Le Cheval de Turin (2011) : le test complet du Blu-ray

A Torinói ló

Réalisé par Béla Tarr
Avec János Derzsi, Erika Bók et Mihály Kormos

Édité par Blaq Out

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Le 14/04/2015
Critique

Le cheval de Turin

À Turin, en 1889, Nietzsche enlaça un cheval d’attelage épuisé puis perdit la raison. Quelque part, dans la campagne : un fermier, sa fille, une charrette et le vieux cheval. Dehors le vent se lève.

Récompensé par l’Ours d’Argent au Festival de Berlin en 2011, Le Cheval de Turin serait, selon son réalisateur Béla Tarr, le dernier film du cinéaste hongrois, en raison du fait que « le public ne voudrait plus de ce cinéma-là » et que le processus de production deviendrait de plus en plus difficile dans son pays. Après dix longs-métrages, courts-métrages et vidéos tournés depuis 1977, le cinéaste hongrois adulés des cinéphiles tirerait en effet sa révérence avec ce film extraordinaire qui inscrit son histoire à partir de faits réels concernant le philosophe allemand Friedrich Nietzsche.

En 1889 à Turin, celui-ci a enlacé un cheval malmené par son cocher, avant de subir de graves troubles psychologiques et de passer les dernières années de sa vie en état végétatif. Alors que ces faits sont habituellement racontés du point de vue de Nietzsche, Béla Tarr invente ce qui est ensuite arrivé à ce fameux cheval. Le film commence lorsque le fermier et le cheval retournent à la ferme, dans un magnifique plan-séquence de plus de cinq minutes.

En 2h26, Le Cheval de Turin se compose seulement de 30 prises et se focalise sur trois comédiens (et un cheval, également crédité au générique) à l’écran. Avec ses longs plans contemplatifs, ses silences et son ambiance presque apocalyptique (la tempête fait rage tout du long) le metteur en scène touche au sublime et malgré le peu d’action, qui plus est répétitive à l’écran (se lever, s’habiller, manger rapidement, aller chercher de l’eau au puits, regarder par la fenêtre), le spectateur demeure captivé par la beauté des décors naturels, du rythme, de la photo. Nous sommes ici dans l’ordre de l’indicible, la mise en scène est tellement belle, aérienne et virtuose qu’on en pleurerait, sans que l’on sache exactement pourquoi. Le fondu au noir qui clôt le film nous fait l’effet d’un uppercut, il n’y a plus d’espoir, le monde peut mourir dans un silence de plomb.

Le cheval de Turin

Présentation - 4,5 / 5

De la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur noire (lui-même glissé dans un surétui cartonné), en passant par le menu principal, tout est ici en N&B légèrement bleuté. Le menu principal est fixe, bruité et sobre.

Bonus - 3,0 / 5

L’éditeur reprend le module déjà présent sur le DVD, à savoir une indispensable leçon de cinéma (44’) réalisée par le cinéaste hongrois lors d’une rétrospective intégrale organisée au Centre Pompidou fin 2011. Conduit par Antoine Guillot (journaliste et critique de cinéma), cet échange (disponible avec ou sans la traduction) se révèle passionnant et permet aux novices de se familiariser avec les thèmes de prédilection du metteur en scène. Nous en apprenons également sur son parcours et Béla Tarr en profite également pour donner quelques conseils aux jeunes réalisateurs, bien qu’il affirme qu’enseigner le cinéma est impossible. Notre interlocuteur n’omet pas de répondre aux questions sur la genèse et le traitement du Cheval de Turin, ainsi que sur sa direction d’acteurs.

Le cheval de Turin

Image - 4,5 / 5

Difficile de faire mieux ! Fort d’un master au format 1.66 respecté et d’une compression solide comme un roc, ce Blu-ray (1080p, AVC) en met souvent plein les yeux dès l’introduction avec une définition étincelante du N&B qui laisse souvent pantois. Les contrastes sont d’une densité impressionnante, les noirs profonds, les blancs lumineux et le léger grain original préservé. En dehors d’une ou deux séquences peut-être moins définies, cela demeure franchement anecdotique car les très nombreuses séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes plus claires, le piqué est tranchant, la stabilité de mise, les détails étonnent par leur précision et la profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Béla Tarr et la photo du chef opérateur Fred Kelemen. On ne peut qu’applaudir devant la beauté de la copie !

Le cheval de Turin

Son - 4,0 / 5

Béla Tarr fait une nouvelle fois honneur au son LPCM mono et le mixage hongrois proposé par Blaq Out délivre ses effets et ses rares dialogues avec une grande efficacité. La tempête omniprésente est claire et dynamique, les ambiances ardentes et le confort acoustique fort honorable. Les sous-titres français sont incrustés sur l’image.

Le cheval de Turin

Crédits images : © BlaqOut

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Je donne mon avis !

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Philippe Gautreau
Le 14 avril 2015
Un film hypnotisant, d’une austère beauté, inoubliable !
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Franck Brissard
Le 7 novembre 2014
Pas de commentaire.

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