturelles sans faire d’histoires.
Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, ou les « Jabac », ont fait leurs armes en tant que scénaristes chez Alain Resnais (Smoking / No Smoking en 1993, On connaît la chanson en 1997), chez Philippe Muyl en 1993 avec Cuisine et dépendances et en 1996 chez Cédric Klapisch avec Un air de famille. Poursuivant sa carrière de comédienne, Agnès Jaoui passe finalement derrière la caméra en 2000 avec Le Goût des autres. Succès surprise avec près de 4 millions d’entrées, se plaçant entre Mission : Impossible 2 et Scary Movie (ben oui), ce premier long métrage d’Agnès Jaoui devient un véritable phénomène de société dès sa sortie en mars 2000.
Aujourd’hui, Le Goût des autres n’a rien perdu de sa fraîcheur, de sa délicatesse et de sa verve. Pour cette histoire de rencontres, ou plutôt de tentatives de rencontres, compliquées et difficiles puisque les milieux d’où proviennent les personnages - ciselés de main de maître - sont hétérogènes, Agnès Jaoui a fait appel à une troupe de comédiens exceptionnels et terriblement attachants, de Jean-Pierre Bacri (magnifique), en passant par l’excellente Anne Alvaro, Alain Chabat, Gérard Lanvin, Wladimir Yordanoff, sans oublier la réalisatrice elle-même dans un petit rôle très touchant.
On sent la grande influence qu’a dû avoir le cinéma d’Alain Resnais dans la mise en scène, fort élégante, d’Agnès Jaoui. Les mouvements de caméra sont amples, la photo du chef opérateur Laurent Daillon (Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre, Sur la piste du Marsupilami) est raffinée, les séquences s’enchaînent sur un rythme très maîtrisé. Enfin, n’oublions pas les dialogues décapants, véritables mots d’auteur qui demeurent en tout point délectables. Récompensé par quatre César, Le Goût des autres demeure l’une des plus grandes comédies de moeurs du cinéma français, souvent copiée à travers de multiples films « chorals », mais jamais égalée dans nos contrées depuis.
Le menu principal est animé sur quelques scènes cultes du film.
En guise d’interactivité, nous ne trouvons qu’un entretien de 7 minutes avec Agnès Jaoui, réalisée à l’occasion de la sortie du film. Quelques images de tournage dévoilent l’envers du décor, tandis qu’Agnès Jaoui se confie sur sa première expérience derrière la caméra et le casting de son film.
Autrefois édité en DVD chez Pathé, Le Goût des autres fait peau neuve chez TF1 Vidéo et bénéficie pour l’occasion d’une édition en Blu-ray. Cette promotion sied à ravir à la superbe photo du chef opérateur Laurent Daillon, d’autant plus que le transfert s’avère très réussi. Les contrastes affichent d’emblée une remarquable densité, le piqué est mordant tout du long, la clarté est de mise sur les séquences diurnes, la profondeur de champ est palpable et les détails ne manquent pas aux quatre coins du cadre large. La colorimétrie retrouve une nouvelle fraîcheur, le relief est omniprésent. Quelques séquences apparaissent peut-être plus ouatées, mais cela ne dérange pas du tout. Ce Blu-ray au format AVC est donc une réelle et très bonne surprise !
Le spectateur a le choix entre une piste DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0. Le Goût des autres repose très souvent sur les dialogues et l’action demeure souvent canalisée sur la scène frontale. Si les voix des comédiens ne manquent pas d’intelligibilité, certains échanges auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale. La musique, très présente, bénéficie en revanche d’une remarquable spatialisation, quelques effets latéraux se font entendre à l’instar de la visite dans l’usine ou des représentations théâtrales, mais le soutien des basses n’est marquant que sur les deux séquences se déroulant dans le night-club (1h23 et 1h33). S’il ne faut pas s’attendre non plus à des ambiances immersives, les conditions acoustiques sont optimales, y compris pour la piste stéréo qui se révèle riche et percutante.
Notons l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © TF1 Vidéo