Réalisé par Jonathan Nolan
Avec
Evan Rachel Wood, Thandiwe Newton et James Marsden
Édité par HBO
À Westworld, un parc d’attractions dernier cri, les visiteurs paient des fortunes pour revivre le frisson de la conquête de l’Ouest. Dolores, Teddy et bien d’autres sont des androïdes à apparence humaine créés pour donner l’illusion et offrir du dépaysement aux clients. Pour ces derniers, Westworld est l’occasion de laisser libre-cours à leurs fantasmes. Cet univers bien huilé est mis en péril lorsqu’à la suite d’une mise à jour, quelques robots comment à adopter des comportements imprévisibles, voire erratiques. En coulisses, l’équipe, qui tire les ficelles de ce monde alternatif, s’inquiète de ces incidents de plus en plus nombreux. Les enjeux du programme Westworld étant énormes, la Direction ne peut se permettre une mauvaise publicité qui ferait fuir ses clients. Que se passe-t-il réellement avec les androïdes ré-encodés ?
EST-CE QUE LES ANDROÎDES RÊVENT DE TRAINS ÉLECTRIQUES ?
Tient !? Encore une série sur des robots et leur intelligence artificielle. Battlestar Galactica : 2003, Real Humans, Almost Human (toujours inédite en France), certains épisodes de Black Mirror… et si l’on remonte encore plus, le thème se trouvait déjà chez Doctor Who première génération et bon nombre d’épisodes de Star Trek toutes séries confondues. On ne citera pas non plus les innombrables saillies cinématographiques sur le sujet tant elles sont nombreuses. À bien y réfléchir, il faudrait même replonger dans les débuts de la littératures de science-fiction et citer Asimov, C. Clarke, K. Dick et tant d’autres, pour retrouver les traces de l’origine de cette invention humaine qui tourne à l’inquiétude obsessionnelle, voire à la destruction de l’humanité.
Dans un mouvement miroir que l’on ne peut s’empêcher de comparer à l’épisode biblique de Dieu créant l’Homme, ce dernier cherche donc, depuis des décennies, à créer à son tour, sinon une forme de vie, mais en tout cas un équivalent de sa condition pour lui assigner des tâches ingrates, dangereuses ou plus « récréatives ». C’est dans ce dernier sens que Michael Crichton (Jurassic Park) avait écrit et réalisé Mondwest (Westworld) en 1973 : dans le futur de l’époque, le parc d’attraction Delos permet à de riches visiteurs de vivre une expérience unique. Une immersion dans des décors soignés aux détails près, habités par des robots plus vrais que nature. Bien évidemment, l’un des robots pète littéralement un câble et entraîne un chaos meurtrier dans le parc.
Sous la houlette de Jonathan Nolan (frère de Christopher) et sa femme (et avec l’inévitable J.J. Abrams à la production), Westworld se propose de revisiter ce film et ses thèmes, mais, on s’en doute, avec une portée, une profondeur, des moyens et des ambitions à des kilomètres de l’oeuvre originale.
Personnages complexes, trames narratives imbriquées, complots internes, disparitions, secrets implantés depuis 30 ans et bien évidemment rébellion d’androïdes qui se considèrent comme des formes de vie à part entière, sont au programme de cette nouvelle série colossale dont beaucoup prédisent déjà qu’elle remplacera Game of Thrones (Le Trône de Fer) au panthéon des audiences de HBO qui diffuse la série aux États-Unis (OCS en France).
Il est impossible de s’attarder sur le contenu narratif de la série sous peine de spoilers massifs, mais l’on peut tout de même encenser ses diverses qualités. La narration justement, fine, travaillée à l’avance, est un véritable régal labyrinthique qui fera douter le spectateur de plus en plus au fur et à mesure que l’intrigue se dévoile. La production, pharaonique, entre grands espaces de l’ouest américain et locaux hyper futuristes, où chaque détail est soigné. La musique, signée Ramin Djawadi (Game of Thrones (Le Trône de Fer)), entêtante dès le somptueux générique, et jusque dans les reprises de hits pops rejoués par le piano électrique du saloon. Les acteurs, habités, mystérieux, duels, qui, à eux seuls, suffisent à planter une ambiance à couper au couteau, avec en tête Anthony Hopkins (Le Silence des agneaux), Evan Rachel Wood (Across the Universe), Thandie Newton (À la recherche du bonheur) et Ed Harris (Abyss), chacun avançant dans sa propre narration…
Cette narration, encore une fois, taillée dans les limbes d’un immense palais des glaces, est tellement dense et ciselée que cette première saison de Westworld mérite presque obligatoirement un second visionnage pour en percevoir toutes les trames. Replonger dans cet univers, avec les connaissances acquises en cours de route est un véritable régal intellectuel tant les pistes semées par les scénaristes et les niveaux de lecture sont nombreux et habilement agencés.
Si il est de coutume de laisser le spectateur sur sa faim et sur le bord du siège en fin de saison grâce à un « cliffhanger » bien senti, Westworld pousse le concept très loin, en ouvrant un multitude de portes de narration, en redistribuant massivement les cartes et en n’hésitant pas (ça devient une habitude) à faire sauter quelques têtes que l’on croyait récurrentes. Le suspense sera en partie levée au printemps 2018, quand la série entamera sa seconde saison, l’une des plus attendues du moment.
Vendu dans le commerce sous la forme d’un digipack 4 volets accompagné d’un livret collector de 24 pages, cette référence nous a été fournie dans une édition plus basique avec boîtier Blu-ray basique et fourreau métallisé au vernis sélectif. Pas de livret 24 pages, mais un leaflet 3 volets avec photos, liste et résumés des épisodes et liste du casting. Il est fort probable que le digipack et son livret collector soient un premier tirage limité d’une seule et même référence, ne tardez pas trop donc si ce packaging vous intéresse.
Les menus à la Warner, à base d’icônes, sont simples et efficaces. Le menu des bonus, répartis sur les 3 Blu-ray, est le même sur chaque disque et indique justement sur quel Blu-ray trouver quel bonus.
Début de série, on reste sobre sur la production des bonus. Ils sont constitués essentiellement de featurettes promotionnelles diffusées avant le démarrage, histoire d’appâter les spectateurs.
D’autres featurettes, réparties sur les 3 disques sous l’appellation Le grand moment sont l’occasion de spoilers énormes, il est donc vivement conseillé de les visionner une fois toute la saison consommée.
On se concentrera donc surtout sur 4 modules, un peu plus longs qui abordent certains aspects particuliers de la production : Réalisation du rêve : la première semaine sur le plateau de Westworld évoque le démarrage de la production et toute l’excitation mélangée au stress qui va avec ; Imaginer le générique part à la rencontre de l’équipe du studio Elastic, déjà à l’origine du célèbrissime séquence d’ouverture de Game of Thrones (Le Trône de Fer) et qui s’est encore surpassée avec Westworld ; La clé des accords revient sur le travail de Ramin Djawadi et sur l’utilisation de standards pop/rock version western (Radiohead, Rolling Stones, Nirvana…) ; et enfin, Créer l’histoire prend encore plus le temps de plonger dans le processus d’écriture de la série et évoque largement le dernier épisode, à la manière d’un commentaire audio enrichi.
Au total, une bonne heure et demi de contenus, encore un peu timides, qui donnent surtout envie de revoir la saison.
Tout comme son frère Christopher qui ne jure (pour le moment) que par l’argentique, Jonathan Nolan a choisi le 35mm pour donner à Westworld un look cinématographique qui sied forcément aux images tournées dans la nature sauvage de l’ouest américain, mais qui donne aussi aux séquences intérieures dans les labos de Delos, une aura particulière qui évite le cliché trop propre. Il est d’ailleurs intéressant de constater que symboliquement, le parc Westworld est baigné dans la lumière du soleil, alors que dirigeant et ingénieurs sont confinés dans l’ombre de locaux creusés dans la roche.
Du 35mm à la masterisation en 2K, les images de la série restent sublimes en toute occasion. Plein soleil aux contrastes écrasants, sous-sols humides aux teintes bleutées, l’encodage AVC restitue le tout avec grâce et précision.
Il est à noter que fort de sa captation argentique, Westworld a pu bénéficier d’un traitement 4K et est proposée (c’est une première pour une série TV) en UHD.
Niveau son, ça va encore grincer des dents du côté des anglophobes… Warner propose la VF en Dolby Digital 5.1 avec un mixage au ras des pâquerettes, une amplitude anémique et un doublage plus que douteux. Alors que du côté VOST, c’est DTS-HD Master Audio 5.1, dynamisme, effets soignés, basses profondes, clarté des dialogues et forcément beaucoup de naturel dans le mixage de l’ensemble.
Crédits images : © Bad Robot, Jerry Weintraub Productions, Kilter Films, Warner Bros. Television