Climax (2018) : le test complet du Blu-ray

Blu-ray + CD

Réalisé par Gaspar Noé
Avec Sofia Boutella, Romain Guillermic et Souheila Yacoub

Édité par Wild Side Video

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Le 01/03/2019
Critique

Climax

Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif. Une troupe de danseurs décide de célébrer le dernier jour de répétition avant d’entamer une tournée en France et aux États-Unis. La fête vire au cauchemar.

La danse, c’est tout pour moi !

Vue aérienne d’une femme qui titube avant de s’effondrer dans la neige où elle laisse des traces de sang. « Vous avez vu un film tiré de faits réels survenus en France au coeur de l’hiver 1996 ».

Climax commence ainsi, par la fin, avec les crédits et la présentation des danseurs/acteurs, leur déclaration d’amour à la danse, sur une télé casée entre des livres et une pile de cassettes VHS, parmi lesquelles on repère Suspiria de Dario Argento, Salò ou les 120 jours de Sodome de Pier Paolo Pasolini, Le Droit du plus fort (Faustrecht der Freiheit) et Querelle de Rainer Werner Fassbinder, Un Chien andalou de Luis Buñuel, Possession d’Andrzej Zuławski, comme autant de références aux sources d’inspiration de Gaspar Noé.

Climax s’ouvre sur une chorégraphie, manifestement répétée avec soin par le groupe black-blanc-beur d’une vingtaine de danseurs aux orientations sexuelles variées dans lequel Sofia Boutella est la seule actrice professionnelle. Après un long plan fixe, la caméra quitte le sol pour se poser à la verticale du groupe à la manière de celle de Busby Berkeley. Cette répétition d’ensemble indique le terme d’une préparation de la troupe à sa tournée aux USA.

Climax

Quelqu’un a mis quelque chose dans la sangria… - T’inquiète, c’est la fête !

C’est là que commence la fête, le moment de la décontraction après l’effort, des danses individuelles improvisées, des activités bon enfant. Puis, peu à peu, les bienséances s’estompent, les discussions sont de plus en plus débridées, les hommes se lancent dans une surenchère de propos machos et salaces sur les femmes, la libido s’exacerbe, les résistances s’affaiblissent, la violence ne peut plus être contenue, les phantasmes se transforment en actes…

En trois mots, la fête dégénère ! La caméra suit les personnages dans de longs plans-séquences, sous les éclairages rouges de la salle de danse, bleus et roses des chambres, glauques des longs couloirs lépreux, et commence à perdre le sens de l’horizontalité, à vaciller doucement jusqu’à se retourner à 180°, les personnages paraissant collés au plafond ou libérés des lois de la pesanteur.

On retrouve là, si l’on met entre parenthèses Love où dominent les plans fixes, l’écriture exubérante et virtuose d’Irréversible et, plus encore, d’Enter the Void qui fait la marque de Gaspar Noé avec l’active complicité de son chef opérateur Benoît Debie.

Climax, de l’aveu même du réalisateur, a été tourné sans scénario, dans la continuité chronologique, avec une presque totale liberté laissée aux acteurs pour improviser. La forme, si originale et brillante soit-elle, n’est pas tout dans une oeuvre et ne peut chasser l’ennui que finit par distiller le manque de substance du film qui laissera pourtant en mémoire quelques images fortes.

Climax

Présentation - 3,5 / 5

Climax (96 minutes) et ses suppléments (90 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier contenant le CD de la bande originale du film, non fourni pour le test, effectué sur le seul check disc.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 5.1.

Piste d’audiodescription DTS-HD MA 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Bonus - 3,0 / 5

Jan Kounen et Gaspar Noé (38’). Attablés dans un bistrot devant un café, les deux réalisateurs évoquent avec nostalgie les temps où la VHS allait permettre de « posséder » un film qu’on pouvait regarder chez soi, quand on en avait envie. Puis l’apparition de l’Internet, où Jan Kounen avait créé sa page : quand on entrait dans le moteur de recherche « réalisateur avec un K » son nom sortait avec peu d’autres, de très bonne compagnie : Kubrick, Kurosawa… Ils brocardent les remasterisations avec réétalonnage intempestif, la réduction excessive du grain « qui donne à l’image sa sensualité », vantent les vertus de l’argentique contre le digital, de la pellicule contre le DCP. Ils soulignent les pouvoirs hallucinatoires de la 3D et de la réalité virtuelle, mais diffèrent sur l’approche de la réalisation : si Jan Kounen prépare minutieusement ses tournages, Gaspar Noé aime la liberté que donne un scénario à peine esquissé (celui d’Irréversible tenait sur trois pages), laissant libre cours à l’improvisation, privilégie un tournage effectué dans un temps très court, quinze jours pour Climax, dans l’ordre chronologique du récit pour mieux impliquer les acteurs.

Climax

Tom Kan : l’art du générique (16’). Le graphiste a rencontré Gaspar Noé pour Enter the Void, avec mission de combiner la typographie, la couleur, de rythmer l’image, en association avec la musique. On voit ses recherches, l’évolution du projet, jusqu’à la version définitive du générique. Pour celui de Climax, chaque membre de l’équipe a sa propre typo.

Clip : Sangria (3’, 2.35:1). Sur une composition de Thomas Bangalter, membre des Daft Punk qui avait écrit la musique d’Enter the Void, une démonstration de street dance prise en plongée verticale est une illustration emblématique de l’univers de Climax.

Shoot, court métrage de Gaspar Noé (3’, 2014) pour le projet Short Plays. Des adolescents jouent avec un ballon sur lequel la caméra semble fixée. Une illustration, poussée à son paroxysme, des surprenants mouvements de caméra essentiels dans l’écriture filmique du réalisateur.

Climax

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC) doit être appréciée selon les critères privilégiés par Gaspar Noé : elle doit être plus douce que finement résolue et afficher du grain. Sous des éclairages passant du rouge au vert, s’assombrissant progressivement avec la montée du déchaînement des personnages, elle sert parfaitement les options artistiques du réalisateur. Les noirs ont cependant parfois tendance à se boucher.

Climax

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1, avec un spectre largement ouvert (mais avec des basses qui auraient pu être plus fermes), une utilisation généreuse des voies latérales, assure à l’illustration musicale bariolée le rôle important que lui assigne le film.

Climax

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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1
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Philippe Gautreau
Le 1 mars 2019
La forme, si originale et brillante soit-elle, ne peut, à elle seule, accomplir des miracles. Climax, tourné sans scénario, manque de substance, mais laissera pourtant le souvenir de quelques images fortes.

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