Réalisé par Frederick Wiseman
Édité par Blaq Out
National Gallery s’immerge dans le musée londonien et propose un voyage au coeur de cette institution peuplée de chefs d’oeuvres de la peinture occidentale du Moyen-âge au XIXe siècle. C’est le portrait d’un lieu, de son fonctionnement, de son rapport au monde, de ses agents, son public, et ses tableaux. Dans un perpétuel et vertigineux jeu de miroirs, le cinéma regarde la peinture, et la peinture regarde le cinéma.
Le film fleuve de Frederick Wiseman (né en 1930), éminent documentariste, aura connu un franc succès dans les salles françaises. Après At Berkeley (2013), Crazy Horse (2012), Boxing Gym (2010) et La Danse - Le ballet de l’Opéra de Paris (2008), le réalisateur, monteur, producteur, preneur de son et scénariste américain a décidé de planter sa caméra dans l’antre de la National Gallery de Londres. Voilà trente ans que Frederick Wiseman désirait réaliser un documentaire sur un musée. Après avoir obtenu le feu vert et toutes les autorisations nécessaires, le tournage de National Gallery a démarré début janvier 2012 et s’est étalé sur douze semaines, durant lesquelles Wiseman est resté quasiment cloîtré au sein du musée.
Le documentariste capture tout. Le musée avant son ouverture, les premiers visiteurs qui admirent les oeuvres - cadrées au plus près - sans être bousculés, les flots de touristes venus du monde entier qui regardent (et « dialoguent avec » pourrait-on dire) les tableaux (à moins que ça soit le contraire, sûrement même), les visites guidées de l’exposition Léonard de Vinci, les retardataires, les jeunes captivés par leur smartphone, les agents de surveillance, les restaurateurs, les commissaires d’exposition qui s’interrogent sur la façon d’attirer un nouveau public tout en préservant l’intégrité du musée, les entrailles de la bâtisse, la direction qui s’affaire… jusqu’à la nuit tombée puis à nouveau l’aurore où les agents d’entretien préparent le terrain.
Nous sommes conviés à une visite de trois heures, sachant que Wiseman s’était retrouvé avec près de 170 heures d’images dans sa salle de montage. C’est une découverte de chaque instant, une histoire qui laisse la place à une autre, sans fin, les époques se côtoyant, les sensibilités s’imbriquant, le cinéma regardant la peinture et inversement. Le réalisateur s’attarde sur les petits rouages qui font fonctionner la machine et nous fait découvrir en même temps que lui tout le travail nécessaire pour mettre une oeuvre en valeur. Wiseman concocte une mosaïque, sans commentaire, seulement avec le son capturé en direct, une cacophonie dans laquelle on se perd volontiers.
Le Blu-ray de National Gallery, édité par Blaq Out, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné très élégant. Le visuel de la jaquette reprend celui, très réussi, de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.
Rien, même pas la bande-annonce du film n’est disponible en guise de supplément !
Tourné en numérique, National Gallery bénéficie d’une édition HD au format 1080i, format qui sied à merveille aux fantastiques images du documentariste, qui parvient à restituer les volontés artistiques de son auteur avec une précision d’orfèvre. Le cadre est superbe, la colorimétrie scintillante et le relief omniprésent. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est merveilleusement acéré, les noirs compacts, les ambiances chaudes et les contrastes denses. Signalons tout de même que la jaquette annonce erronément un Blu-ray au format 1080p.
La piste 5.1 demeure au point mort pendant près de trois heures et il faut attendre le ballet final pour que les enceintes arrière se réveillent sensiblement. Les séquences demeurent essentiellement axées sur les frontales, les latérales se contentant d’un écho très lointain. Pour cause de tournage brut, l’enregistrement sonore varie selon les conditions des prises de vue et de la distance de Frederick Wiseman vis-à-vis du sujet filmé. Pour une meilleure homogénéité, la stéréo se révèle parfaite, percutante à souhait, cette piste donne finalement plus de corps à l’ensemble. Les sous-titres français sont imposés.
Crédits images : © Sophie Dulac Distribution