Réalisé par Yves Robert
Avec
Jean Rochefort, Claude Brasseur et Guy Bedos
Édité par Gaumont
Les affaires vont bien pour Etienne, Simon, Daniel et Bouly, mais leurs problèmes demeurent les femmes, qui n’ont fait que changer de visage. Etienne, qui poursuit son éducation sentimentale, se retrouve tout à coup pris dans le terrible engrenage de la jalousie : son épouse Marthe cache un secret que les amis d’Etienne vont bientôt découvrir.
Est-il encore utile de présenter Etienne (Jean Rochefort), Simon (Guy Bedos), Daniel (Claude Brasseur) et Bouly (Victor Lanoux) ? Suite au triomphe dans les salles en 1976 d’Un éléphant ça trompe énormément (3 millions d’entrées), Yves Robert, Jean-Loup Dabadie et tous les comédiens se retrouvent un an plus tard pour Nous irons tous au paradis, sa suite immédiate. Ce merveilleux diptyque demeure encore aujourd’hui LA référence de la comédie populaire française sur l’amitié, l’amour, la complicité, le mensonge, la fidélité et la joie de vivre. Les deux films sont indissociables, comme un seul et même long métrage de 3h30 scindé en deux parties.
Comme pour le premier opus, les magnifiques dialogues de Jean-Loup Dabadie n’ont rien perdu de leur poésie, de leur vivacité et de leur verve, la mise en scène d’Yves Robert est toujours menée tambour battant et s’accorde avec virtuosité à la plume de son scénariste. La voix-off sensationnelle menée par Jean Rochefort, peut-être la plus belle et la plus connue du cinéma français, a été une fois de plus enregistrée avant le tournage afin de permettre à Yves Robert de mieux créer le célèbre décalage entre la narration premier degré et la situation réelle dans laquelle se trouve le personnage principal. Certains y reconnaîtront une nette inspiration de l’Inspecteur Clouseau créé par Blake Edwards dans La Panthère rose auquel Jean Rochefort emprunte le célèbre imperméable et le chapeau quand il mène son enquête sur la possible infidélité de son épouse.
Le quatuor d’acteurs est extraordinaire de naturel, de complicité. Rarement dans le cinéma français, les personnages, sans oublier les merveilleuses Danièle Delorme et Marthe Villalonga (explosive), auront été aussi vivants, aussi vrais. Cette redoutable alchimie à l’écran résultait d’une véritable amitié des quatre comédiens principaux, cela transpire à l’écran. Drôle, hilarante même, tendre, parfois burlesque - portée par la composition géniale de Vladimir Cosma, également inspirée de celle d’Henry Mancini avec son saxophone récurrent.
Nous irons tous au paradis est un des plus grands crus du genre, qui se déguste avec un plaisir toujours décuplé. Souvent copiée, jamais égalée, cette comédie devrait être prescrite tous les ans avant l’arrivée de l’hiver afin de se galvaniser contre la morosité ambiante. Résultats garantis par votre serviteur.
Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est étonnamment peu recherché, très légèrement animé sur la composition de Vladimir Cosma.
Tous les suppléments disponibles sur cette édition Blu-ray de Nous irons tous au paradis sont inédits et ont été réalisés à l’occasion de cette sortie :
Souvenirs d’auteur (62’) :
Le réalisateur Xavier Giannoli s’entretient avec le grand
Jean-Loup Dabadie, homme de lettres, journaliste, romancier,
auteur de sketches et de chansons, auteur et metteur en scène
dramatique, traducteur et dialoguiste. Cela fait beaucoup sur
une carte de visite ! Le scénariste mythique des Choses de
la vie, Une belle fille comme moi, César et
Rosalie, Salut l’artiste, La Gifle, Le
Sauvage, Un éléphant ça trompe énormément et
Nous irons tous au paradis, évoque ses merveilleux
souvenirs à la fois personnels (son amitié avec Yves Robert et
Claude Sautet) et professionnels (la genèse du diptyque, le
casting, le travail pour les comédiens et même le choix du
titre). Si certains propos s’égarent parfois par rapport au
sujet principal, nous dévorons ces anecdotes avec délectation,
surtout quand Jean-Loup Dabadie évoque - sans citer de titres
mais de manière tellement explicite - les ersatz qui n’ont
fait que piller ces deux chefs d’oeuvres de la comédie
française. Un petit indice ? Il y a un coeur et des hommes dans
le titre de cette trilogie. Enfin, l’intéressé parle d’un
troisième épisode avorté qui avait été envisagé par Gaumont il
y a encore deux ou trois ans, afin de surfer sur le succès des
suites tardives.
La comédie en partage (33’) :
Photographe, réalisateur, scénariste et fils aîné d’Yves
Robert, Jean-Denis Robert s’entretient avec le scénariste
Jean-François Halin (les deux OSS 117 de Michel
Hazanavicius) sur le diptyque. Lent et particulièrement mou,
ce module n’apporte pas grand-chose à tout ce qui a pu être
entendu précédemment puisque Jean-Denis Robert a visiblement
puisé ses questions à travers les interviews disponibles dans
l’intéractivité d’Un éléphant ça trompe énormément et de sa
suite. Le dialogue n’est pas vraiment présent et manque
d’intérêt.
L’éditeur joint également le premier court-métrage réalisé par Yves Robert en 1954, Fernand cherche du boulot (24’) avec Fernand Raynaud dans le rôle principal. Le célèbre comique reprend son célèbre personnage maladroit qui tente sa chance dans des petits boulots, coiffeur, barbier, aiguilleur, modèle, tueur aux abattoirs, mais la malchance s’abat toujours sur lui et les catastrophes s’enchaînent. Présenté par Jean-Denis Robert à Jean-François Halin, ce court-métrage reposant sur le rythme et principalement sur les bruitages hérités d’un film comique muet, demeure plaisant et amusant. C’est ce film qui marqua la rencontre entre Yves Robert et Claude Sautet, qui allaient devenir meilleurs amis.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce d’Un éléphant ça trompe énormément et de Nous irons tous au paradis.
Fort d’un master au format respecté 1.66 et d’une compression AVC qui consolide l’ensemble avec brio, ce Blu-ray en met plein les yeux dès les premiers plans. La restauration est étincelante, peut-être encore plus que pour l’édition HD d’Un éléphant ça trompe énormément, les contrastes sont d’une densité impressionnante, la copie propre et lumineuse. Les détails étonnent par leur précision, les gros plans sont sublimes, les couleurs retrouvent un éclat inespéré, le relief des séquences diurnes est inédit et le piqué demeure acéré. Un superbe et élégant lifting !
Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique total, même si on frôle parfois la saturation dans les aigus. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, surtout la voix-off de Jean Rochefort, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Vladimir Cosma jouit également d’un écrin phonique somptueux.
L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Gaumont