Hiroshima (1953) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Hideo Sekigawa
Avec Eiji Okada, Yumeji Tsukioka et Yoshi Kato

Édité par Carlotta Films

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Le 21/05/2021
Critique

Une impressionnante reconstitution de l’enfer dans lequel ont été plongés les habitants d’Hiroshima par l’explosion d’une bombe A le 6 août 1945.

Hiroshima

Hiroshima, début des années 1950. Professeur au lycée, Kitagawa constate que nombre de ses élèves souffrent des séquelles de la bombe atomique. Il entame alors une discussion avec eux. Face à l’ignorance et à l’indifférence des Japonais, et afin que les victimes ne soient pas contraintes de vivre dans l’ombre de la société, ils estiment nécessaire que leurs compatriotes se rappellent ce jour si fatidique du 6 août 1945…

Hiroshima sorti en 1953, après la signature du traité de San Francisco marquant la fin de l’occupation du Japon par les USA qui avaient interdit toute allusion au lâcher, en août 1945, d’une bombe A sur Hiroshima, puis sur Nagasaki, est le 14ème de la cinquantaine de films de Hideo Sekigawa. Il sortira au Japon en 1953 et Alain Resnais en insérera quelques plans dans Hiroshima mon amour, en 1960. Mais il devra attendre 1994 pour être enfin largement distribué aux USA.

Avant de confier à Hideo Sekigawa la réalisation d’Hiroshima, le syndicat des enseignants, Nikkyoso, avait passé commande à Kaneto Shindô, le futur auteur de deux chefs-d’oeuvre, L’Île nue (Hadaka no shima, 1960) et Onibaba (1964), de Les Enfants d’Hiroshima qu’ils jugèrent trop sentimental. Mais on aimerait que ce film, présenté à Cannes en 1953, soit enfin édité en France.

Hiroshima

Hiroshima, après une introduction un peu trop didactique, reconstitue le bombardement. Le 6 août 1945, à 8h15, le B-29 Enola Gay lâche sur la ville une bombe A qui, en un éclair, rasa 90% des bâtiments, entraîna la mort subite de dizaines de milliers de personnes et contamina une bonne partie des survivants. Le bilan humain du bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki, ciblée le 9 août, estimé à 194 000 morts en 1950, ne prenait pas en compte les décès ultérieurs, les morts à petit feu dues aux radiations, à la « maladie atomique ». Le 15 août 1945, l’empereur Hirohito annonça la capitulation du Japon qu’il signera le 2 septembre à bord du cuirassé USS Missouri.

Hiroshima donne une vision dantesque des dommages causés par « Little Boy », le nom donné à la bombe A qui détruisit tout dans un rayon d’un kilomètre autour du point d’impact, à l’exception du Dôme de Genbaku, dont l’ossature reste aujourd’hui le vestige iconique de la catastrophe. On voit les survivants s’extirper des décombres, errer, hagards, désorientés, les enfants à la recherche de leur mère, les blessés, de nombreux grands brûlés, entassés dans des hôpitaux de fortune… Jusqu’à 90 000 figurants ont été employés pour faire revivre le cauchemar dans lequel ont été soudainement piégés les habitants, comme ce papillon se cognant vainement contre une vitre pour tenter de s’échapper de la pièce dans laquelle il a été enfermé.

Hiroshima, s’il est une indubitable condamnation des USA pour avoir lâché les deux bombes, fustige aussi le fanatisme belliqueux du Japon dans une scène où un soldat, juché sur une caisse, hurle en pressant tous les passants, y compris les enfants, à poursuivre une lutte à mort pour anéantir l’ennemi et sauver l’honneur de l’empire.

Hiroshima, un documentaire-fiction poignant, à voir absolument.

Hiroshima

Présentation - 3,0 / 5

Hiroshima 104 minutes) et son supplément (33 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier de 11 mm, glissé dans un fourreau.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en japonais, avec sous-titres optionnels, au format STS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 3,5 / 5

Hiroshima, le cinéma et l’imaginaire du nucléaire au Japon : essai de Jasper Sharp, écrivain, programmateur et réalisateur britannique, spécialiste du cinéma japonais (33’, 2020). Après un rappel des faits, le documentaire met l’accent sur la censure exercée par les USA ; toute allusion aux bombardements et à leurs effets est strictement prohibée. Un documentaire de 2h45, tourné par le studio Nichiei pendant l’automne 1945, fut réservé au personnel US. Un livre, Les Cloches de Nagasaki (Nagasaki no Kane), fut toutefois publié par Takashi Nagai en 1949. Mais il faudra attendre la fin de l’occupation américaine, en 1952, pour que d’autres films puissent être réalisés. Jasper Sharp passe ensuite en revue l’oeuvre d’Hideo Sekigawa en soulignant son influence sur le cinéma nippon.

Ce documentaire est un des suppléments de l’édition Arrow Academy sortie aux USA en juillet 2020.

Hiroshima

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC), restaurée par Arrow, est, dans son ensemble, d’une remarquable qualité, propre, stable, dense, fermement contrastée, dans un dégradé de gris soigneusement étalonné. Certains plans, des inserts d’archives semble-t-il, laissent toutefois apparaître des taches et, surtout, une instabilité lumineuse.

Son - 3,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 a, lui aussi, bénéficié d’une restauration qui a gommé les bruits dus à la dégradation de la pellicule et contrôlé le souffle. Mais l’étroitesse du spectre et de fréquentes saturations affectent surtout le bel accompagnement musical d’Akira Ifukube qui composera, en 1954, la partition de Godzilla.

Crédits images : © 1953 DOKURITSU PRO MEIGA HOZON KAI. Tous droits réservés.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 21 mai 2021
La reconstitution des dommages causés par la bombe A, réalisée sept ans après son lâcher sur Hirosihima, le 6 août 1945. Longtemps interdit de projection hors du Japon, un documentaire-fiction terrifiant, à voir absolument.

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