La Chèvre (1981) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Francis Veber
Avec Pierre Richard, Gérard Depardieu et Pedro Armendáriz Jr.

Édité par Gaumont

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Le 06/11/2014
Critique

La fille du président Bens a disparu en Amérique du Sud. Campana, grand détective privé, revient bredouille après avoir fouillé tout le pays. Reste une solution : pour retrouver sa fille, Bens doit envoyer sur ses traces quelqu’un d’aussi malchanceux qu’elle : François Perrin ! Ainsi, part en mission ce couple que tout oppose. D’un côté Campana et ses idées arrêtées et de l’autre, Perrin avec son énorme bagage de malchance mais un optimisme imperturbable.

C’est finalement rare dans le panorama cinématographique français, mais La Chèvre est définitivement un des rares chefs d’oeuvres de la comédie hexagonale, de ceux dont les répliques sont rentrées dans le langage courant et la musique de Vladimir Cosma inscrite dans toutes les mémoires. Si Le Jouet, son premier film en tant que réalisateur, s’était soldé par un score « décevant », Francis Veber récidive cinq ans plus tard pour ce qui deviendra un de ses plus gros hits (7,3 millions de spectateurs), jusqu’à ce qu’il soit détrôné par Le Dîner de cons avec 9,3 millions d’entrées en 1998. Si ses thèmes de prédilection apparaissaient dans ses scenarii mis en scène par d’autres cinéastes, c’est dans La Chèvre que prend forme le cinéma de Francis Veber avec son duo de personnages contrastés qui doivent se supporter pour résoudre une situation problématique, plus vulgairement un « buddy-movie ». Pour cela il pense tout d’abord à Lino Ventura - ancien emmerdé de L’Emmerdeur - et Jacques Villeret. Le premier n’arrive pas à se mettre d’accord sur son contrat - en fait il ne souhaite pas tourner avec Villeret - et se retire, le deuxième malheureusement doit suivre le mouvement et devra attendre 17 ans pour se voir invité par un éditeur sans scrupules intéressé par ses Tour Eiffel réalisées en allumettes. Finalement, Veber fait de nouveau appel à Pierre Richard avec qu’il s’était quelque peu brouillé suite au semi-succès du Jouet.

Pour jouer le clown blanc face à l’Auguste, le réalisateur jette son dévolu sur Gérard Depardieu qui n’a pourtant jamais joué dans une véritable comédie. Cette alchimie, cette osmose magique sera une des clés de l’immense réussite de La Chèvre et des deux autres films qui suivront, Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986). Veber se « réapproprie » le personnage créé par Pierre Richard et demande au comédien de gommer ses « trucs » burlesques en laissant le comique agir grâce à la mécanique implacable du scénario et de l’antagonisme avec son partenaire de 14 ans son cadet. Tout comme Pierre Richard, Depardieu est sensationnel dans le rôle de Campana, homme rationnel, cartésien, tout d’abord incrédule, qui va voir toutes ses convictions s’effondrer au fil de cette drôle d’enquête qui va les mener au Mexique. La science précise des dialogues de Veber avait déjà participé au succès de moult classiques du genre chez d’autres réalisateurs (Jean-Jacques Annaud, Pierre Granier-Deferre, Georges Lautner), mais c’est comme s’il avait fallu attendre La Chèvre et donc le passage de Veber lui-même derrière la caméra pour que ses histoires alliées à un découpage millimétré et un rythme alerte, prennent véritablement leur envol. Après tout, l’heure est toujours plus précise chez l’horloger.

Rien, il n’y a absolument rien en trop, pas un bout de gras dans La Chèvre. Plus de trente ans après sa sortie, ce chef d’oeuvre demeure jubilatoire, hilarant, revigorant. Qui plus est, la fin avec le ponton qui se détache sous le regard extraordinaire de Gérard Depardieu est probablement, n’ayons pas peur de l’expression, une des plus belles de l’histoire du cinéma ni plus ni moins.

Présentation - 3,5 / 5

Le Blu-ray se présente avec un boîtier plastique blanc (notre test a été réalisé sur un check-disc). Le menu principal est étonnamment peu recherché, fixe et muet. On peut même dire que c’est très décevant, d’autant plus que les caractères sont vraiment trop étriqués. L’éditeur avait mis le paquet concernant le menu du DVD puisqu’il était animé sur des dessins de Moebius inspirés du film.

Bonus - 4,0 / 5

Gaumont reprend la quasi-entièreté des suppléments de l’édition DVD sortie en 2002 à l’occasion du vingtième anniversaire du film, sauf la galerie d’affiches internationales et le scénario complet du film qui était alors dispo en option DVD-ROM.

On commence donc par le commentaire audio de Francis Veber et Pierre Richard enregistré le 1er février 2002. Si on est tout d’abord heureux de retrouver les deux complices, les informations sont ensuite distillées au compte-gouttes, entre quelques plages de silence. Francis Veber parle du casting prévu à l’origine (Lino Ventura et Jacques Villeret), admire ses comédiens en les couvrant d’éloges et en se souvenant de leur rencontre, des conditions de tournage au Mexique, des recherches de nez réalisées afin que Gégé puisse y glisser ses gros doigts dans la célèbre scène du club privé. Pierre Richard est un plus discret, mais raconte quelques savoureuses anecdotes sur Gérard Depardieu.

S’ensuit un documentaire rétrospectif de 52 minutes intitulé Francis Veber, la mécanique du rire. Il s’agit en fait de la deuxième partie d’un documentaire dont la première se trouve la galette du Le Placard, entièrement consacré au cinéma de Francis Veber. Ce dernier est évidemment présent, tout comme certains réalisateurs qui ont mis en scène un de ses scenarii à l’instar de Jean-Jacques Annaud (Coup de tête), Pierre Granier-Deferre (Adieu poulet), Edouard Molinaro (les deux premiers Cage aux folles), mais également Pierre Richard et le compositeur Vladimir Cosma. Si certains propos font légèrement redondance avec ce qui a déjà été entendu dans le commentaire audio, d’autres souvenirs liés au tournage de La Chèvre sont heureusement au programme, et pas seulement. En effet, ce documentaire dresse le portrait d’un scénariste perfectionniste, parfois (légèrement) égratigné par ses confrères (Edouard Molinaro lui reproche son manque de sensibilité) mais dans tous les cas admiré pour ses histoires d’une précision d’orfèvre. Plusieurs extraits de films, y compris du remake américain de La Chèvre américain intitulé Danger Public (Pure Luck) avec Martin Short et Danny Glover, réalisé par Nadia Tass en 1991, viennent illustrer ce passionnant module.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce constituée en grande partie de prises alternatives.

Image - 4,0 / 5

Le DVD de La Chèvre sorti en 2002 proposait le chef d’oeuvre de Francis Veber dans un nouveau master numérique restauré, un nouveau transfert anamorphique 16/9 avec son format du film respecté 1.66. Pour son nouveau lifting et sa sortie en Blu-ray, La Chèvre est de retour en Haute-Définition dans un format 1080p, AVC. Cette galette bleue n’est pas aussi définie que certains autres titres de la collection Gaumont, y compris de films plus anciens comme la collection Lautner notamment. Néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, car la restauration est admirable et toutes les scories ont été purement et simplement éradiquées. L’élévation HD offre à La Chèvre une nouvelle cure de jouvence plus de dix ans après son édition en DVD, le grain cinéma est restitué et les contrastes trouvent une nouvelle densité. L’encodage consolide l’ensemble, les noirs sont plutôt concis, le piqué renforcé surtout durant la dernière partie dans la jungle, nettement moins dans les scènes en intérieur. Signalons tout de même une colorimétrie aux tons parfois trop pastels ou ternes selon les séquences, soit une clarté qui bouffe un peu les détails, certains plans sensiblement plus altérés ainsi qu’une profondeur de champ parfois limitée. Notons que les nombreuses séquences en voiture manquent ici véritablement de naturel en raison des images projetées en fond qui détonnent avec l’image proprette de l’habitacle.

Son - 4,0 / 5

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La mythique composition de Vladimir Cosma perce légèrement les tympans en ouverture avec la flûte de pan, mais rien de bien méchant, son nouvel écrin phonique est finalement agréable. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Ludo_88
Le 2 juillet 2016
Encore une restauration Gaumont saboté par un curieux choix d'étalonnage grisâtre des couleurs. On est une fois de plus sur du ton pastel que naturel. Les noirs ne sont pas franchement noir, et les blancs donnent une impression de brûlé sans être saturés... Comme si la plage de contraste était trop limitée. Du coup, cela donne une impression de définition en baisse. Car en dehors de cela, la copie est splendide.
Le son tiens lui aussi très bien la route... Dommage une fois de plus !
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Franck Brissard
Le 23 octobre 2014
Pas de commentaire.
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diodon
Le 30 octobre 2013
Pas de commentaire.

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