Tempête sur la colline (1951) : le test complet du Blu-ray

Condamnée à mort pour le meurtre de son frère, Valerie Carns, est escortée à Northwich pour y être exécutée. Mais une inondation force ses gardes à s’abriter dans un couvent en haut d’une colline, où tout un village trouve refuge pendant les intempéries. Dans ce lieu hors du temps protégé des drames du monde extérieur, la soeur infirmière Mary se persuade de l’innocence de la jeune femme et entreprend de la sauver.

Attention film rare ! Tempête sur la colline, Thunder on the Hill, réalisé par Douglas Sirk en 1951, est une des oeuvres les plus méconnues du cinéaste allemand d’origine danoise. Thriller intimiste, savamment cadré et photographié dans un N&B très tranché avec certaines séquences à la limite de l’expressionnisme, Tempête sur la colline demeure quasi-inédit dans nos contrées et mérite d’être redécouvert.

Cette oeuvre atypique démontre que Sirk n’était pas «  seulement  » le roi du mélodrame hollywoodien, comme l’ont d’ailleurs prouvé ses fantastiques comédies (Qui donc a vu ma belle ?, No Room for the Groom), mais il touche aussi au genre policier puisque Tempête sur la colline possède ce parfum propre aux aventures d’Agatha Christie où Miss Marple serait ici remplacée par une soeur infirmière (Claudette Colbert) bien décidée à mener son enquête afin de sauver une jeune femme (Ann Blyth) accusée du meurtre de son frère, dont elle se dit innocente, qui doit être condamnée à mort par pendaison le lendemain.

A l’instar de Jugé coupable de Clint Eastwood, Tempête sur la colline joue avec les nerfs du spectateur en le plaçant en tant que témoin, pris malgré-lui dans cette course contre la montre. Bien que le cadre du film se déroule presque entièrement dans un couvent, Sirk ne s’encombre pas de «  lourdeurs  » religieuses. Son personnage principal - elle-même à la recherche de la rédemption - est certes une servante de Dieu, mais agit dans le but de sauver une jeune femme, convaincue de son innocence, et ne recule devant rien pour arriver à ses fins, quitte à outrepasser sa hiérarchie et mentir aux forces de l’ordre. Et c’est absolument passionnant. L’intrigue se resserre dans un lieu unique, un couvent situé sur les hauteurs, où les personnages trouvent refuge suite à d’importantes inondations qui ont rendu les routes impraticables. Comme dans une partie de Cluedo, on assiste même à un petit jeu de pistes avec la recherche des journaux, chaque témoin se trouve bien dépeint et l’on comprend très vite que le véritable assassin est peut-être dans l’assistance… d’ailleurs on le devine bien assez tôt et c’est sans doute le seul point faible.

Remarquablement interprété, Tempête sur la colline est un très grand film de Douglas Sirk, qui nous prend aux tripes pendant 1h20 - il y a même une touche hitchcockienne dans la confrontation finale - et mène son drame comme un véritable thriller atypique et inattendu. Une vraie découverte.

Tempête sur la colline est édité en combo par Elephant Films, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos, de liens internet et des credits du disque, nous trouvons une excellente présentation de Tempête sur la colline par Jean-Pierre Dionnet (13’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, visiblement très inspiré et pour cause puisque Douglas Sirk est un de ses cinéastes favoris, replace ce film dans la carrière du réalisateur et se penche également sur le casting.

Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, en racontant tout d’abord comment il a découvert le cinéma de Sirk, puis parcourt ensuite les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches…

Difficile de faire mieux ! Fort d’un master au format 1.33 respecté et d’une compression solide comme un roc, ce Blu-ray en met plein les yeux dès l’introduction avec une définition étincelante du N&B qui laisse souvent pantois. Les contrastes sont d’une densité impressionnante, les noirs profonds, les blancs lumineux et le grain original préservé. En dehors d’une ou deux séquences peut-être moins définies, cela demeure franchement anecdotique car les très nombreuses séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes plus claires, le piqué est tranchant, la stabilité de mise, les détails étonnent par leur précision et la profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Douglas Sirk et la photo du chef opérateur William H. Daniels (La Chatte sur un toit brûlant, Harvey). On ne peut qu’applaudir devant la beauté de la copie !

Seule la version originale DTS HD Master Audio Dual Mono est disponible (qui s’en plaindra ?) et se révèle heureusement riche et propre. La musique est joliment restituée, le report des voix est appréciable, évite toutes saturations exagérées et l’ensemble est au final suffisamment dynamique.

Crédits images : © Elephant Films