Ivan le Terrible, 1ère et 2ème partie (1957) : le test complet du Blu-ray

Ivan Groznyy I & II

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Sergueï M. Eisenstein
Avec Mikhaïl Zarov, Ludmila Tzelikovskaia et Nicolaï Tcherkassov

Édité par Bach Films

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Le 24/05/2019
Critique

Un chef d’oeuvre du cinéma à la gloire du premier tsar de toutes les Russies, commandé par Staline pour conforter une autorité sans partage.

Ivan le terrible

Première partie. En 1547, Ivan Vassilievitch, grand-prince de Moscou, aussitôt couronné, se déclare, sous le nom d’Ivan IV, tsar de toutes les Russies et soumet les boyards et les riches monastères à son autorité. Mais sa tante Efrossinya Staritskaya veut installer son fils Vladimir à la place d’Ivan et le khan de Kazan lui déclare la guerre…

Deuxième partie. Le prince Kourbsky informe le roi de Pologne Sigismond que les boyards projettent de renverser Ivan IV quand un messager annonce qu’Ivan a quitté Alexandrov, où il s’était retiré, et marche sur Moscou. Pour ramener le calme, Ivan décide de donner une partie des terres aux boyards et s’arroge un pouvoir absolu sur les autres, sous la protection d’une milice, l’opritchnina…

Ivan le Terrible (Ivan Groznyy), tourné à partir de 1941 dans les studios Mosfilm, transférés dans le Kazakhstan pendant la guerre, ne sortira dans les salles de l’Union soviétique que le 20 janvier 1945… et seulement sa première partie. La seconde fut censurée et confisquée au motif officiel qu’elle n’était pas conforme à la vérité historique. Le pouvoir craignait en réalité que le spectateur mal-pensant fasse le rapprochement entre le despotisme d’Ivan IV et les exactions des opritchniki et les purges du régime stalinien. La seconde partie ne put être distribuée qu’à partir du 1er septembre 1958, cinq ans après la mort de Joseph Staline.

Ivan le terrible

Ivan le Terrible devait avoir une troisième partie, sur le thème du repentir d’Ivan IV. Seule une vingtaine de minutes furent montées, dont il ne reste aujourd’hui qu’un fragment de scène d’une durée de quatre minutes. Tout le reste a été méticuleusement détruit !

Ivan le Terrible sera le dernier film de Sergueï M. Eisenstein. Un premier infarctus du myocarde avait retardé la réalisation du film. Le second lui enlèvera la vie en 1948. Il était âgé de 50 ans.

Bien que le film fut, comme Alexandre Nevski, autre figure légendaire de la Russie, une commande du régime totalitaire qui souhaitait identifier Staline, auréolé par son image de chef de guerre, aux héros d’un passé glorieux, Ivan le Terrible conserve l’esthétique du cinéma russe des années 20 et peut être comparé aux autres chefs-d’oeuvre que sont La Grève (Stachka, 1925), Le Cuirassé Potemkine (Bronenosets Potemkin, 1925), et Octobre (Oktyabr, 1927).

On ne peut qu’être subjugué par la beauté et la puissance de la plupart des plans du film, par l’étrangeté des décors gigantesques, sur lesquels les éclairages projettent des ombres allongées, menaçantes, par l’aspect redoutable que donnent à Nicolaï Tcherkassov son maquillage et ses longs costumes noirs, encore accentué par les prises en contre-plongée, saisies par le chef-opérateur attitré d’Eisenstein, Eduard Tisse.

L’irruption surprenante de la couleur rend inoubliable la scène du banquet des opritchniki, les sinistres miliciens, photographiés par Andrey Moskvin, avec leurs danses et costumes grotesques. Et toujours, dans un parfait contrepoint aux images, la musique originale de Sergeï Prokofiev.

Ivan le terrible

Présentation - 4,0 / 5

Ivan le Terrible, 1ère et 2ème parties (95 et 82 minutes) et son supplément (26 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un digipack décoré d’une affiche et d’une photo du film, glissé dans un étui.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 4,0 / 5

Entretien avec Kristian Feigelson (26’), professeur de cinéma à l’Université Sorbonne Nouvelle. Il souligne que l’oeuvre, que Charles Chaplin regardait comme le plus grand film historique jamais tourné, reste fidèle au style d’avant-garde du cinéma d’Eisenstein des années 20, puis résume l’histoire d’Ivan IV. Il analyse la scène en couleurs du banquet, avec uns stylisation des formes en rupture avec le réalisme socialiste. Apparaît dans ce film, comme dans Alexandre Nevski, un héros quasi-divinisé : Ivan renvoie, tout comme Alexandre Nevski, à la personne de Joseph Staline, obligé de réprimer toute tentative de rébellion… pour le bien du pays. Il évoque, pour finir, une réincarnation d’Ivan le Terrible sur les écrans avec Ivan Vassilievitch change de profession (Ivan Vasilevich menyaet professiyu), une parodie réalisée par Leonid Gaidai en 1973 dans laquelle le tsar de toutes les Russies se retrouve piégé dans le XXème siècle par une machine à explorer le temps !

Ivan le terrible

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080i, AVC), allant de blancs lumineux à des noirs denses, en passant par un fin dégradé de gris, a été débarrassée de toutes marques de dégradation de la pellicule avec une réduction du bruit légèrement excessive donnant une photo trop lisse, notamment des visages en gros plan. La restauration d’Alexandre Nevski s’avérait mieux équilibrée à cet égard.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, nettoyé de tous les bruits parasites liés à la détérioration de la piste sonore, offre une assez bonne dynamique, avec peu de distorsions. Le souffle, sensible dans la première partie, est faible dans la seconde.

Crédits images : © Bach Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 24 mai 2019
On ne peut qu’être subjugué par la beauté et la puissance de la plupart des plans du film, par l’étrangeté des décors gigantesques, sur lesquels les éclairages projettent des ombres allongées, menaçantes, par l’aspect redoutable que donnent à Nicolaï Tcherkassov son maquillage et ses longs manteaux noirs.

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