Les Aristocrates (1955) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Denys de La Patellière
Avec Pierre Fresnay, Brigitte Auber et François Guérin

Édité par Gaumont

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Le 04/08/2015
Critique

Les Aristocrates

En 1950. Le marquis de Maubrun est un homme autoritaire et de surcroît passionnément attaché aux traditions. Or, il se trouve que ces traditions sont sérieusement malmenées par le « progrès » et notamment par certaines réalités sociales et économiques. Quand sa fille Daisy menace d’épouser Christophe de Conti, un parvenu, le marquis n’hésite pas à empêcher ce mariage des plus douteux. Ce problème réglé, il doit intervenir en catastrophe dans une affaire très différente mais tout aussi navrante : ses jeunes fils, victimes d’une conception très particulière de l’honneur, s’apprêtent à s’étriper en duel…

Auparavant assistant du réalisateur Maurice Labro, Denys de La Patellière (1921-2013) signe son premier long métrage Les Aristocrates en 1955, adapté du roman éponyme de Michel de Saint Pierre paru en 1954. Coup d’essai, coup de maître. Le réalisateur raconte la fin d’une ère, d’un monde à part entière. Celle d’une aristocratie incarnée par un père de famille, veuf, qui a voulu transmettre à ses enfants les traditions qui lui ont été inculquées dès son plus jeune âge. Seulement voilà, la société a changé, le langage également, comme le montre cette scène géniale où Pierre Fresnay lit un passage de Razzia sur la chnouf d’Auguste Le Breton et découvre l’argot qui fleurit alors dans la bouche de ses plus jeunes fils. Comment cette famille peut-elle dans ce cas-là espérer communiquer alors qu’ils ne se comprennent plus ?

La Seconde Guerre mondiale est encore présente dans la tête des enfants, quasiment tous adultes à présent, à l’exception de deux frères jumeaux turbulents, et chacun souhaite se libérer du carcan qui leur a été imposé. Ce marquis, père autoritaire, sensible et aimant, est incarné par l’immense Pierre Fresnay. Impérial, le comédien signe une merveilleuse prestation, tout en complexité et ambiguïté, partagé entre le désir de voir ses convictions et positions reprises par ses enfants (un est devenu abbé), et l’envie de les voir réussir dans ce qu’ils souhaitent devenir. Il se heurte notamment à l’amour de sa fille (Brigitte Auber, lumineuse), souhaitant se marier avec le fils (Maurice Ronet) d’un nouveau riche, qui a donc acheté sa particule, inadmissible pour le marquis qui refuse cette union. La rébellion est sur le point d’éclater dans cette famille, notamment lors de l’arrivée d’un des fils, étudiant à Paris, cynique mais réaliste sur la dissolution du monde aristocratique, devenu selon lui une parodie, une caricature sans plus aucun fondement ni de raison d’être.

Ce qui frappe d’emblée dans Les Aristocrates, c’est la qualité et la modernité de ses dialogues, souvent implacables dans ce conflit de générations. Certaines répliques sont même incroyables, très fortes, inattendues même, surtout à mesure que le récit avance et s’assombrit, de la scène où les jumeaux partent en forêt et se provoquent en duel, en passant par le type alcoolique qui prend quelques enfants en otages, jusqu’à la dernière séquence où, après un drame, le marquis décide finalement d’être le seul à souffrir de ses exigences tout en faisant comprendre au reste de la famille qu’il ne souhaite pas et ne peut pas voir ce qui est nécessaire à leur bonheur.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, Les Aristocrates n’a absolument rien de poussiéreux. Ce premier film de Denys de La Patellière reste franchement contemporain grâce au jeu des merveilleux comédiens, et de son sujet sur l’universalité des relations entre les parents et les enfants, qu’importe la classe sociale, puisque le désir d’émancipation, ancré en chacun de nous, est le propre de l’être humain.

Les Aristocrates

Présentation - 3,5 / 5

Le test du Blu-ray des Aristocrates, édité chez Gaumont, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est fixe et muet, un peu plus recherché que d’habitude. Le visuel en couleur de la jaquette peut être trompeur puisque le film de Denys de La Patellière est bel et bien en N&B.

Bonus - 3,0 / 5

En plus de la bande-annonce, qui rend compte de la restauration du film, nous trouvons un excellent documentaire rétrospectif de 31 minutes, croisant les interviews du comédien Philippe Laudenbach (neveu de Pierre Fresnay), de la comédienne Brigitte Auber (Daisy de Maubrun dans Les Aristocrates) et du réalisateur Denys de La Patellière, également scénariste du film. Si le premier évoque son oncle à travers quelques souvenirs personnels, les deux autres intervenants s’expriment évidemment sur les conditions de tournage des Aristocrates, la genèse du film, comment de La Patellière s’est retrouvé par hasard aux commandes de son premier film, le casting, les thèmes et parlent bien évidemment de la simplicité, l’élégance et la discrétion de Pierre Fresnay sur le plateau. Denys de La Patellière évoque également la sortie et le succès du film, ainsi que de la critique virulente de François Truffaut à son égard.

Image - 4,5 / 5

On ne s’attendait pas à un rendu aussi lisse pour un film qui fête cette année ses soixante ans. Alors certes, quelques puristes risquent de crier au scandale devant la quasi-absence du grain original mais force est de constater que ce master 1.33 HD encodé en AVC des Aristocrates est admirable. D’emblée, la copie nous apparaît étincelante, des noirs denses côtoient des blancs immaculés et la palette de gris est largement étendue. La restauration est exceptionnelle, aucune scorie n’a survécu au nettoyage numérique et le piqué est bluffant. Seules quelques séquences en extérieur demeurent marquées par de légers fourmillements, mais ce serait vraiment chercher la petite bête.

Son - 4,5 / 5

La piste mono bénéficie d’un encodage en DTS HD-Master Audio. Si quelques saturations demeurent inévitables surtout sur les quelques dialogues aigus, l’écoute se révèle fluide, limpide et surtout saisissante. Aucun craquement ou souffle intempestifs ne viennent perturber l’oreille des spectateurs, la musique de René Cloërec (La Traversée de Paris, , La Jument verte) est admirablement restituée et les échanges sont clairs.

Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Les Aristocrates

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 5 août 2015
Contrairement à ce que certains pourraient penser, Les Aristocrates n’a absolument rien de poussiéreux. Ce premier film de Denys de La Patellière reste franchement contemporain grâce au jeu des merveilleux comédiens, et de son sujet sur l’universalité des relations entre les parents et les enfants, qu’importe la classe sociale, puisque le désir d’émancipation, ancré en chacun de nous, est le propre de l’être humain.

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