Le Canardeur (1974) : le test complet du Blu-ray

Thunderbolt and Lightfoot

Édition Collector

Réalisé par Michael Cimino (I)
Avec Clint Eastwood, Jeff Bridges et Geoffrey Lewis

Édité par Carlotta Films

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Le 20/11/2014
Critique

Un pasteur de campagne se fait tirer dessus par un inconnu armé en plein milieu de son homélie. Il s’agit de John Doherty, alias le Canardeur, un braqueur repenti, célèbre pour son maniement du canon 20 mm. Ses anciens complices cherchent à le tuer, croyant à tort que ce dernier s’est volatilisé quelques années auparavant avec l’argent d’un casse. Dans sa fuite, le Canardeur fait la rencontre du jeune et fougueux Pied-de-biche, lequel se prend vite d’amitié pour lui…

Véritable western moderne et coup de maître, Le Canardeur est le premier long métrage de Michael Cimino. Portrait amer de l’Amérique (thème cher et récurrent du réalisateur) sous des allures de road-movie, Le Canardeur - horrible titre français - révèle l’immense talent de Michael Cimino (né en 1939), qui retrouve Clint Eastwood pour qu’il avait coécrit l’excellent Magnum Force de Ted Post, deuxième volet de la saga Dirty Harry en 1973. C’est d’ailleurs l’acteur star lui-même qui l’a mis sur le devant de la scène pour la réalisation de Thunderbolt and Lightfoot, ayant fortement apprécié le style de Cimino sur le meilleur épisode de la saga du flic au Magnum 44. On retrouve dès les premiers plans ce qui fera la « marque Cimino » : de grands espaces naturels filmés en cinémascope, ici le Montana, et deux hommes errant dans cette immensité perdue.

Cimino réalise avant tout une magnifique histoire d’amitié s’instaurant entre deux personnages que tout sépare : le caractère, la vision du monde, l’expérience. Le vétéran (Eastwood) sachant que l’Amérique n’a rien à leur offrir, ou que cela arrive bien trop tard, et le jeune chien fou qui cache certaines blessures et qui s’attache instantanément à ce vieux de la vieille, Jeff Bridges, sensationnel d’humour et de vitalité, nommé aux oscars pour ce rôle. Le personnage du Thunderbolt n’a plus rien à offrir, le personnage de Lightfoot a beaucoup à donner et a besoin d’affection. Ce dernier va rendre la vigueur de sa jeunesse au premier. On retrouve les excellents (et complices de Clint Eastwood) George Kennedy et Geoffrey Lewis, véritables Laurel & Hardy, dans un de leurs rôles les plus marquants. Magistralement réalisé (certains plans ressemblent à des peintures), à mi-chemin entre le cinéma de John Ford et Sam Peckinpah, Le Canardeur est un chef d’oeuvre sur l’amitié, sur le désenchantement, sur les faux espoirs que l’Amérique fait naître, non dénué d’humour mais teinté d’un spleen poétique. Une des plus belles interprétations de Clint Eastwood, une oeuvre marquante, sublime, exceptionnelle.

Présentation - 5,0 / 5

La jaquette reprend le visuel de l’affiche originale. Elle est glissée dans un boîtier classique de couleur blanche, lui-même recouvert d’un surétui liseré blanc. Le menu principal reprend le visuel de la jaquette et de la sérigraphie. Musical et fixe.

Bonus - 3,5 / 5

Pour l’amour des personnages (29’) : Dans un entretien audio exclusif, Michael Cimino retrace la genèse du Canardeur, sa rencontre et ses rapports avec Clint Eastwood et Jeff Bridges, respectivement star n°1 du box office et jeune comédien promis à un bel avenir, et nous livre quelques réflexions personnelles sur le cinéma (« le cinéma doit être magique et pas une idée intellectuelle ») et son processus créatif, mais aussi les thèmes explorés dans Le Canardeur, les lieux de tournage…

Ironie masquée (26’) : « Je ne commence jamais à écrire un scénario avec une idée. Je ne commence à écrire qu’avec une idée du personnage. » Cimino a raison, sauf que ses personnages reflètent une Amérique des années 1970. Cette analyse de Jean Douchet lue par un autre sur fond d’images du film vous paraîtra non seulement tirée par les cheveux mais surtout assommante. A croire que chaque image du film a été pensée dans un but analytique (ce qui va contre la pensée de Cimino), cette observation froide, âpre et monotone n’est qu’une redite au langage soutenu des thèmes abordés par le film et par le réalisateur lui-même dans l’entretien précédent. On y parle de verticalité, horizontalité, de sexe, avec des mots sortis du dictionnaire des synonymes pour faire plus recherché. De plus, ce segment sous forme de collage en découragera plus d’un.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits du disque.

Image - 4,5 / 5

Carlotta Films livre un master HD restauré à 2K qui frôle la perfection et permet de redécouvrir le chef d’oeuvre de Michael Cimino sous toutes ses coutures. Les splendides partis-pris esthétiques du directeur de la photographie Frank Stanley (Magnum Force, La Sanction) trouvent en Blu-ray (1080p) un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret (exit les poussières, scories, griffures et tâches en tous genres) même sur les plans de vapeur ou de fumée difficiles à consolider), la photo est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le magnifique cadre large est conservé, la profondeur de champ fort appréciable et seuls quelques plans flous, mouvements de caméra entraînant quelques pertes de la définition et des visages légèrement rosés empêchent d’attribuer la note maximale. Néanmoins, l’encodage AVC demeure solide, la gestion des noirs impeccable, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. Le Canardeur qui affiche déjà quarante ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance.

Son - 4,0 / 5

L’encodage DTS-HD Master Audio 1.0 anglais donne un nouveau coffre à la partition de Dee Parton. Cependant, les voix restent confinées et peinent à créer une dynamique digne de ce nom. Toutefois, cette version surpasse aisément la piste française, encore plus sourde et essentiellement axée sur le report des voix au détriment des effets annexes. Dans les deux cas, l’écoute est propre, aucun souffle n’est constaté. Mais au jeu des différences, la version originale s’avère plus aérée, naturelle et fluide. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Carlotta Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Franck Brissard
Le 13 novembre 2014
Pas de commentaire.
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fabien
Le 2 novembre 2005
c'est du 4/3 et non pas du 16/9 :(

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