Réalisé par Cristiane Oliveira
Avec
Letícia Kacperski, Isabela Bressane et Joana Vieira
Édité par Epicentre Films
En 2007 dans le Rio Grande do Sul, Joana, 13 ans, assiste à l’enterrement de sa grand-tante Rosa, pour sa première confrontation avec la mort. Elle entend, aidée par son amie Carolina, profiter de la réunion de tous ceux qui ont connu Rosa pour découvrir pourquoi elle a voulu rester vierge toute sa vie.
Secret de famille (A Primeira morte de Joana), sorti dans nos salles le 4 août 2021, primé dans plusieurs festivals, est le deuxième long métrage de la Brésilienne Cristiane Oliveira après Mulher do Pai, sorti en 2016, Ours de cristal à Berlin en 2017, jamais distribué en France, sur la relation avec sa fille d’un père aveugle, perturbé quand il réalise qu’elle devient une femme.
Le scénario de Secret de famille, coécrit avec l’actrice Sílvia Lourenço, s’inspire des expériences personnelles de la réalisatrice : elle a passé son enfance dans le Rio Grande do Sul, l’état le plus méridional du Brésil, où elle a connu une personne morte à 70 ans « sans avoir eu de fiancé ».
Les deux jeunes filles (choisies parmi 70 postulantes) réussissent à communiquer, avec une subtile délicatesse, l’ambiguïté qui commence à teinter leur relation. Et, Joana, avec beaucoup de naturel, les provocations vis-à-vis de sa mère et son émoi de Joana à la découverte d’aspects cachés de la vie des adultes.
Secret de famille, en toile de fond, donne un aperçu de la diversité culturelle du Brésil, par exemple de la cohabitation de la religion luthérienne répandue dans le sud, celle des nombreux immigrés venus d’Allemagne, avec la candomblé, mélange de catholicisme, de rites indigènes et de croyances africaines.
Secret de famille, en mettant en situation trois générations de femmes, Joana, Lara, sa mère, et Norma, sa grand-mère (les quelques hommes sont tous en arrière-plan), loin des stéréotypes, montre avec délicatesse l’éveil de la sexualité chez Joana, laisse poindre sa troublante attirance vers Carolina, planer le doute sur ce qui a pu conduire Rosa, la grand-tante « à ne jamais toucher un homme ». Était-ce, tout simplement, comme on le dit dans la famille, parce qu’une farouche volonté d’indépendance l’empêchait de se soumettre à l’autorité d’un homme ? Ou bien… ?
Une salutaire bousculade des préjugés et des idées reçues dans le Brésil conservateur de l’ère Jair Bolsonaro, caractérisée par une hostilité au principe de laïcité et par des pulsions misogynes, homophobes et racistes.
Secret de famille (87 minutes) et ses suppléments (32 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un fin digipack.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en portugais, avec sous-titres optionnels, au format Dolby Digital 5.1.
Sous-titres anglais disponibles.
Making of Secret de famille (16’). La recherche par Joana de la raison qui a poussé sa grand-tante à éviter les hommes coïncide avec « ce moment de découverte de soi » de l’adolescente « plongée dans un magma d’influences et d’attentes sociales et morales », cherchant « sa manière d’être et de voir le monde ». Les deux jeunes filles ont été préparées à leur rôle par Vanise Carneiro, l’actrice principale de Messalina, le premier court métrage de Cristiane Oliveira. Après six mois de préparation, le tournage s’est fait en cinq semaines dans le Rio Grande do Sul, une contrée de lagunes battue par un vent fort qui a compliqué la prise de son et obligé à réenregistrer des dialogues dans des lieux abrités. Le document, assez complet, mobilise toute l’équipe pour couvrir la distribution, la direction des acteurs, l’accompagnement musical, les décors…
Messalina, court métrage de Cristiane Oliveira (14’, 2004, 1.85:1, Dolby Digital 2.0), plusieurs fois primé au Brésil. Une jeune femme aveugle marche sur un trottoir au bras de son compagnon portant, lui aussi, une canne blanche. Il la quitte pour s’engager dans une autre rue. Un téléphone public sonne. Elle décroche. Un homme lui dit : « J’ai vu l’annonce et je suis très intéressé par la promesse de caresses et de plaisir irrésistible »…
Biofilmographie de Cristiane Oliveira.
Diaporama de 7 photos du film.
Bande-annonce (1’31”).
L’image numérique, au ratio 2.35:1, avec une bonne résolution assurant une parfaite lisibilité sur toute la profondeur du champ des plans de paysages, lumineuse, agréablement contrastée, avec des noirs bien denses, propose des couleurs naturelles, avec un rendu délicat des tons de peau.
Le son Dolby Digital 5.1, très propre malgré le vent soufflant sans répit pendant les prises en extérieur, procure une claire restitution des dialogues. La répartition du signal sur les cinq canaux profite surtout à l’accompagnement musical. Une sollicitation trop discrète des canaux latéraux limite la sensation d’immersion dans l’ambiance.
Crédits images : © OKNA Produções