Memories of Matsuko

Memories of Matsuko (2006) : le test complet du Blu-ray

Kiraware Matsuko no isshô

Édition collector - Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Tetsuya Nakashima
Avec Miki Nakatani, Eita et Yûsuke Iseya

Édité par Spectrum Films

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Le 25/09/2018
Critique

Memories of Matsuko

Shô Kawajiri est surpris par la visite de son père qu’il n’a pas revu depuis qu’il a quitté le nid familial, il y a deux ans, pour tenter de se lancer dans la musique. Il porte une boîte contenant les cendres de sa soeur, Matsuko, battue à mort au bord de la rivière proche de son appartement qu’il demande à Shô d’aller nettoyer. Dans un taudis jonché de sacs poubelles, Shô découvre des objets et des photos qui l’intriguent et lui donnent envie d’en savoir plus sur Matsuko…

Memories of Matsuko (Kiraware Matsuko no isshô), l’adaptation écrite et réalisée en 2006 par Tetsuya Nakashima, d’un roman de Muneki Yamada, nous arrive pour la première fois en vidéo par les bons soins de Spectrum Films.

Salué à sa sortie par de nombreux prix au Japon et par le Prix du meilleur film asiatique par le Fantasia Film Festival de Montréal, Memories of Matsuko frappe par son originalité.

Tout d’abord par son mélange des genres qu’il opère en associant burlesque, mélodrame, violence et… comédie musicale ! Sans oublier l’intrigue policière : qui a tué Matsuko ? Ne serait-ce pas cet individu affreusement balafré qui rôde sur les lieux du meurtre ?

Un film très particulier, aussi, pour son traitement de l’image, avec des couleurs vives comme celles des bonbons acidulés, pour ses éclairages qui font jaillir de l’écran, en pleine nuit, le vert quasi-fluorescent des bas-côtés d’une route, pour les éclats multicolores d’improbables massifs de fleurs plantés çà et là, pour la magie de la postproduction qui teinte les chemins goudronnés en rose ou en parme, les eaux boueuses de la rivière en bleu de Prusse… Il crée un univers dont la débauche de couleurs rappelle souvent le cinéma de Hollywood, avec un clin d’oeil appuyé à l’inoubliable Le Magicien d’Oz, (The Wizard of Oz), version 1939). On peut également deviner dans les séquences musicales des références à La Mélodie du bonheur (The Sound of Music, Robert Wise, 1965) et même au Cendrillon des studios Walt Disney.

Memories of Matsuko

Dans une succession de sauts en avant et en arrière dans le temps, les contours de l’image de Matsuko et l’histoire de sa vie se précisent. Mais le montage réussit habilement à semer le doute : les scènes dans lesquelles on la voit revivre sont-elles la traduction fidèle des témoignages recueillis par Shô ou ne sont-elles que le fruit de son imagination ?

Memories of Matsuko marque également par le contraste entre ses couleurs lumineuses, la légèreté d’une musique sucrée et la noirceur du drame vécu par Matsuko, tombant de Charybde en Scylla, des poings d’un amant violent en ceux d’un autre, encore plus brutal. Une noirceur toutefois vite estompée par l’irréductible optimisme de Matsuko, persuadée que vie lui réserve encore d’inépuisables moments de bonheur.

Memories of Matsuko est, de plus, servi par une solide distribution : au charme et au talent de Miki Nakatani, titulaire du rôle-titre, révélée il y a vingt ans par Ring et Ring 2 (Ringu et Ringu 2, Hideo Nakata, 1998 et 1999), s’ajoute le métier d’Eita (Shô Kawajiri), de Yûsuke Iseya / Yôichi Ryû, le yakuza (Kenshin - La trilogie : Kenshin le Vagabond + Kyoto Inferno + La fin de la légende), de Mikako Ichikawa, dans celui de Kumi Kawajiri, la soeur de Matsuko (The Third Murder / Sandome no satsujin, Hirokazu Kore-eda, 2017). On résistera aussi difficilement à l’espièglerie de Yûki Imai dans son interprétation de Matsuko encore enfant qui fut sa seule apparition sur les écrans.

Un film dont l’originalité et la poésie, soulignée par la partition originale de Gabriele Roberto, font vite oublier l’étirement de certaines scènes musicales.

Une curiosité de plus dans les sorties récentes de l’éditeur Spectrum Films, spécialisé dans la diffusion d’inédits du cinéma asiatique, après The Terrorizers, Colonel Panics, Marlina : La tueuse en 4 actes et Memories of Matsuko.

Memories of Matsuko

Présentation - 4,0 / 5

Memories of Matsuko (130 minutes) et ses généreux suppléments (72 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un étui.

Le menu animé et musical propose le film dans sa seule version originale, au format audio DTS-HD Master Audio 5.1 (Dolby Digital 5.1 sur le DVD), avec sous-titres imposés, qui auraient pu être placés plus bas sur l’image.

Bonus - 4,0 / 5

Entretien avec le compositeur Gabriele Roberto (22’, date non précisée). Il fut le créateur de la musique originale et, sur les indications précises du réalisateur, l’arrangeur du reste de l’illustration musicale composée par Takeshi Shibuya. Interrogé par Jasper Sharp, il précise qu’après une formation musicale à Londres, il est revenu en Italie frapper à toutes les portes pour pénétrer l’industrie cinématographique. C’est par le truchement de sa petite amie japonaise qu’il a pu rencontrer à Tokyo, en 2005, plusieurs agences qui recherchaient de nouveaux compositeurs. La bande originale de Memories or Matstuko, sa première musique de film, fut saluée par un Academy award japonais. La société Grandfunk lui demanda alors de rester au Japon et lui offrit d’autres opportunités. La collaboration avec Tetsuya Nakashima, obsédé par une étroite association de la musique à l’image, fut un réel challenge, d’autant plus que la partition était interprétée par un orchestre symphonique d’une cinquantaine de musiciens. Le défi fut encore plus difficile à relever dans l’autre film auquel il a participé, en 2008, Paco and the Magical Book (Pako to mahô no ehon). Roberto Gabriele, qui partage maintenant son temps entre le Japon et l’Italie, évoque aussi ses compositions pour le cinéma de Hong Kong, notamment avec Pang Ho-cheung pour Dream Home (Wai dor lei ah yut ho, 2010), un film de slasher, et aussi pour des animations, des jeux vidéo et un groupe de pop rock.

Making of Memories of Matsuko (28’, en japonais, sous-titré en anglais). Tetsuya Nakashima, interrogé dans les Studios Tôhô en décembre 2005, ne souhaite pas dire ce qu’il pense de Memories of Matsuko, plus intéressé par les impressions du public. Il souligne l’importance dans le film des fleurs, dont la vie lui fait penser à celle des femmes. Miki Nakatani, l’actrice principale, d’autres acteurs, des techniciens, bien qu’houspillés par le réalisateur, disent que personne n’a quitté l’aventure pendant les deux mois du tournage. Très exigeant, Tetsuya Nakashima pouvait néanmoins accueillir avec intérêt des suggestions faites par les acteurs. Un bon document qui n’intéressera que celles et ceux qui lisent l’anglais ou, en nombre plus compté, qui comprennent le japonais.

Critique par Les Cousins font leur cinéma (19’). Le film, dans une série de flashbacks, dépeint, selon eux, la condition tragique de la femme au Japon. Ils soulignent les nombreuses références faites au cinéma hollywoodien, la diversité de scénario et l’originalité de sa forme…

Bande-annonce (VOST).

Image - 5,0 / 5

L’image (1.78:1), 1080p, AVC) bénéficie de la soigneuse restauration opérée pour l’éditeur britannique Third Window Films, spécialisé dans le cinéma d’auteur d’extrême orient. Avec une résolution poussée, le transfert surmonte les obstacles sans afficher de défauts de compression, même quand Shô fait voler la poussière dans l’appartement de Mastuko. Les contrastes sont fermes, avec des noirs denses et des blancs lumineux, jusqu’à être brûlés, certainement par choix esthétique. Les couleurs sont éclatantes. Ne les jugez cependant pas sur leur aspect naturel : elles ont délibérément été manipulées en postproduction.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (Dolby Digital 5.1 sur le DVD) est, lui aussi, irréprochable. Il restitue les dialogues clairement et une généreuse dynamique associée à une large ouverture du spectre, des aigus cristallins aux basses fermes, donnent à l’accompagnement musical, parfois puissant, la place qu’il mérite. Le remixage 5.1, discret dans la plupart des scènes, crée dans d’autres, comme celle sous une forte pluie d’orage, une convaincante impression d’immersion dans l’ambiance.

Crédits images : © Spectrum Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 25 septembre 2018
Memories of Matsuko, salué à sa sortie par de nombreux prix au Japon et par le Prix du meilleur film asiatique à Montréal, frappe par l’originalité de son scénario, associant burlesque, mélodrame, violence et comédie musicale et par son traitement de l’image, particulièrement des couleurs. C’est aussi un surprenant hommage au cinéma de Hollywood. Un film inconnu que nous fait découvrir Spectrum Films, un éditeur spécialisé dans le cinéma asiatique.

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