Les Sorcières de Zugarramurdi (2013) : le test complet du Blu-ray

En plein jour, un groupe d’hommes braque un magasin d’or de la Puerta del Sol à Madrid. José, père divorcé en plein conflit avec son ex-femme, Tony, son complice, sex-symbol malgré lui, Manuel, chauffeur de taxi embarqué contre son gré dans l’aventure, et Sergio, le fils de José, partent en cavale. Objectif : atteindre la France en échappant à la police… Mais arrivé près de la frontière française, dans le village millénaire de Zugarramurdi, le groupe va faire la rencontre d’une famille de sorcières, bien décidées à user de leurs pouvoirs maléfiques pour se venger des hommes…

Álex de la Iglesia, le réalisateur espagnol fou, expert de l’humour noir et grinçant est de retour avec Les Sorcières de Zugarramurdi, une comédie-horrifique complètement barrée, qui n’est sûrement pas aussi réussie que ses précédents opus, même si cette nouvelle oeuvre vaut quand même son pesant de cacahuètes.

Démarrant sur les chapeaux de roues avec une séquence de braquage situé à Madrid, à la Puerta del Sol, Les Sorcières de Zugarramurdi présente rapidement ses personnages, Bob l’éponge (armé d’une arme automatique), Jésus-Christ (armé d’un fusil à pompe), son fils de huit ans (ou le Saint-Esprit ?) et un Soldat en plastique tiré de Toy Story, ou plus précisément une bande de Pieds-Nickelés paumés, névrosés, abrutis, sans le sou, marginaux, très attachants donc, qui décident de voler 25.000 alliances en or dans un mont-de-piété et de prendre la poudre d’escampette. Jusqu’à ce que d’étranges rencontres faites sur la route les dévient quelque peu de leur destination…

Il n’en faut pas plus à Álex de la Iglesia pour basculer de la comédie d’action au film d’horreur tendance Une nuit en enfer (on pourrait même parler de remake) et Le Bal des vampires, références trop évidentes et trop lourdes pour le cinéaste, qui parvient tout de même à ponctuer ici et là son long métrage de moments particulièrement savoureux. Il faut dire que les comédiens sont tous aussi allumés les uns que les autres, en particulier Carmen Maura (800 balles et Mes chers voisins), Hugo Silva et la sexy Carolina Bang, déjà vue dans Balada triste. C’est assurément eux qui assurent le spectacle, tandis qu’Álex de la Iglesia agite - un peu trop - sa caméra dans tous les sens et joue avec des effets spéciaux numériques (cheap) dans une dernière partie réjouissante durant laquelle s’invite une déesse-ogresse très « rebondie », symbolisant la lutte des sexes et les inégalités persistantes entre hommes et femmes.

Alors pourquoi ça pèche parfois ? Sans doute parce que le réalisateur apparaît cette fois trop gourmand en étirant les scènes jusqu’à plus soif (toujours le même problème chez de la Iglesia) durant une première heure bavarde, là où il aurait fallu continuer à soutenir l’attention du spectateur après le braquage fracassant. Même chose, malgré un montage frénétique, la rencontre avec les sorcières éponymes peine à enclencher la seconde, Carmen Maura passant son temps à marcher au plafond, tandis que nos protagonistes se retrouvent attachés à table en attendant que ça se passe. Dieu merci, nous sommes récompensés durant la dernière demi-heure, complètement folle, sanglante, vulgaire (comme on l’aime) et menée à cent à l’heure jusqu’au maladroit épilogue.

Pour info, Zugarramurdi est un petit village niché dans les Pyrénées occidentales de Navarre, non loin de la frontière française, qui compte un peu plus de 200 habitants. Comme la ville de Salem aux Etats-Unis, le village est à jamais lié à la sorcellerie à cause d’un terrible autodafé qui eut lieu en 1610. Alors si vous ne savez pas où passer vos prochaines vacances…

Le test a été réalisé sur check-disc. France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions. Le menu principal est animé et musical.

Bon… il semble que les 26.000 spectateurs français qui se sont aventurés dans les salles pour découvrir le film d’Álex de la Iglesia à sa sortie n’aient pas encouragé France Télévisions Distribution en ce qui concerne la recherche de bonus conséquents pour la sortie en Blu-ray et DVD des Sorcières de Zugarramurdi…

En effet, nous ne trouvons que trois modules promotionnels, pour une durée totale de 9’, qui ne présentent strictement aucun intérêt puisque le cinéaste et les comédiens racontent tout le film et présentent les personnages. Quelques images dévoilent l’envers du décor, mais tout va beaucoup trop vite.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce en version française.

Le master HD édité par France Télévisions Distribution restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Kiko de la Rica (collaborateur habituel d’Álex de la Iglesia) en conservant un léger grain cinéma, des couleurs à la fois chaudes et froides (bonjour les filtres), mélange réussi de lumières orangées et bleues-vertes, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. Ces volontés artistiques entraînent certes une image parfois plus douce, une légère perte de la définition sur les séquences nocturnes (nombreuses par ailleurs), mais ce serait vraiment chipoter car la compression AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails sont légion sur le cadre large, le piqué aiguisé et la copie éclatante. Seule ombre au tableau : ce Blu-ray est au format 1080i !

L’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 espagnol et français, aussi probants dans les scènes agitées que dans les séquences plus calmes, même si effectivement il n’y en a pas beaucoup puisque tous les personnages sont sans cesse en train de gueuler. Les pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles pendant la séquence du braquage et de la poursuite et d’autres effets foisonnant qui environnent le spectateur de partout. A ce titre, le sabbat final mettra à mal votre installation !

Les ambiances annexes sont omniprésentes et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des séquences au moment opportun. La spatialisation musicale est luxuriante avec un net avantage pour la version originale. Si possible, évitez l’horrible version française.

Les sous-titres français sont imposés sur la version originale, tandis que le changement de langue se fait via le menu contextuel. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également au menu, tout comme une piste Audiodescription.

Crédits images : © France Télévisions Distribution