DOSSIER VAMPS - 1 : Il était une fois le X
L'univers de Boogie Nights en vrai, avec des restaurations et un soin éditorial inouïs. Tel est le pari de Wild Side, qui « réhabilite » le porno vintage américain des années 70 avec une collection de 12 DVD (et bientôt 20). De Gerard Damiano à Marilyn Chambers, séquence souvenir d'une époque où le cul rimait encore avec cinéma
Cela dans la mesure où elle concerne un master vidéo destiné à l'exploitation export, hors du Japon : les anciennes éditions DVD — française (Cinémalta en 2009 en édition single et en mini-coffret avec le non moins remarquable BONDAGE (Jap. 1977) de Noboru Tanaka, image 2.35 compatible 16/0) et anglaise (Pagan Films en 2004, image 2.0 compatible 4/3 : lire mon ancien test technique et ma critique archivée sur Dvdclassik) —n'en comportaient pas. Même chose pour les autres masters vidéo numérique DVD d'autres films érotiques produit par la Nikkatsu, exploités chez nous, y compris certains autres titres de Tanaka, par exemple ceux de l'ancienne collection Nikkatsu éditée par Wild Side Vidéo.
Deux explications me semblent, à ce stade, possibles :
- ou bien une erreur matérielle ponctuelle de l'ayant-droit japonais qui aurait fourni à Carlotta un master à usage interne (ou à l'usage d'un pays dontla censure serait actuellement plus stricte que celle de la France) au lieu d'un master destiné à l'exportation vers la France ;
- ou bien un acte délibéré constituant le signal d'un durcissement soudain de la censure japonaise incluant dorénavant l'ensemble des films érotiques japonais, en exploitation interne comme à l'exportation, et cela quel que soit le territoire concerné.
La prochaine édition par Carlotta d'un autre Nikkatsu érotique, à savoir le CONFIDENTIEL : MARCHE SEXUEL DES FILLES (aussi réalisé par Tanaka), devrait permettre de trancher assez rapidement entre ces deux hypothèses.
PS Dans la section Bonus, on lit : "Roland Lethem, réalisateur, Jean Vialat, programmateur, Tony Rains, journaliste, rappellent qu’au Japon, après la fermeture des salles spécialisées dans la pornographie au début des années 60".
Il n'y a jamais eu de salles de cinéma pornographique au Japon, au sens occidental et américain de ce terme, encore moins à la fin des années 1950 ou au début des années 1960.
Roland Lethem est bien placé pour le savoir puisqu'il révéla à la revue Midi-Minuit Fantastique (n°14 puis n°18-19 de décembre 1967-janvier 196 les premières photographies d'exploitation et les premières photographies de plateau de LA BARRIERE DE CHAIR (Nikutai no mon, Jap. 1963) de Seijun / Kyonori Suzuki qui était tout sauf un film "pornographique" tel que la France en exploita à partir de 1975.
Il y a eu en revanche, à partir des années 1960 quelques plans ou séquences érotiques dans des films de genres variés (souvent du cinéma expérimental ou "underground" tel que celui de Koji Wakamatsu) mais c'est surtout à partir de 1970 que l'érotisme devient un genre à part entière avec les productions Nikkatsu. Les salles de cinéma qui les projetaient ne projetaient évidemment pas de films "pornographiques" au sens occidental.
La pure pornographie fut exploitée là-bas d'abord aux formats 8mm, S8mm et 16mm d'une manière confidentielle voire clandestine et elle demeura une pornographie paradoxale puisque censurée (sauf exception encore plus confidentielle). Puis, elle sauta l'étape 35mm pour passer directement à la VHS NTSC, également censurée et non moins paradoxale.
Bref... il n'y avait pas de "salles spécialisées dans pornographie au début des années 1960" et je me demande, sur le plan historique, à quelle "fermeture" font allusion les trois auteurs de ce bonus ?
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