Téhéran Tabou (2017) : le test complet du DVD

Tehran Taboo

Réalisé par Ali Soozandeh

Édité par ARP Sélection

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Le 04/05/2018
Critique

Téhéran tabou

Quatre jeunes gens de Téhéran contournent les interdits religieux visant la sexualité pour surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Pari se prostitue pour faire inscrire son jeune fils sourd-muet à l’école. Sara, jeune mariée, tente d’obtenir l’autorisation de son mari de devenir institutrice. Donya veut faire réparer d’urgence son hymen déchiré dans un moment d’abandon quelques jours avant son mariage, et Babak, se démène pour trouver l’argent nécessaire à l’opération de Donya et pour faire éditer sa musique, jugée non conforme aux principes de l’islam…

Téhéran Tabou (Tehran Taboo), présenté à la Semaine de la Critique du dernier Festival de Cannes 2017, le premier film d’Ali Soozandeh, Iranien exilé en Allemagne, est sorti dans nos salles en octobre 2017 et a été largement distribué en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, mais dans aucun pays musulman.

Pas vu, pas pris !

Pas vraiment surprenant, tant il égratigne la schizophrénie de la société iranienne actuelle, régie par de stricts interdits, notamment sur tout ce qui touche à la sexualité. S’il est impossible de contester ouvertement ces tabous, rien n’empêche de saisir toutes les bonnes occasions de les contourner. Ce qui ne paraît pas si difficile, en particulier pour ceux chargés de veiller au respect des interdits, à condition de se conformer à une règle élémentaire : ne pas se faire voir !

Téhéran tabou

Faites ce que je dis, pas ce que je fais !

Téhéran Tabou ne tourne pas autour du pot dans sa dénonciation de l’hypocrisie de la société : le chauffeur de taxi qui se fait faire une fellation en conduisant explose quand il voit sa fille se promener main dans la main avec un garçon. Et le juge-mollah ordonnera l’inscription à l’école du fils de Pari si celle-ci accepte de coucher gratuitement avec lui. L’aïeul diabétique se gave de sucreries en cachette et regarde la chaîne porno, la télécommande dégainée pour passer à la première alerte sur la chaîne où un ayatollah prêche la vertu.

Si Téhéran Tabou oscille entre drame et comédie, la dure réalité de vivre dans un monde où l’on n’est libre de penser qu’à condition de se taire, où les femmes sont maintenues dans une condition inférieure à celle des hommes, où des juges, au nom d’une religion, peuvent prendre des vies, se rappelle de temps à autre, notamment avec une extrême brutalité dans un plan où surgissent, en contre-jour, trois cadavres pendus à une grue.

Ali Soozandeh justifie, dans le supplément, son choix pour l’animation, filmée en rotoscopie : de vrais acteurs sont filmés sur fond vert et, en post-production, les textures qui feront les décors sont ajoutées et la photographie des acteurs est traitée pour leur donner l’apparence de personnages de bandes dessinées. On peut être réservé sur l’esthétique du résultat (éloignée de celle d’un autre film iranien d’animation, Persepolis, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, 2005) mais être sensible à l’argument selon lequel le recours à ce procédé concourt à une abstraction de l’image laissant plus de liberté à l’imagination du spectateur.

Téhéran Tabou ajoute à son premier mérite, celui de ne ressembler à aucun autre film, de proposer un portrait de la société iranienne, par des Iraniens en totale liberté. Une société certainement plus complexe, plus protéiforme, que l’image simplificatrice qu’on en donne souvent.

Téhéran tabou

Présentation - 3,0 / 5

Téhéran Tabou (93 minutes) et son supplément (13 minutes) tiennent sur DVD-9 logé dans un boîtier, non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, au format Dolby Digital 5.1, avec sous-titres optionnels.

Bonus - 3,0 / 5

En complément, making of Téhéran Tabou (13’), en allemand, sous-titré). Ali Soozandeh affirme que la société iranienne est plus nuancée que l’image qu’on peut en avoir de l’extérieur : jour après jour, les Iraniens contournent un peu plus les interdits, comme les quatre personnages du film. L’option de l’animation, qui laisse au spectateur une plus grande liberté d’interprétation des images, soulève une difficulté, celle d’orienter les acteurs privés de repères devant un fond vert. Le responsable des effets visuels et le coloriste expliquent comment ils ont recréé en studio Téhéran, une ville bruyante et pleine de contrastes.

Pour finir, la bande-annonce.

Image - 4,0 / 5

L’image (2.39:1, 1080p, AVC), d’une agréable texture, lumineuse, toujours nette, y compris dans les scènes de nuit, propose des couleurs délicatement nuancées, soigneusement étalonnées, avec des noirs profonds.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 à la bande passante largement ouverte, avec une bonne dynamique, utilise au mieux les possibilités du multicanal pour créer une impression d’immersion dans l’ambiance forte et cohérente et restitue clairement les dialogues.

Téhéran tabou

Crédits images : © ARP Sélection

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 4 mai 2018
Téhéran Tabou, oscillant entre drame et comédie, ne tourne pas autour du pot dans sa dénonciation de l’hypocrisie de l’Iran d’aujourd’hui, de la dureté d’un monde où l’on n’est libre de penser qu’à condition de se taire, où les femmes sont maintenues dans une condition inférieure à celle des hommes, où peuvent surgir, en bordure d’une rue, des cadavres pendus à une grue…

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Téhéran Tabou
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