Les Sévices de Dracula (1971) : le test complet du Blu-ray

Dans l’Europe de l’Est du XIXe siècle : les soeurs Gellhorn, sont orphelines et ont été recueillies par leur oncle, puritain membre d’une secte de fanatiques chasseurs de sorcières. Non loin de là, vit le comte Karnstein, dépravé et adorateur du diable. L’une des soeurs, Maria, est scandalisée par l’aristocrate alors que l’autre, Frieda, éprouve une certaine fascination pour le libertin.

Les Sévices de Dracula est le troisième volet d’une trilogie composée de The Vampire Lovers et Lust for a Vampire, consacrée à la Comtesse Mircalla Karnstein, inspirée par Carmilla, une nouvelle fantastique de l’écrivain irlandais Joseph Sheridan Le Fanu. Ce sera le seul film de ce triptyque à être distribué dans les salles françaises.

Produit par la Hammer Films, réalisé en 1971 par John Hough, Les Sévices de Dracula - titre français trompeur puisque le célèbre Comte n’apparaît pas et n’est d’ailleurs même pas évoqué dans le film - ou plutôt Twins of Evil pour les aficionados, est un merveilleux conte gothique mêlant génialement vampirisme, sorcellerie, gore, violence et érotisme, offrant à l’immense Peter Cushing un de ses rares rôles antipathiques.

Cette production de la Hammer est restée dans les annales pour l’interprétation des deux soeurs jumelles Madelaine et Mary Collinson, maltaises rendues célèbres pour avoir été les premières soeurs à avoir posé nu pour le magazine Playboy. Les deux jeunes femmes, comédiennes amatrices (ou « à mateurs » c’est selon) et doublées par d’autres actrices en postsynchronisation en raison d’un problème d’élocution, s’en sortent vraiment très bien et impriment la pellicule de leur beauté et de leur sex-appeal. L’érotisme demeure palpable et les corps des jumelles, et d’autres superbes créatures, ravissent les yeux et éveillent les sens.

La mise en scène de John Hough est redoutablement efficace et les morceaux de bravoure s’enchainent sur un rythme soutenu. La délicate et superbe photo de Dick Bush flatte constamment la rétine, les décors et costumes sont très beaux, la musique signée Harry Robertson (Comtesse Dracula, The Vampire Lovers) est sans cesse inspirée. Outre l’interprétation des soeurs Collinson, nous retenons bien évidemment celle de l’intense Peter Cushing, impitoyable et remarquablement ambigu dans le rôle de Gustav Weil, fanatique et obsédé par sa quête du diable et de ses disciples, n’hésitant pas à faire brûler sur le bucher n’importe quelle femme qui aurait fricoté avec les forces occultes. Le scénario de Tudor Gates joue et renouvelle habilement avec le mythe du vampire et s’amuse à donner un côté diabolique à l’une des soeurs au visage d’ange, et une vraie sensibilité à l’inquisiteur. Seule petite ombre au tableau : Damien Thomas incarne un comte Karnstein peu convaincant, lisse, parfois risible, qui en fait des tonnes du début à la fin.

Les Sévices de Dracula demeure une grande réussite du genre, un véritable film de vampires doublé d’un très bel objet de cinéma.

Comme les autres titres de la spéciale Hammer d’Elephant Films, Les Sévices de Dracula est édité en combo à tirage limité, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique à deux plateaux avec le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

En plus d’une galerie de photos, des credits, de liens internet et d’un lot de bandes-annonces, l’éditeur joint une présentation du film par Alain Schlockoff (24’), mythique directeur de la revue L’Ecran Fantastique et grand expert de la Hammer. La présentation survole les grandes phases de la production des Sévices de Dracula. Notre interlocuteur replace le film de John Hough dans son contexte et dans l’histoire de la Hammer, passe en revue le casting du film, tout en croisant habilement le fond avec la forme. Les bonus sont identiques pour le Blu-ray et le DVD.

Malgré ce qu’indique la jaquette, ce Blu-ray est au format 1080i (AVC). Heureusement, le film est présenté dans son format respecté et en 16/9 ! Le prologue fait un peu peur avec un voile granuleux hasardeux, des noirs tirant sur le bleu et le côté droit de l’image qui fourmille. Il faut attendre la fin du générique d’ouverture pour se rendre vraiment compte que l’image des Sévices de Dracula a été excellemment restaurée. Le grain est présent mais très bien géré, la définition est souvent exemplaire, la propreté indéniable (aucune scorie à l’horizon), la superbe photo flatte constamment les rétines, la stabilité est de mise et même le piqué est à l’avenant sur certaines séquences, y compris sur les scènes en intérieur. Les couleurs sont claires et vraiment très belles (voir le regard bleu intense de Peter Cushing), les contrastes corrects. L’apport HD pour ce titre est vraiment indispensable. Un très beau lifting.

Le film est disponible en version originale ainsi qu’en version française DTS HD Master Audio mono d’origine. Sans surprise, la piste anglaise l’emporte haut la main sur son homologue, surtout du point de vue homogénéité entre les voix des comédiens, la musique et les effets sonores. La piste française mise tout sur les dialogues, comme si le doublage était récent, tout cela au détriment des ambiances annexes et de l’habillage musical. Dans les deux cas, point de souffle à déplorer, ni aucun craquement. Le changement de langue est possible à la volée et les sous-titres français non imposés.

Crédits images : © Elephant Films