Réalisé par Anthony Mann
Avec
Robert Cummings, Richard Basehart et Richard Hart
Édité par Artus Films
Paris, 1794. Cinq ans après la Révolution française, le règne de la Terreur est instauré. Robespierre use de toutes les ficelles pour éradiquer ses rivaux et conserver les grâces de la Convention. Il consigne, dans un petit livre noir, les noms de ses ennemis, prochaines victimes de la cruauté révolutionnaire. Mais ce livre noir disparaît. Afin de confondre Robespierre et le destituer, Charles d’Aubigny est chargé de le retrouver, par tous les moyens…
Le Livre noir (Reign of Terror) distribué au Royaume Uni sous le titre The Black Book, titre repris pour sa ressortie aux USA, est l’adaptation par le scénariste Philip Yordan d’une histoire originale d’Æneas MacKenzie qui, en prenant certaines libertés avec la réalité historique, met en scène Maximilien Robespierre, Georges Jacques Danton, Louis Antoine de Saint-Just, le marquis de La Fayette, Joseph Fouché, Paul Barras, Charles d’Aubigny et quelques autres. Le scénario invente un carnet noir sur lequel Robespierre aurait noté le nom de tous ceux suspectés de s’opposer à lui, parmi lesquels figuraient de nombreux députés, qu’il ferait arrêter si la Convention lui donnait les pleins pouvoirs.
Le Livre noir, le seizième de la quarantaine de films réalisés par Anthony Mann, se situe à un tournant de sa filmographie, quand, avec Marché de brutes (Raw Deal), sorti en 1948, il abandonne le genre du film noir qui l’avait fait connaître pour s’essayer au western, avec le succès qu’on sait, en entamant une série de dix films, de Winchester 73, en 1950, à La Ruée vers l’Ouest (Cimarron) en 1960, en passant par L’Homme de l’Ouest (Man of the West) en 1958.
Le Livre noir, grâce l’invention d’un simple objet devenu une arme politique redoutable, emprunte les ingrédients d’un thriller dans lequel partisans et ennemis de Robespierre s’acharnent à accaparer le mystérieux carnet, avec courses-poursuites à tombeau ouvert dans les rues de Paris, usurpations d’identité et affrontements sanglants.
Bien mis en scène, servi par un solide quatuor d’acteurs, Robert Cummings, Richard Basehart, Richard Hart et Arlene Dahl, rythmé par des scènes d’action, avec de bons moments de suspense soutenus par un montage habile, le film se voit sans ennui et donne une nouvelle occasion d’apprécier la photographie de John Alton, un des plus grands chefs-opérateurs des années 40 et 50, oscarisé pour Un Américain à Paris (Vincente Minnelli, 1951) qu’Anthony Mann emploiera six fois, de La Brigade du suicide (T-Men, 1947) à La Porte du diable (Devil’s Doorway, 1950). Sous influence de l’expressionisme allemand, il démontre, film après film, sa maîtrise des éclairages toujours au service du récit. Créateur de savants clairs-obscurs, il se plaisait à souligner ce qui primait : « It’s not what you light - it’s what you DON’T light » (l’important n’est pas ce qu’on éclaire, c’est ce qu’on n’éclaire pas).
Le Livre noir a été épinglé par certains critiques français qui lui ont reproché de donner une image négative de la révolution française. Mais pas au point de contrebalancer l’image angélique donnée par la plupart des autres cinéastes. N’oublions pas qu’en 1793-1794, la Terreur a fait 40 000 victimes, beaucoup d’entre elles condamnées à mort sans jugement.
Le Livre noir (86 minutes) tient sur un DVD-5 logé dans un boîtier épais de 14 mm.
Le menu fixe et musical permet de lancer la lecture du film dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 2.0 mono.
Aucun supplément.
On regrettera d’autant plus ce vide qu’Artus Films avait complété son édition de 2012 par un entretien de Jean-Claude Missiaen sur Anthony Mann et par une galerie de photos et de reproductions d’affiches du film.
L’image, quoiqu’en dise la jaquette, a été recadrée du ratio 1.37:1 à 1.33:1. Malgré un indéniable gain de qualité sur l’édition de 2012 acquis par la restauration effectuée en 2019 pour l’édition Hill Creek sortie aux USA en 2019, on est loin de la perfection. Les marques de dégradation de la pellicule ont été totalement effacées dans certaines séquences mais, curieusement, de nombreuses petites taches blanches ont été oubliées dans d’autres, ainsi qu’un grain épais, çà et là dans certaines parties du cadre. D’autre part, des contrastes excessifs tendent occasionnellement à boucher les noirs.
Le son Dolby Digital 2.0 mono, assez propre, avec un léger souffle subsistant, surtout dans les plans avec dialogues, toujours clairement intelligibles. Il s’acquitte ainsi correctement de sa mission essentielle, tout en délivrant une ambiance réaliste et un accompagnement musical sans saturations.
Crédits images : © Walter Wanger Productions