Du haut de la terrasse (1960) : le test complet du Blu-ray

From the Terrace

Réalisé par Mark Robson
Avec Paul Newman, Joanne Woodward et Myrna Loy

Édité par ESC Editions

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Le 01/10/2018
Critique

Du haut de la terrasse

Alfred Eaton, après avoir servi sous les drapeaux, revient chez lui à la fin de la seconde guerre mondiale. Sa mère est devenue alcoolique et son père, patron d’une aciérie, continue de la mépriser. Alfred, décidé à assurer son avenir sans leur aide, quitte le nid familial pour New York où il propose à Lex Porter, un riche ami d’enfance, de fonder une usine d’avions. Au cours d’une soirée, il tombe amoureux de Mary St. John, une riche héritière…

Du haut de la terrasse est l’oeuvre de Mark Robson, réalisateur d’une bonne trentaine de films, de 1943 jusqu’à sa mort, en 1978, après un début de carrière dans le montage, en très bonne compagnie, celle d’Orson Welles pour La Splendeur des Amberson (The Magnificent Ambersons, 1942) et Voyage au pays de la peur (Journey into Fear, 1943), et celle de Jacques Tourneur pour trois films, La Feline (Cat People, 1942), Vaudou (I Walked with a Zombie, 1943) et L’Homme léopard (The Leopard Man, 1943).

Mark Robson a réussi, dans le giron de la Twentieth Century-Fox, à attirer les plus grands acteurs du moment, Boris Karloff, Dana Andrews, Gary Cooper, Kirk Douglas, Alan Ladd, William Holden, Grace Kelly, Richard Widmark, Humphrey Bogart, Ava Gardner, Ingrid Bergman, Frank Sinatra, Charlton Heston, Lee Marvin… et bien d’autres encore.

Il s’est essayé à presque tous les genres en laissant derrière lui quelques honnêtes réussites, dans l’horreur (Bedlam, L’Ile des morts, avec Boris Karloff), dans la comédie, les films catastrophe et de guerre (Les Ponts de Toko-Ri, L’Auberge du sixième bonheur et L’Express du colonel Von Ryan), le drame, avec Plus dure sera la chute, probablement son meilleur film, sans oublier le mélodrame, un genre qui avait le vent en poupe dans les années 50.

Du haut de la terrasse

Du haut de la terrasse, dans cette dernière catégorie, peut, quoi qu’en ait dit certains, se comparer sans déshonneur au cinéma de Douglas Sirk. D’abord pour la qualité du scénario d’Ernest Lehman qui a signé La Tour des ambitieux (Executive Suite, Robert Wise, 1954, toujours dans l’attente d’une édition vidéo en France), Le Grand chantage (Sweet Smell of Success, Alexander Mackendrick , 1957), La Mort aux trousses (North by Northwest, Alfred Hitchcock, 1959), West Side Story (Robert Wise, 1961), Qui a peur de Virginia Woolf ? (Mike Nichols, 1966)… Un scénario solidement structuré et suffisamment subtil, féministe presqu’avant l’heure. Ernest Lehman sera oscarisé à titre honoraire en 2001 « pour l’ensemble de son oeuvre ».

Du haut de la terrasse doit aussi au talent du chef opérateur Leo Tover : après avoir commencé d’apprendre son métier au temps du muet, il a dirigé la photographie de 120 longs métrages, dont Uniformes et jupon court (The Major and the Minor, Billy Wilder, 1942), La Fosse aux serpents (The Snake Pit, Anatole Litvak, 1948), Le Jour où la Terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still, Robert Wise, 1951), Le Temps de la colère (Between Heaven and Hell, Richard Fleischer, 1956)…

Du haut de la terrasse

Le troisième atout dans la manche du film est sa distribution, avec Paul Newman en tête d’affiche. Après des débuts dans des séries télévisées, il était devenu, depuis quatre ans, une star du grand écran avec Marqué par la haine (Somebody Up There Likes Me, Robert Wise, 1956), puis, Le Gaucher (The Left Handed Gun, Arthur Penn, 1958) et, surtout, La Chatte sur un toit brûlant (Cat on a Hot Tin Roof, Richard Brooks, 1958). L’autre vedette c’est son épouse, Joanne Woodward : ils tournèrent ensemble, deux ans plus tôt, dans La Brune brûlante (Rally ‘Round the Flag, Boys! , Leo McCarey, 1958), se plurent, se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (trois). Aux côtés d’autres acteurs chevronnés, on remarque une quasi-débutante, Ina Balin, dont la performance fut saluée par un Golden Globe du Meilleur espoir féminin, qu’on reverra surtout dans des séries jusqu’à sa mort à 52 ans, en 1990.

Du haut de la terrasse vient enrichir la collection Hollywood Legends Premium, lancée fin 2017 par ESC Éditions dans la foulée de Hollywood Legends. Un teaser de deux minutes donne, dans un montage remarquablement bien fait, un aperçu de la richesse de cette collection comptant aujourd’hui une soixantaine de titres.

Du haut de la terrasse

Présentation - 3,0 / 5

Du haut de la terrasse (144 minutes) et son supplément (40 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non remis pour le test.

Le menu animé et musical respectant la charte graphique de la collection, propose le film dans sa version originale au format DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo, avec sous-titres optionnels bien placés à cheval sur la bande noire, ou dans un doublage en français au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 3,5 / 5

Portraits de familles (40’) par Frédéric Albert Lévy. Un critique américain a dit que Du haut de la terrasse avait été pour Paul Newman un film alimentaire (un « pot boiler film » pour faire bouillir la marmite), à une période où il jouait tous les soirs Doux oiseau de jeunesse de Tennessee Williams. Souffrant alors du carcan étouffant de Warner, il avait besoin d’argent après avoir dû verser une indemnité de 500 000 dollars pour la rupture unilatérale du contrat, ce qui l’a mis dans une situation faisant penser au thème du film. Le scénario, adapté d’un best-seller de John O’Hara, un auteur à succès de son vivant, oublié maintenant, était audacieux à l’époque en montrant la quête de liberté sexuelle d’une femme mariée, l’ambiguïté entre amour et sexualité, et en dénonçant les faux-semblants et l’hypocrisie de la société américaine des années 50 et 60. Le film exploite aussi un thème en vogue dans le cinéma de l’époque, la haine entre enfants et parents, particulièrement entre fils et pères. Frédéric Albert Lévy s’apitoie, un peu lourdement, sur la qualité de l’oeuvre de Mark Robson, mais n’oublie pas de souligner la subtile ambiguïté des personnages et des situations qui fait l’intérêt du film.

Du haut de la terrasse

Image - 5,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), restaurée pour l’édition US sortie en janvier 2016, respecte parfaitement la texture argentique, au prix d’un léger grain qui n’affecte pas vraiment la résolution. Les teintes du DeLuxe Color sont fidèlement restituées, ravivées par une plaisante saturation. Alternent ou cohabitent, suivant les scènes, une palette de couleurs chaudes et des bleus magnifiques (Ah ! les yeux de Paul Newman !).

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo de la version originale, très propre, restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec la partition originale d’Elmer Bernstein, servie par une assez généreuse ouverture de la bande passante, avec une efficace séparation des deux voies. Le doublage en français souffre d’un manque certain de distinction et place les dialogues trop en avant, au point qu’il leur arrive de couvrir complètement l’accompagnement musical.

Du haut de la terrasse

Crédits images : ESC Éditions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 2 octobre 2018
Ce mélodrame peut se comparer sans déshonneur au cinéma de Douglas Sirk, pour la qualité de son scénario, solidement structuré et suffisamment subtil, féministe presqu’avant l’heure, pour la beauté de sa photo et, bien sûr, pour sa distribution avec Paul Newman et Joanne Woodward en tête d’affiche.

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