Le Peuple loup (2020) : le test complet du Blu-ray

Tomm Moore boucle sa trilogie irlandaise avec un conte magnifique empreint d’écologie, de poésie et de magie.

En Irlande, au temps des superstitions et de la magie, Robyn, une jeune fille de 11 ans, aide son père à chasser la dernière meute de loups. Mais un jour, lors d’une battue en forêt, Robyn rencontre Mebh, petite fille le jour, louve la nuit. Désormais pour Robyn, ayant rejoint elle aussi le peuple des loups, la menace ne vient plus des loups, mais bien des hommes !

Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup y est !

Après Brendan et le secret de Kells (2009) et Le Chant de la mer (2014), sans oublier un segment pour Le Prophète (2015), Tomm Moore revient à la réalisation avec Le Peuple Loup (WolfWalkers). Et on peut compter sur le réalisateur irlandais pour nous éblouir à nouveau par son approche de l’animation traditionnelle avec un trait vibrant et vivant, des couleurs vives, une géométrie omniprésente et symbolique, sans oublier un goût de la perspective largement inspiré de l’art médiéval ou de l’art naïf. Chaque image est un tableau, soigneusement élaboré, et dont le cadre peut lui aussi faire preuve d’animation avec des bords vibrants qui peuvent se resserrer sur l’action ou sur l’émotion, ou même venir scinder l’écran. Cette vibration du trait se retrouve non seulement dans le décors qui font parfois appel à des tâches ou zones de couleur pour soutenir les dessins, mais aussi dans un aspect croquis qui laisse apparaître les lignes de construction des personnages.

Cet art presque brut est soutenu par un symbolisme fort avec, du côté de la cité puante et sonore, des formes carrées ou aux angles prononcés et aux couleurs ternes, et du côté de la nature, une imagerie toute en rondeurs, en couleurs chaudes et lumières scintillantes.

L’enchantement, tout autant que la frayeur sont au rendez-vous. Moore n’hésite pas à dépeindre avec des émotions fortes et des scènes presque sans concessions, l’état d’esprit conquérant d’une part de l’humanité en ce XVIIe siècle qui compte bien dompter la nature et imposer sa marque partout où elle passe.

Ce message profondément orienté vers l’écologie, va être le point de bascule de la jeune héroïne du film qui une fois devenue elle-même une « wolfwalker » devra même choisir entre son père et sa nouvelle « famille ». De quoi initier de beaux échanges après le film sur cette ère violente et obscure dont certains échos sont loins d’être éteints aujourd’hui.

La version originale du film est servie par deux jeunes actrices très talentueuses, mais aussi par des acteurs confirmés comme Sean Bean ou Maria Doyle Kennedy, qui sont accompagnés par une ambiance sonore très riches, que l’on soit dans la cité bruyante ou dans la nature pleine de bruissements, et par la musique de Bruno Coulais, fidèle collaborateur du réalisateur, qui propose comme à son habitude une composition pleine de surprises, d’originalité, et de mélodies atypiques qui soulignent à merveille les images.

Une nouvelle perle d’animation traditionnelle signée Tom Moore, mais aussi Ross Stewart, précédemment directeur artistique sur Brendan et le secret de Kells ou concepteur graphique sur Le Chant de la mer, tous deux retenus par Mamoru Hosoda au département animation de son nouveau long métrage Belle. Deux grands talents que l’on espère bientôt voir reprendre les crayons.

Il n’y a rien à faire : au fil des années, certains éditeurs continuent de penser que les films d’animations plutôt orientés jeunesse, ne méritent pas d’édition vidéo digne de ce nom, aussi beaux et soignés soient-ils. Après France Télévisions et son Brendan et le secret de Kells presque sans bonus et Studiocanal et son Le Chant de la mer qui faisait carrément l’impasse sur la VOST, Le Peuple Loup voit son Blu-ray se contenter du seul film, sans aucun bonus alors qu’il en existe une pleine brouette. Pour des films nommés systématiquement aux Oscars, il y a de quoi fulminer.

Comme évoqué dans la section précédente, il n’y a rien ici. Pas une bande-annonce, rien, alors qu’il existe plus de 2h30 de bonus, sans compter le commentaire audio ! Mais non, c’est un film pour les enfants et les enfants se fichent des bonus. Quant aux parents frustrés, ils devront une fois de plus se tourner vers l’import pour que leur curiosité soit nourrie. Navrant.

Fort heureusement, les splendides images du film sont soignées par ce Blu-ray dont l’encodage AVC fait des merveilles avec des scènes pourtant parfois très chargées et très animées. Les couleurs sont splendides, les contrastes subtiles et les traits parfois d’une extrême finesse sont tous restitués avec précision.

Le très beau travail sur la partie sonore du film est également restitué avec beaucoup de précision en DTS-HD Master Audio 5.1 en VF et VOST. La spatialisation offre quelques belles sensations, surtout lors des visions en mode « loup » subjectif où l’image virevolte à grande vitesse, mais aussi dans les ambiances de la cité ou celles de la forêt. En VOST, le canal central, surtout dédié aux dialogues aurait pu être un poil plus puissant.

Crédits images : © Cartoon Saloon