Swiss Army Man (2016) : le test complet du Blu-ray

Le premier long d’un duo bien frappé, une ode au n’importe quoi emballé dans une farce pleine de trouvailles.

Hank, un naufragé désespéré, s’apprête à mettre fin à ses jours, lorsqu’il découvre un cadavre échoué. Quelle n’est pas sa surprise lorsque ce dernier prend mystérieusement vie… Accompagné de son curieux nouveau compagnon, baptisé Manny, Hank embarque alors dans une aventure incroyable pour retrouver son foyer. Au fil de sa relation avec Manny, le suicidaire d’autrefois va peu à peu réaliser pourquoi la vie vaut la peine d’être vécue…

Repose en pets

Daniel Kwan et Daniel Scheinert, qui se font appeler « Daniels », expérimentent avec l’image depuis bientôt 10 ans, principalement dans des courts métrages et des clips musicaux. Enfants du numérique et des outils visuels très accessibles, avec une prédilection pour le trash, le scatologique, l’improbable et l’inattendu, les Daniels nourrissent un univers assez délirant, composé d’absurde, mais aussi d’une certaine poésie et, pour Swiss Army Man d’une intrigue à plusieurs couches qui ne cesse de brouiller les pistes et de surprendre, tout en « bénéficiant » de bon nombre d’idées farfelues déjà expérimentées dans les courts métrages et clips justement.

Sur un thème de départ qui fait immanquablement penser à Weekend at Bernie’s, bien que les Daniels se défendent d’avoir même vu le film, Swiss Army Man brode donc une fable aux multiples niveaux de lecture, du délire pur à l’évocation du mensonge pathologique en passant par la folie douce, le tout servi par deux acteurs époustouflants, Paul Dano (Little Miss Sunshine, Looper) et Daniel Radcliffe qui semble faire tout son possible pour continuer de s’éloigner de Harry Potter, avec ici, l’interprétation confondante de ce corps multi-usages. Il faudra d’ailleurs que les spectateurs les plus sensibles au émanations corporelles abordent le film avec beaucoup de prudence car les Daniels ne semblent souffrir d’aucune forme d’auto-censure lorsqu’il s’agit « d’explorer » les orifices humains…

Voici donc le premier long métrage d’un duo hautement créatif, à suivre de très près…

Swiss Army Man est proposé en HD dans une édition Digipack sur un Blu-ray simple couche. L’éditeur Condor a soigné ce Digipack, avec une épaisse cuvette qui accueille le Blu-ray à la sérigraphie presque alignée sur l’image de fond et sur l’autre volet, une fausse notice du cadavre Manny façon IKEA, qui résume ses principales utilisations.

Courte mais bienvenue sélection de bonus avec un Making of très joyeux, à l’image de l’esprit « bande » qui orbite autour des Daniels. Quelques secrets de tournage vite abordés, mais ça manque d’une petite interview sur la genèse du projet. On termine déjà avec 5 scènes coupées ou versions alternatives qui n’apportent rien d’essentiel mais ont le mérite d’être présentes.

Swiss Army Man est donc proposé avec ses bonus sur un Blu-ray simple couche, ce qui est un peu serré. Encodé en 1080i, l’image trahit ici et là ce manque de place, avec des vibrations sur certains motifs ou éléments mobiles dans les plans larges et de rares artefacts de compression d’image. Un rognage bien dommage sur la qualité globale.

Malgré le mixage Dolby Atmos d’origine, le film est proposé ici en DTS-HD Master Audio 5.1 VF et VOST. Pour la VOST, ce passage se fait malgré tout avec les honneurs avec un résultat très immersif. Les canaux d’effets et les basses sont très bien utilisés, et les ambiances de plage ou de forêt sont très bien présentes. Si l’on peut louer la bonne intention de l’éditeur de proposé un doublage pour un film qui n’est pas sorti en salles, celui-ci est proposé via un mixage qui écrase les ambiances, avec des dialogues trop en avant et qui perdent tout naturel.

Crédits images : © Blackbird, Cold Iron Pictures, Tadmor