L'Impératrice Yang Kwei Fei (1955) : le test complet du DVD

Yôkihi

Réalisé par Kenji Mizoguchi
Avec Machiko Kyô, Masayuki Mori et Sô Yamamura

Édité par Films sans Frontières

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Le 25/10/2016
Critique

L'imperatrice Yang Kwei Fei

Chine VIIIe siècle, ville de Xi’An (ex « Chang’An ») : l’empereur Hsuan Tsung (685-762 et appartenant à la dynastie Tang) n’arrive pas à se consoler de la mort de son épouse Wu Hui. Il délaisse dangereusement les affaires de l’État. Le général Lu-Shan, un connaisseur en femmes, découvre alors Yang, jeune fille belle mais de condition modeste qu’il fait éduquer par la mère abesse du Mont Li. Son plan réussit : Yang, devenue une fille d’élite, séduit l’empereur et devient l’impératrice surnommée Yo-kihi ou Yang Kwei Fei. Sa famille, en partie corrompue, profite de son ascension sociale mais provoque la colère du peuple qui se révolte et exécute Yang… laissant l’empereur seul et désolé. Devenu âgé, il lui semble entendre la voix d’outre-tombe de Yang, le convier à la rejoindre.

Premier film tourné en Eastmancolor par Mizoguchi, co-produit par la Daiei japonaise et la Shaw Brothers de Hong-Kong, réalisé dans des studios de la République nationaliste chinoise de Taïwan / Formose, adapté d’un poème historique de Hakarakuten, Poème du regret persistant (cho konka) par le scénariste chinois Tô-shin en collaboration avec 3 scénaristes japonais parmi lesquels son fidèle Yoda.

Mal à l’aise avec un univers historique qu’il connaît mal en dépit de sa culture plastique concernant la période, Mizoguchi modifia finalement la réalité historique en insistant sur la normalité populaire des origines de l’impératrice par la suite transfigurée en symbole vivant que la contrainte fait renaître sous une forme encore plus gracieuse et digne. Mizoguchi livre ainsi un de ses films les plus authentiquement personnels. Il maintient cependant une parfaite justesse esthétique par son emploi des couleurs, inspiré par les oeuvres d’art de l’époque Tang. Méditation sur l’amour, la mort, la souffrance, le mal, le regret, le désespoir, l’espoir, la mémoire, la poésie, le film est conçu comme un souvenir revenu à la vie l’espace d’un instant, avec une force si grande qu’il annule définitivement la réalité. Film romantique et mélancolique, film d’esthète aussi dont les exigences étaient si dures que l’actrice principale Machiko Kyo avouait à Kaneto Shindo en 1975 qu’elle avait l’impression d’être devenue un « morceau de bois ». Magnifiques aussi, les performances de Yoko Minamida et Masayuki Mori, acteur jouant l’empereur à qui Mizoguchi alluma sa cigarette à l’issue d’une séquence en remerciement de son travail, fait unique dans sa carrière. Le film s’achève sur une note fantastique qui ajoute à sa poésie intangible.

L'imperatrice Yang Kwei Fei

Présentation - 4,0 / 5

Edition collector 1 DVD Pal zone 2, édité par Film Sans Frontières, collection « Auteurs », section « Mizoguchi ». Durée vidéo PAL du film : 97 minutes environ. Image au format respecté 1.37 en Eastmancolor compatible 4/3. Son mono japonais en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Boîtier Amaray standard. Au verso, extrait d’une critique (ici anonyme : dommage j’aurais aimé en connaître l’auteur, intelligent et cultivé) parue dans les Cahiers du cinéma. Les DVD des films de Mizoguchi édités par FsF bénéficient de copies chimiques mieux nettoyées et de masters vidéo d’une qualité supérieure à celle des anciennes éditions DVD sorties en 2004 par Opening puis en 2006 par Aventi.

Bonus - 3,0 / 5

On trouve tout d’abord de précieuses fiches historiques sur l’empeur Hsuan Tsung (685-762), le général Lu-Shan (703-757), l’impératrice Yang Kwei Fei (719-756), la Chine du VIIIe siècle, la ville de Chang’An (aujourd’hui Xi’An). Ensuite vient un témoignage du scénariste Yoda provenant de ses Souvenirs sur Mizoguchi (éditions Cahier du cinéma) : attention, le nom du producteur chinois Run Run Shaw de Hong Kong est orthographié par le traducteur « Run Run Show » (sic) ! Témoignage très important dans la mesure où il permet de mesurer exactement ce que Mizoguchi doit aux faits originaux et ce que la Daiei, Yoda et lui furent en mesure de retenir. Incidemment, on apprend que la civilisation japonaise de la période Nara doit beaucoup à la civilisation chinoise de la période Tang… et que Mizoguchi était bien plus cultivé en ce domaine que son propre scénariste. Importante remarque sur l’emploi « historique » des couleurs par Mizoguchi. Extraits intéressants des études critiques de Vê-Hô (Mizoguchi, éditions universitaires, collection Classiques du cinéma n°14 dirigée par Jean Mitry) et Daniel Serceau (Mizoguchi, éditions du Cerf, collection 7ème art). Un seul regret, l’absence du jeu de photos japonaises d’exploitation.

Image - 4,0 / 5

Format 1.37 Eastmancolor compatible 4/3. Copie chimique dans un état supérieur de restauration (à peine subsiste-t-il une ou deux poussières négatives ou positives), master vidéo (compression, encodage, définition, contrastes) dans un état supérieur aussi, à ceux des anciennes éditions Opening et Aventi sur DVD Pal zone 2 sorties en 2004 puis 2006. Qu’on n’attende pas, cela dit, la qualité d’un Blu-ray mais on dispose, avec cette édition, de la meilleure image actuellement disponible chez nous en DVD, de ce grand classique.

Son - 4,0 / 5

Son mono japonais d’origine en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Le souffle a été convenablement réduit sans altérer la sonorité originale des voix de la piste mono d’origine. Là aussi, progrès évident par rapport aux pistes sonores de l’ancienne édition Opening. Effets sonores et musique bien restitués. Inutile de regretter une VF d’époque qui n’a jamais existé : le film fut exploité dans le circuit Art et Essais en France, qui exigeait la VOSTF mais ne nécessitait pas la VF, afin de permettre aux distributeurs français de diminuer les frais de sortie.

L'imperatrice Yang Kwei Fei

Crédits images : © Films Sans Frontière

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p