Réalisé par Sharunas Bartas
Avec
Mantas Janciauskas, Lyja Maknaviciute et Andrzej Chyra
Édité par Rezo Films
Rokas, un jeune lithuanien, cède à la demande d’un ami de conduire une fourgonnette affrétée par une organisation humanitaire avec une cargaison de chaussures et vêtements destinés aux forces ukrainiennes loyalistes en lutte contre les séparatistes souhaitant le rattachement à la Russie de l’est du pays. En quittant Vilnius, Rokas et sa compagne Inga n’ont aucune idée de ce qui les attend au long du voyage…
Frost, le neuvième long métrage du cinéaste lithuanien Sharunas Bartas, fut révélé sur la scène internationale en 1991 dès son premier film, Trois jours (Trys dienos) sur la rencontre de deux jeunes Lithuaniens avec deux jeunes Russes en mal de vivre, salué par deux prix à la Berlinale de 1992, toujours dans l’attente d’une édition vidéo. Puis il y eut Few of Us et The House (A Casa) sélectionnés à Cannes dans la section Un certain regard en 1996, et 1997, et Freedom, sélectionné en 2000 pour le Lion d’or à Venise et récompensé par le Prix CinemAvvenire. Peace to Us in Our Dreams, sélectionné en 2015 à Cannes dans le cadre de La Quinzaine des réalisateurs, attend toujours une édition vidéo en France.
Frost reste avare en dialogues, économe en explications sur les événements dont Rokas et Inga sont les témoins dans leur lente descente aux enfers. À qui est réellement destiné le chargement de la fourgonnette ? Qui a détruit les villes qu’ils ont traversées, incrédules devant les ruines ? Leur a-t-on tendu un piège en leur offrant cette mission sans leur en dévoiler les risques ? Ces questions restées sans réponse, dans une représentation impressionniste du conflit, contribuent à l’ambiance angoissante du film.
Une curieuse parenthèse s’ouvre et se referme au milieu du film avec la nuit arrosée que passent Rokas et Inga dans un hôtel de Kiev, en compagnie de journalistes de tous pays, isolés dans une bulle factice dans le sombre réalisme du récit, où on a la surprise de rencontrer Vanessa Paradis, dans le petit rôle d’une journaliste française.
Frost, sombre et glacé comme la couleur du temps à l’entrée de l’hiver, déroule son récit très lentement, au rythme de la progression de la fourgonnette sur les routes traversant des paysages tristes. Il faut attendre l’aboutissement du long cheminement dans lequel nous entraîne ce road movie, au dernier quart du film, pour être plongé dans l’action et, en même temps que Rokas, prendre la vraie mesure du drame.
Frost (115 minutes), édité par Rezo Films, tient sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm, glissé dans un étui.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, essentiellement en lithuanien, ukrainien et russe, avec le choix entre deux formats audio : Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo. Les sous-titres imposés auraient pu être placés un peu plus bas sur l’image.
Pas de bonus vidéo, juste la bande-annonce.
L’image (1.85:1), propre, mais à la définition très moyenne, manque de luminosité et de contrastes et, surtout, de densité, avec des noirs poreux tendant à se boucher dans les nombreuses scènes en faible lumière.
Le son, propre, uniquement dans la version originale, est proposé sous deux formats, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo, sans grande différence entre l’un et l’autre, l’image sonore restant dans le plan frontal. Les dialogues sont clairs et l’accompagnement musical ne manque pas d’ampleur.
Crédits images : © KinoElektron