The Card Player (2004) : le test complet du Blu-ray

Il Cartaio

Blu-ray + Livret

Réalisé par Dario Argento
Avec Stefania Rocca, Liam Cunningham et Claudio Santamaria

Édité par Extralucid Films

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Le 18/03/2024
Critique

Le maître du giallo a changé son approche du genre avec The Card Player. Il a déçu certains de ses fans mais réalisé un thriller original.

The Card Player

Un tueur en série défie la police au poker en ligne : s’il gagne, il assassine une nouvelle victime en direct sur le net. Anna Mari, une jeune enquêtrice, épaulée par John Brennan, détaché par l’Ambassade britannique, va pénétrer dans le monde terrifiant du « joueur de cartes ».

The Card Player (Il Cartaio), sorti en Italie en janvier 2004, peu distribué ailleurs, s’appuie sur une histoire et un scénario imaginés et coécrits par Dario Argento et Franco Ferrini qui signent là leur neuvième collaboration avant Lunettes noires (Occhiali neri, 2022).

Le personnage principal, Anna Mari, renvoie délibérément à Anna Manni, la jeune inspectrice de police sur les traces d’un autre tueur en série dans Le Syndrome de Stendhal, réalisé sept ans plus tôt. Deux personnages fragiles et tourmentés.

The Card Player se démarque du reste de l’oeuvre de Dario Argento, avec beaucoup de scènes tournées à l’intérieur d’un commissariat de police, centrées sur les images de sites Internet affichées sur des écrans d’ordinateurs : des images d’une banalité négligeant volontairement l’habituelle recherche esthétique du réalisateur. Peut-être ce réalisme visuel explique-t-il l’accueil tiède du film par la critique et le public en Italie ? Ou l’absence de sang dans un film où la violence reste hors-champ ? Sa distribution fut limitée ailleurs : il est sorti en France sur DVD en 2005.

C’est à Benoît Debie, le chef-opérateur d’Irréversible, que le réalisateur a confié la photo qu’il voulait la plus naturelle possible, caméra souvent portée à l’épaule, avec un minimum d’éclairages artificiels, pour souligner la banalité du cadre de l’histoire, entre quelques belles prises de Rome, à l’écart des circuits touristiques.

The Card Player

Les deux rôles principaux sont bien tenus. Celui d’Anna Mari, par Stefania Rocca, connue, parmi près d’une centaine de rôles, par exemple pour celui de Viol@ (Donatella Maiorca, 1998), une autre histoire criminelle sur l’Internet. Celui de John Brennan, par Liam Cunningham, beaucoup plus connu hors d’Italie que sa partenaire pour plus d’une centaine de rôles, dont celui de Davos Seaworth dans 42 épisodes de Game of Thrones (Le Trône de Fer) et, surtout, sa prestation dans Hunger (Steve McQueen, 2008).

The Card Player, à défaut de figurer dans la liste des meilleurs films de Dario Argento, vaut pourtant pour l’originalité de son thème et la qualité d’un scénario qui, avec un montage efficace, réussit à maintenir la tension dramatique et à faire du film un thriller assez prenant, accompagné par le rock électronique de Claudio Simonetti, compositeur de la musique de onze films de Dario Argento, parmi lesquels Suspiria (1977), Ténèbres (Tenebre, 1982), Phenomena (1985), Opera (1987), Le Sang des innocents (Non ho sonno, 2001).

The Card Player nous est proposé après une belle restauration opérée en 2020 par l’Istituto Luce-Cinecittà à partir du scan 4K du négatif original et du disque magnéto-optique Dolby Digital 5.1.

Le même éditeur, après Trauma (1993), sorti en décembre 2022 et déjà épuisé, a proposé, en même temps que The Card Player, trois autres films de Dario Argento, tous entourés des mêmes soins : Le Syndrome de Stendhal (La Sindrome di Stendhal, 1996), Le Sang des innocents (Non ho sonno, 2001), et Lunettes noires (Occhiali neri, 2022).

Des rééditions bienvenues après la sortie, en décembre 2022, par les Films du Camélia, du Dario Argento - Coffret : Phenomena + Profondo rosso + L’Oiseau au plumage de cristal + Ténèbres + Le Chat à neuf queues + Opera + Dario Argento, soupirs dans un corridor lointain avec, en supplément, le documentaire de Jean-Baptiste Thoret, Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain. Aujourd’hui épuisé, ce coffret est en cours de retirage au moment où nous écrivons ces lignes.

The Card Player

Présentation - 4,0 / 5

The Card Player (104 minutes) et ses suppléments (55 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier au format Blu-ray, glissé dans un épais cartonnage en compagnie d’un livret.

Le film est proposé avec des dialogues dans trois langues, l’anglais que les mouvements de lèvres révèlent comme la langue du tournage, et l’italien, au format DTS-HD Master Audio 5.1, et dans un doublage en français, au format DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Le livret de 48 pages, très abondamment illustré de photos du film, s’ouvre sur un extrait de l’autobiographie Paura publiée en 2014 (éditée en français par Profondo Rosso en 2018) dans lequel Dario Argento rappelle comment l’idée du film lui est venue en observant des jeunes consulter leurs téléphones mobiles pendant la projection d’un film, le choix de Stefania Rocca au lieu de sa fille Asia, retenue aux USA, du chef-opérateur Benoît Debie… Suit, un extrait du hors-série de Mad Movies publié en 2022, Dario Argento, le maître du macabre, dans lequel Gilles Esposito resitue le film dans la filmographie du réalisateur, souligne son choix d’un « aspect sale et sans apprêt », peut-être pour suggérer « le requiem d’un genre ». Le livret se referme sur une Critique de The Card Player par Jean-Baptiste Herment pour Écran Large en 2004 qui pointe les « furtifs éclairs de génie qui placent le réalisateur toujours au-dessus de n’importe quel faiseur, (…) l’ambiance glaciale et putride qui donne au film sa force formelle, (…) l’emploi d’acteurs convaincants dans un giallo truffé de détails qui le rendent passionnant au sein d’un genre qu’Argento a poussé dans ses retranchements depuis plus de trente ans. »

The Card Player

Bonus - 3,5 / 5

Quatre entretiens exclusifs produits par Extralucid Films :

Entretien inédit avec Dario Argento (français, 5’). Il s’est vite intéressé à l’utilisation des nouvelles technologies dans le cinéma, notamment pour The Card Player, une sorte de Non ho sonno, situé à Rome, où il aime tourner, dans le centre comme dans les quartiers chauds…

Analyse du film par Jean-Baptiste Thoret (12’), critique et historien du cinéma, réalisateur en 2019 de [PROGRAM([PROGRAM( dario_argento_soupirs_dans_un_corridor_lointain)])]. Dario Argento, dans la foulée de Non ho sonno, une tentative réussie pour renouer avec le succès commercial, a envie de reprendre comme personnage principal une policière, L’Anna Manni de Le Syndrome de Stendhal, devenue Anna Mari, pour la « confronter à une violence moderne (…) glauque de l’Internet ». Il veut raconter cette histoire sans fioritures, pour souligner la laideur ambiante du net. D’où le choix de Benoît Delbie, chef-opérateur réputé pour filmer en lumière naturelle…

Rencontre avec Claudio Simonetti, auteur-compositeur (anglais sous-titré, 12’). Il a suivi de près le tournage et composé une musique électronique dans son studio romain, en accord avec l’univers du film. Il évoque ses autres compositions, ses ambitions futures…

Entretien avec le chef-opérateur Benoît Debie (17’). Le directeur de la photographie est celui qui, après une esquisse de la scène par le réalisateur et une reconnaissance du lieu, va « assurer l’emballage visuel du film ». Il rappelle sa collaboration avec Gaspar Noé, depuis Irréversible, le plaisir et les difficultés du tournage à Rome. « Dario Argento, qui n’a plus rien à démontrer, ouvert à l’expérimentation, choisit de réaliser des films « qui lui correspondent ».

Making of The Card Player (2003, 4/3, italien sous-titré, 5’). Dario Argento a développé l’histoire pendant trois ans avant de lancer le tournage, en suivant l’évolution du thriller, un genre qui lui est familier, mais avec une approche spécifique, contemporaine. Stefania Rocca présente son personnage…

Bandes-annonces (4’).

The Card Player

Image - 5,0 / 5

L’image, au ratio d’origine de 1.85:1, fraîchement restaurée, réencodée au format 1080p, AVC, d’une impeccable propreté, lumineuse et bien contrastée, avec des noirs denses, affiche une bonne résolution et des couleurs soigneusement étalonnées dans une palette assez froide. Fin et homogène, le grain du 35 mm, a été préservé.

Son - 4,5 / 5

Le son de la version originale en anglais, très propre lui aussi, sans souffle, maintenu au format multicanal de la sortie en salles, a été réencodé après restauration au standard DTS-HD Master Audio 5.1. L’impression d’immersion dans l’action n’est pas spectaculaire, mais cohérente, avec une bonne dynamique.

Ce constat vaut pour la version italienne. Le doublage en français qui, comme souvent place les dialogues trop en avant, limité à la stéréo, n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.

Crédits images : © Medusa Produzione, Opera Film Produzione

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 19 mars 2024
Réédition attendue d’un thriller dont l’originalité a pu dérouter certain fans du maître du giallo. Il nous est proposé pour la première fois en haute définition, après une belle restauration opérée en 2020, dans une édition enrichie d’un livret et d’entretiens exclusifs.
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Josquin
Le 9 mars 2006
Tout le long du film, une chose transparaït. Argento et son compère Franco Ferrini se noient dans les détails ( certains exagérés à la mise en scène, voire très maladroits ) pour tenter de mener à bien le scénario. Leur " détresse " est d'autant plus visible que l'histoire s'achève en laissant derrière elle une tonne de questions. Des portes laissées ouvertes qui auraient pu s'avérer vibrantes de perfection si refermées. L'entêtement des lascards va de paire avec un manque évident d'inspiration. Une profiler entrevue est typée Ally Walker qui joue dans la série ( je vous le donne en mille ) Profiler. Ajoutez une bonne dose de War Games façon internet ( ouh que c'est loin tout ça ! ), une allusion au Silence des agneaux ( la graine retrouvée dans l'oreille des victimes ), et cela donne un film décousu qui, sous prétexte de modernité, snobe son propre potentiel. A croire qu'Argento voulut américaniser son travail ou se renouveler au travers d'oeuvres pré-existantes. Dans un cas comme dans l'autre, résultat mitigé. Le véritable handicap est l'absence de mobile du tueur. A ce sujet, on reste littéralement dans le vague, et où il aurait fallu une tirade cinglante durant laquelle l'assassin étalerait son jeu ( un peu comme Al Pacino face à Keanu Reeves dans l'Associe du diable ), nous assistons à la potacherie mi-suicidaire mi-revancharde d'un mec se faisant grave des films à propos d'une nana.
Personnellement, j'imagine bien un remake de Card Player par Hideo Nakata ( Ring ). Argento, désormais incapable de maîtriser toutes les ficelles d'un bon scénario ? Au vu de ce film, pauvre en séquences chocs, on est tenté de le penser.
Le making-of est pourri de chez pourri. En réalité, des fragments d'interviews, d'images backstage ( très brèves les images ), lesquels constituent un clip de la plus belle incohérence.
26 euros pour un film très moyen, édition simple de surcroït, assaisonné de bonus à chier, moi j'appelle ça du foutage de gueule ! Après, il y en aura pour s'étonner du niveau bas des ventes de dvd. Non, mais vraiment...

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