Goodbye Morocco (2012) : le test complet du DVD

Dounia, divorcée, un enfant, vit avec un architecte serbe à Tanger. Une liaison scandaleuse aux yeux de la famille marocaine. Le couple dirige un chantier immobilier où le terrassement met à jour des tombes chrétiennes du IVème siècle, ornées de fresques. Dounia se lance alors dans un trafic lucratif, espérant gagner très vite de quoi quitter le Maroc avec son fils et son amant. Mais un des ouvriers du chantier disparaît…

Un film noir au Maroc. C’est Goodbye Morocco, qui signe le retour derrière la caméra du cinéaste franco-algérien Nadir Moknèche à qui l’on doit Délice Paloma et Vive Laldjérie. Le cinéaste transforme l’excellente Lubna Azabal en héroïne du genre, sombre, impassible et déterminée, une femme (fatale ?) de pouvoir qui dirige les hommes, des ouvriers sénégalais sur un chantier. Elle y fait une découverte qui pourrait lui permettre de quitter définitivement le Maroc.

En choisissant de raconter une histoire autour d’un trafic archéologique, Nadir Moknèche use des codes du thriller à travers une musique qui tend vers les envolées de Bernard Herrmann, une construction riche et non linéaire reflétant la complexité des personnages, de leurs agissements et de leurs relations.

Le cinéaste nous tient en haleine jusqu’au bout, évoque l’union d’une femme musulmane divorcée avec un Serbe, une union interdite, tabou. Le personnage de Dounia interprété par Lubna Azabal représente le combat quotidien pour l’émancipation de la femme. Une volonté d’autonomie, de direction de son destin, de ses intérêts, dans un mouvement d’individualisation qui a commencé dans le monde arabo-musulman.

Dounia veut décider pour elle-même, être en prise avec sa propre vie, et veut quitter le Maroc pour l’Europe, si possible avec son fils dont la garde lui a été refusée. Implacable, singulier et intense portrait d’un pays doublé de celui d’une femme moderne, drame social, politique, amoureux, Goodbye Morocco est une incontestable réussite.

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal reprend l’interface classique chère à France Télévisions. Animé et musical, l’ensemble demeure efficace.

En plus d’une galerie de projets d’affiches (pas trop mal pour une fois) et de la bande-annonce, l’éditeur joint un entretien de vingt minutes avec le réalisateur Nadir Moknèche. Ce dernier revient sur l’écriture du scénario, les personnages et leurs intentions, la collaboration avec les comédiens, la construction du film et le tournage à Tanger. A ne pas manquer.

France Télévisions Distribution prend soin du master de Goodbye Morocco et nous livre une copie propre et immaculée du film de Nadir Moknèche. D’emblée, le cadre large offre une profondeur de champ indéniable, le relief est fort appréciable, les contrastes à l’avenant, les teintes chatoyantes idéalement restituées et le piqué impressionnant sur les gros plans. A l’exception de sensibles artefacts de compression et flous sporadiques sur les déplacements rapides de la caméra, la définition demeure pointue et les ambiances nocturnes flatteuses.

Les ambiances naturelles demeurent omniprésentes grâce à une remarquable spatialisation. La musique jouit d’une large ouverture des enceintes, la balance frontale est remarquable, et seul le caisson de basses n’a pas vraiment l’occasion de faire parler de lui. Les dialogues sont solidement plantés sur la centrale et les conditions acoustiques sont amples et généreuses. Même chose pour la piste stéréo, d’une redoutable efficacité, même si l’on perd évidemment le pouvoir immersif de son homologue 5.1.

Dommage que les sous-titres français destinés au public et malentendant ne soient pas disponibles.

Crédits images : © Les Films du Losange