Joyland (2022) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Saim Sadiq
Avec Ali Junejo, Rasti Farooq et Alina Khan

Édité par Condor Entertainment

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Le 27/06/2023
Critique

Un premier film, venu du Pakistan, dépaysant, sur le thème universel du poids des conventions sociales sur la liberté des choix de vie.

Joyland

À Lahore, Haider et son épouse Mumtaz cohabitent avec la famille de son frère au grand complet. Dans cette maison où chacun vit sous le regard des autres, Haider est prié de trouver un emploi et de devenir père. Le jour où il déniche un petit boulot dans un cabaret, il tombe sous le charme de Biba, danseuse sensuelle et magnétique. Alors que des sentiments naissent, Haider se retrouve écartelé entre les injonctions qui pèsent sur lui et l’irrésistible appel de la liberté.

Joyland, salué à Cannes par le Prix du jury dans la sélection Un certain regard, sorti dans nos salles le 28 décembre 2022, le premier long métrage de Saim Sadiq, né en 1991 à Lahore, réalisateur de sept courts-métrages depuis 2014.

Joyland, au-delà d’une chronique sur la liberté du choix de l’orientation sexuelle, protégé par la loi pakistanaise, nous dit le réalisateur, souligne essentiellement les rigidités d’une culture patriarcale assignant à chaque sexe sa fonction. Celle de l’homme est de pourvoir aux besoins de la famille par l’argent que lui rapporte son travail. Celui de la femme, d’effectuer les tâches ménagères et de mettre au monde des enfants, de préférence des fils pour la pérennité du nom.

Le scénario insiste, à l’intérieur d’un petit clan familial composé d’un veuf, de ses deux fils, de leurs épouses et de deux fillettes et de leur frère nouveau-né, sur le poids des traditions contrariant les aspirations de deux de ses membres. Haider aurait voulu continuer à partager avec sa belle-soeur le rôle de « maîtresse de maison » qui sera imposé à son épouse, alors contrainte d’abandonner un job gratifiant dans un salon de beauté.

Joyland

Saim Sadiq s’est assuré la collaboration d’un chef-opérateur expérimenté, Joe Saade, dont on a déjà pu apprécier la travail sur deux films sortis en 2021, Costa Brava, Lebanon (Mounia Akl) et Le Dernier piano (Broken Keys, Jimmy Keyrouz).

La distribution de Joyland est une découverte. Les rôles principaux, ceux de Haider et Biba, sont tenus par des acteurs apparemment débutants, Ali Junejo et Alina Khan, transsexuelle à la ville comme à l’écran. Les autres sont tenus par des acteurs plus connus dans leur pays, celui du patriarche par Salmaan Peerzada, né en 1942.

Malgré l’existence de deux écoles de cinéma, l’une à Karachi, l’autre à Lahore, baptisée Lollywood, avec peu de films produits et une exportation confidentielle, le cinéma pakistanais reste largement méconnu de l’Occident. Joyland est le premier film pakistanais dans la sélection officielle du festival de Cannes.

Joyland, au-delà de la curiosité qu’il peut susciter chez les cinéphiles, mérite d’être vu pour ses qualités intrinsèques, artistiques et techniques et, de surcroît, pour son traitement délicat d’un thème universel, le poids des conventions sociales sur la liberté des choix de vie.

Joyland

Présentation - 2,0 / 5

Joyland (127 minutes) et ses suppléments (26 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 accompagné, dans cette édition combo, d’un DVD-9. Les deux disques sont logés dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur le seul Blu-ray.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’ourdou, avec sous-titres incrustés dans l’image, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.

Bonus - 3,0 / 5

Entretien exclusif avec Saim Sadiq (10’, anglais sous-titré), interrogé par Pierre Nicolas, de l’AFCAE. L’idée de Joyland lui est venue de souvenirs de son adolescence, une période de sa vie où il avait du mal à s’intégrer, où il était affecté par un pouvoir patriarcal incontesté. Le Pakistan est l’un des treize pays où la transidentité est reconnue, bien que les transsexuels soient encore confrontés à la violence d’une société conservatrice. La transsexualité n’est toutefois pas le sujet principal du film qui s’intéresse plutôt à la masculinité et à la féminité dans une société patriarcale. Le ratio 1.33:1 favorise l’intimité entre le spectateur et chaque personnage, « emprisonné dans ce cadre ». Il est difficile de définir le cinéma pakistanais, trop peu de films ayant été réalisés dans les deux dernières décennies. Il souhaite que Joyland ouvre les portes à un cinéma en marge de la production commerciale. Le plus beau film qu’il ait vu est A Brighter Summer Day d’Edward Yang.

Darling, court métrage de Saim Sadiq (2019, 1.66:1, 1080p, 16’). Alina, une transsexuelle, demande à passer une audition pour se faire embaucher comme danseuse dans un cabaret. Le propriétaire la prévient : « Ici, les hommes préfèrent les vraies femmes ». Prix du meilleur court métrage à Venise dans la section Orrizonti, avec Alina Khan, dans un des décors de Joyland.

Joyland

Image - 4,0 / 5

L’image numérique (1080p, AVC) au ratio original de 1.33:1, prise par une caméra ARRI Alexa Mini, avec une bonne résolution, correctement contrastée, offre une chaude palette de couleurs étalonnées avec soin. On relève quelques occasionnels problèmes de compression, conséquence de l’utilisation de seulement la moitié de l’espace disponible sur le Blu-ray double couche. La texture a été agréablement adoucie par l’ajout d’un léger grain.

Joyland

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo), avec une bande passante largement ouverte et une dynamique soutenue, restitue, dans un bon équilibre, les dialogues, la musique et l’ambiance. L’effet immersif est discret, mais cohérent.

Crédits images : © Condor Distribution

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 28 juin 2023
Joyland, premier film d’un jeune réalisateur pakistanais, au-delà de la curiosité qu’il peut susciter chez les cinéphiles, mérite d’être vu pour ses qualités intrinsèques, artistiques et techniques et, de surcroît, pour son traitement délicat d’un thème universel, le poids des conventions sociales sur la liberté des choix de vie.

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