Des pas dans le brouillard (1955) : le test complet du DVD

Footsteps in the Fog

Réalisé par Arthur Lubin
Avec Stewart Granger, Jean Simmons et Bill Travers

Édité par Sidonis Calysta

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Le 25/07/2016
Critique

Des pas dans le brouillard

Depuis la mort de son épouse, Stephen Lowry affiche une douleur feinte. Une mort que lui-même a provoquée en empoisonnant sa femme. Sa jeune servante, Lily, a trouvé le flacon d’arsenic et obtient de ce fait un redoutable moyen de pression dont elle use. Elle en profite pour prendre de l’autorité dans la maison et contraint Stephen de faire d’elle sa maîtresse. Or, Stephen désire épouser Elizabeth, la fille de son associé Alfred Travers.

Le réalisateur américain Arthur Lubin (1898-1995), plus connu outre-Atlantique pour la saga des Francis, le mulet qui parle le mulet qui parle avec l’excellent Donald O’Connor et ses comédies avec le duo Abbott & Costello, s’est peu écarté de son genre de prédilection, et pourtant Des pas dans le brouillard (Footsteps in the Fog), mis en scène en 1955, est une exception dans sa prolifique carrière. Sous ses allures de drame victorien, Des pas dans le brouillard est un véritable film noir aux couleurs flamboyantes, que l’on doit au chef opérateur Christopher Challis. Mariés depuis 1950, le couple Jean Simmons (Un si doux visage) et Stewart Granger (Scaramouche) tient le haut de l’affiche. Malgré les décors colorés, le faste des décors, l’élégance des costumes, l’histoire et les personnages s’avèrent sombres, vénéneux, ambigus, troublants.

Stewart Granger est Stephen Lowry, machiavélique à souhait, est un homme arriviste, qui vient de se débarrasser de son épouse, plus âgée et surtout riche. Son plan a fonctionné comme il le souhaitait et son désir d’épouser une jeune et riche héritière semble être sur le point de se réaliser. Mais c’était sans compter sur sa jeune domestique, Lily (Jean Simmons), qui a découvert qu’il avait empoisonné sa femme. Plutôt que de le dénoncer à la police, elle y voit l’opportunité de s’élever socialement. Sans aucun remords, elle parvient à faire chanter Lowry. Ce dernier, accepte de la nommer première gouvernante de la maison, malgré les protestations de la doyenne des domestiques à qui devait revenir cette promotion. Sous ses airs angéliques et avec sa douce voix, Lily va peu à peu appuyer son autorité et ses menaces sur un Lowry de plus en plus désemparé. Un soir, alors que le brouillard noie les rues londoniennes, il décide de la suivre pour l’assassiner.

L’étrange relation qui se noue entre Lily et Lowry est centrale dans Des pas dans le brouillard. Le spectateur ressent un étrange désir qui unit les deux personnages principaux. Lowry est à la fois intrigué, inquiet, fortement attiré et pourtant dégoûté par cette jeune femme qui le mène par le bout du nez et qui le castre psychologiquement. À l’instar du poison que Lowry a administré à son épouse pour la tuer, le réalisateur Arthur Lubin distille quelques regards, répliques (superbes dialogues), gestes stoppés dans leur élan, un érotisme trouble, qui en disent long sur les véritables pensées des personnages lors de leurs confrontations en apparence retenues. Entre complicité morbide et affrontements vicieux, Stewart Granger et Jean Simmons crèvent l’écran. Le scénario réserve bien des surprises, fait explicitement à quelques oeuvres d’Alfred Hitchcock (The Lodger (Les cheveux d’or) et Rebecca pour ce n’en citer que deux) et offre aux comédiens, notamment Jean Simmons, sensationnelle et fascinante dans ce rôle de jeune femme ambitieuse et visiblement déséquilibrée, l’occasion de signer une immense prestation. Le visage quelque peu figé de Stewart Granger convient à son personnage, paralysé par la frustration de voir ses espoirs bafoués par cette jeune femme. D’autant plus que les sentiments amoureux s’en mêlent.

Remarquable et dérangeant thriller, Des pas dans le brouillard joue à la fois sur la théâtralité des conventions sociales et sur celle des situations dans un décor luxuriant, quasi-factice. C’est là toute l’intelligence de ce scénario pointilleux et de la mise en scène d’Arthur Lubin, qui signe probablement ici le chef d’oeuvre de sa vie.

Des pas dans le brouillard

Présentation - 4,5 / 5

Disponible chez Sidonis Calysta, Des pas dans le brouillard intègre la collection Film Noir. Le visuel de la jaquette est très attractif et soigné, tout comme la sérigraphie du DVD. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

Au menu des suppléments, nous retrouvons les fidèles et éminents Bertrand Tavernier (20’), Patrick Brion (12’) et François Guérif (13’), qui réalisent tous les trois une présentation du film d’Arthur Lubin. Ces trois exposés se complètent parfaitement.

Dans le premier, plus dense, Bertrand Tavernier se souvient avoir vu le film à sa sortie avec son père et sa grand-mère. Notre interlocuteur évoque son ressenti d’alors pour Des pas dans le brouillard, qu’il affectionne tout particulièrement encore aujourd’hui. Bertrand Tavernier se penche ensuite sur les thèmes et les genres qui se croisent dans le film d’Arthur Lubin, examine les partis pris esthétiques de la photo du chef opérateur Christopher Challis, replace le film dans la carrière du réalisateur et n’oublie pas de parler du casting.

Grand fan de Stewart Granger, Patrick Brion semble très heureux de parler de Des pas dans le brouillard. Le critique se focalise tout d’abord sur la scénariste Dorothy Davenport et l’adaptation de la nouvelle de W.W. Jacobs. Patrick Brion évoque ensuite les thèmes du film et explique pourquoi Des pas dans le brouillard est un vrai film noir sous ses apparences de drame victorien. Comme Bertrand Tavernier, Patrick Brion ne cache pas son admiration pour Jean Simmons.

C’est ensuite au tour de François Guérif, critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir, de revenir sur Des pas dans le brouillard. Si quelques propos reprennent quelques arguments entendus durant les présentations précédentes, François Guérif s’attarde surtout sur la carrière de Stewart Granger. L’interactivité se clôt sur la bande-annonce (vo) et une galerie de photos.

Image - 3,5 / 5

Le transfert ne déçoit pas, mais de sensibles et perfectibles problèmes liés à la colorimétrie subsistent. La photo de Christopher Challis (Les Contes d’Hoffmann, Voyage à deux) fait la part belle aux teintes pastel bleutées et vertes. Sur certains plans, l’étalonnage est déséquilibré et les couleurs changent, parfois même au sein d’une même séquence avec quelques légers fourmillements et des visages qui deviennes rosés. Un grain infime se fait constant, la copie est stable et propre, dans l’ensemble la copie est satisfaisante.

Son - 4,0 / 5

Sidonis nous propose les version anglaise et française de Des pas dans le brouillard. Même si la version originale l’emporte sur son homologue du point de vue naturel et restitution des dialogues, les deux pistes s’avèrent claires et propres, et délivre efficacement la musique du film. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Des pas dans le brouillard

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

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Franck Brissard
Le 26 juillet 2016
Remarquable et dérangeant thriller, Des pas dans le brouillard joue à la fois sur la théâtralité des conventions sociales et sur celle des situations dans un décor luxuriant, quasi-factice. C’est là toute l’intelligence de ce scénario pointilleux et de la mise en scène d’Arthur Lubin, qui signe probablement ici le chef d’oeuvre de sa vie.

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