Réalisé par James William Guercio
Avec
Robert Blake, Billy Green Bush et Mitchell Ryan
Édité par Wild Side Video
Attention, film unique ! Pas seulement parce que c’est le seul
jamais réalisé par James William Guercio, guitariste,
compositeur et producteur de musique de son état,
accessoirement un fou de cinéma, contaminé par le virus
transmis par son père et son grand-père, tous deux
projectionnistes. Mais aussi pour l’originalité de son
scénario et la qualité de sa réalisation.
Le film s’ouvre sur une scène intrigante : des plans très
serrés nous font entrevoir ce qui a toutes les apparences
d’un suicide. Pourtant, John Wintergreen, à qui sa petite
taille a valu le surnom de Big John, tient tête au médecin
légiste, persuadé que l’homme trouvé mort dans un cabane
perdue en plein désert a été assassiné.
C’est que Big John rêve de quitter sa moto et les routes
interminables de l’Arizona, bordées par les paysages insolites
de Monument Valley, pour entrer à la criminelle, sa vraie
tasse de thé, sa vocation même.
Le récit nous confronte à une série de ratés de tout poil.
Zipper, le motard raciste obsédé par un rêve qu’il sait hors
de portée de ses finances : avoir un gros cube de 1 400 cc
avec des chromes partout et les accessoires les plus tape à
l’oeil ; il y a aussi Jolene qui a remisé au placard tous ses
rêves de succès à Hollywood, pour lesquels elle avait laissé
filer l’occasion de fonder une famille avec le VRP qui
l’aimait ; sans oublier le détective tant envié par Big John,
Harve, incompétent, impuissant et sadique tout à la fois, ou
encore Willie, le faible d’esprit, brillamment interprété par
Elisha Cook Jr.
En quelques très gros plans, le réalisateur nous en apprend
plus sur les personnages que ne le feraient plusieurs lignes
de dialogues. L’écriture filmique est souvent surprenante,
avec des changements de plan abrupts. Par exemple, à la longue
séquence du concert de rock, filmée en courts plans serrés,
succède le plan très large de la salle de concert, déserte et
silencieuse. Aux scènes sombres et enfumées prises dans les
bars, s’opposent les vastes étendues désertiques de l’Arizona
inondées de soleil, sous des ciels toujours bleus, à peine
tachetés de petits cumulus.
De nombreuses touches humoristiques donnent à ce qui pourrait
être vu comme un drame des allures de comédie noire. Lorsque
Big John se fait embaucher en tant que chauffeur par Harve,
franchissant ainsi un premier pas vers la réalisation de son
rêve, la caméra le filme lentement dans son nouvel accoutrement,
en partant du haut, du Stetson immaculé, en passant par le
cigare, puis l’impossible chemise à jabot, la veste impeccable
pour arriver aux bottes impeccablement cirées et révéler un
détail d’importance : rien ne manque… sauf le pantalon !
Si vous ne connaissez pas ce film, précipitez-vous vers les
bacs et voyez comment un coup d’essai peut-être un coup de
maître ! Une autre pierre blanche dans la collection
Les introuvables - L’âge d’or du cinéma américain.
Menus sans grande originalité. Le DVD offre le choix entre trois versions : la version originale, avec sous-titres français imposés, une version avec les commentaires sous-titrés du réalisateur, plutôt intéressants, et une version doublée en français. Film divisé en 12 chapitres.
Electra Glide In Blue, vu par Jean-Baptiste Thoret. (14 min.,
1.78, mono 2.0, français) Cet historien du cinéma et critique
ressitue le film dans son environnement temporel, au terme de
plusieurs années pendant lesquelles des cinéastes
contestataires ont porté un regard très critique sur la
société américaine.
Il nous dit le rôle important joué par le chef op’ Conrad L.
Hall, spécialiste confirmé, également derrière la caméra pour
Cool Hand Luke et
In Cold Blood, par exemple.
Il souligne les références au cinéma de John Ford et, aussi,
à Easy Rider.
Introduction de James Williams Guercio. (10 min., 4/3,
mono 2.0, VO avec sous-titres français optionnels) Le
réalisateur nous raconte comment le président de United
Artists, un de ses amis, lui a un jour proposé de lui donner
les moyens de réaliser un film ; moyens comptés, toutefois, à
l’intérieur d’un budget d’un million de dollars, ce qui l’a
obligé à donner son salaire au chef op’. Une anecdote : Nick
Nolte fait une apparition caméo dans une communauté hippie ;
il aurait fallu une rallonge d’argent pour qu’il puisse tenir
le rôle initialement prévu pour lui !
En plus de ces deux documentaires intéressants :
- bande-annonce (1.78, VOST, 3 min.)
- galerie de photos (10)
- liens internet.
Le grain assez marqué de la photo et un bruit discret rendent légèrement flous les plans éloignés. La photo est propre, à l’exception de quelques rares taches.
Son clair, en mono 2.0, avec très peu de souffle.