Critique

« Gladiator » est une résurrection en trois actes. Celle d’un général loyal et juste, trahi par un faux empereur, et transformé en simple esclave, pour trouver sa vengeance dans les arènes des Gladiateurs. Celle du péplum historique, en crise existentielle depuis les kolossal d’Anthony Mann et les péplums avec Steve Reeves. Et celle d’un réalisateur d’un stylisme extrême qu’on craignait perdu, après une séquelle de ratages hollywoodiens. Dans la forme, « Gladiator » n’a rien qu’un Spartacus n’ait déjà imaginé. Mais la mémoire courte des spectateurs est compensée par une substance technologique de premier ordre.

A l’instar des légions romaines, « Gladiator » justifie et puise son énergie par une démonstration de force hallucinante, qui combine les recettes grand spectacle d’antan (milliers de figurants) aux derniers effets numériques (Rome réédifiée !). Ridley Scott peut même se permettre de raccourcir ses plans, car l’ensemble profite d’un mouvement perpétuel.

Et cependant, « Gladiator » échappe aux automatismes par la forte présence physique de Russell Crowe, qui dépeint un modèle d’héros que le cinéma contemporain avait oublié. Des palmiers aussi pour le reste du cast : de Joaquim Phoenix - dans le nouvel empereur torturé par une affection paternelle qu’il n’obtiendra jamais, à Oliver Reed, décédé en vrai gladiateur pendant le tournage (dans un pub à Malte).

Présentation - 5,0 / 5

C’est l’histoire annoncée d’un futur champion des galettes. Bien avant la sortie en salles aux US, les producteurs savaient que « Gladiator » allait être un carton. Le DVD se devait donc d’être un produit hors du commun, un peu la version 2001 de ce que Matrix avait été pour l’an 2000.

Malgré l’uniformisation des éditions internationales du DVD, la France a obtenu l’exclusivité d’un coffret cartonné de plus bel effet, un peu à la manière du coffret limité de Men in Black. L’intérieur renferme un livret et les deux disques soigneusement sérigraphiés (chacun des deux est un DVD-9). A notre gauche, le film et le commentaire audio ; à droite, les suppléments. Les menus, qui reprennent le design de l’édition nord-américaine, sont entièrement localisés en français. En revanche, la piste DTS ES reste une exclusivité du Z1 : le disque français doit « se contenter » d’une VF DTS en 5.1 (ce qui n’est pas si mal que ça). Par contre, l’éditeur ne lésine pas les efforts de localisation : le commentaire audio et chaque bonus est sous- titrable en langue française. Chapeau !

Ce « Gladiator » de tous les records a pourtant un petit défaut (et uniquement car il fallait en trouver un) : le changement de langue à la volée est impossible ! Voici cependant une petite astuce pour minimiser le temps d’attente : il suffit de démarrer le film en DTS ! Lorsqu’on repasse par le menu pour changer de langue, la touche de démarrage vous ramènera au point où vous aviez quitté le film. L’inverse n’est pas possible, car le DVD doit obligatoirement charger un petit (et sympathique) jingle DTS.

Bonus - 5,0 / 5

Amazing ! (comme diraient nos amis américains). C’est absolument fabuleux ! Une telle profusion de suppléments entièrement localisés en français, cela tient du miracle ! Un grand coup de chapeau à l’équipe française de Gaumont/Columbia qui a su se donner et obtenir les moyens nécessaires à cet exploit.

Sous les 2 pages d’apparence si simple des menus du deuxième disque de ce coffret, se cachent des heures de navigation, de consultation et de visionnage. Le mieux est de les commenter dans l’ordre d’apparition à l’écran.

« Dans la salle de montage » se propose de vous faire découvrir les scènes et les plans tournés qui ont pourtant échoués sur le sol de la salle de montage (ou comme le dit Ridley Scott : « qui ont mordu la poussière »). Pas moins de 11 scènes complètes (25 minutes au total) présentées en 2.35 non anamorphique et VO sous-titrée ou accompagnées du commentaire de Ridley Scott (également sous-titré). Dans le menu, une photo et un court texte décrivent la scène pré-sélectionnée. Attention, ce sont des copies de travail, le grain est donc présent et les couleurs ne sont pas étalonnées. La cerise sur le gâteau de cette section est la « malle aux trésors », un montage de 7’13” « made in » Pietro Scalia, composé de tous petits bouts de plans éliminés au montage. Avec l’accompagnement musical impeccable, cette séquence ressemble à une super-bande-annonce d’une incroyable puissance évocatrice. Il en est d’ailleurs de même avec bon nombre des 11 scènes coupées qui sont (à mon avis) à réintégrer absolument dans un nouveau montage du film.
Le « Making of HBO » (25 minutes - VOST) propose comme à son habitude des interviews « sur le terrain » et aborde des thèmes aussi variés que les repérages, le casting ou les effets spéciaux.
« Les combats de gladiateurs: un sport sanglant » (50 minutes - VOST) est un documentaire absolument passionnant qui permet par le biais d’images du film et de reconstitutions, de découvrir la véritable vie des gladiateurs de l’époque. Archéologues et historiens nous apprennent par exemple que certains de ces hommes étaient les véritables stars d’alors et pouvaient gagner en une représentation plusieurs fois le salaire d’un haut dignitaire romain !
« Hans Zimmer et la musique de Gladiator » (21 minutes - VOST) est une interview du compositeur qui revient sur son étroite collaboration avec Ridley Scott bien sur, mais aussi avec Lisa Gerrard avec qui il a co-écrit bon nombre des morceaux de la bande originale du film.
« Le journal de bord de Lucius » présente (en français) le journal de bord du jeune acteur Spencer Treat Clark. 158 pages de textes et photos nous font partager son expérience du tournage titanesque et de ses relations avec les autres membres de l’équipe du film. C’est peu instructif sur le film lui-même, mais on y apprend énormément d’anecdotes sur les acteurs ou techniciens du film.
La partie « Storyboards » est composée de 3 parties distinctes. La première présente les superbes storyboards (dans un style graphique impeccable, genre Blueberry) des scènes clés du film (8 story en 249 planches). La deuxième est composée de storyboards de scènes abandonnées (4 story en 86 planches). Notez qu’un bonus se cache dans le storyboard de la scène du rhinocéros : sur la première planche, appuyez sur la flèche « haut » de votre télécommande, le rhinocéros apparaît en surbrillance, validez avec « ok » ou « entrée », voilà alors l’accès au script de la dite scène et aux 9 secondes de simulation du rhinocéros en images de synthèse des studios de Phil Tippett (Mr Dinosaure de Jurassic Park). La troisième partie de cette section propose 16 dessins préparatoires concernant divers aspects du film.
La « Galerie photos » vous présente les coulisses, les décors et les acteurs du film en 6 galeries totalisant tout de même 185 clichés.
La partie « Bandes-annonces et spots TV » vous offre le teaser (1’05” - VOST - DD3.0 - 1.33 - 4/3) qui s’appuie sur la musique de « Conan le barbare », la bande-annonce cinéma (1’24” - VOST - DD3.0 - 1.33 - 4/3) et 4 spots TV (total 2’13” - VOST - DD2.0 - 1.85 - 4/3) qui annoncent assez fièrement un « rated R », ce qui interdit le film aux moins de 17 ans non accompagnés aux USA.
Du côté des « Filmographies », 9 acteurs et 12 membres de l’équipe ont droit à quelques pages en français. Cependant, elles s’apparentent plus à des biographies qu’à des filmographies si l’on compte le peu de films cités pour chacun des artistes et techniciens. Et on finit avec 15 pages de « Notes de production » en français, qui permettront aux plus curieux d’en savoir encore un petit peu plus sur le tournage.

Très franchement, que peut-on ajouter après une telle démonstration de force ? Avec ce deuxième disque, vous appréhenderez le film sous un tout nouveau jour et vous aurez pris, mine de rien, un bon petit cours d’histoire. Les vertus pédagogiques du DVD peuvent prendre bien des formes…

Image - 5,0 / 5

Depuis la sortie de « Gladiator » en salles, on se demandait qu’allait devenir le travail précis de Ridley Scott, qui allie des chromatismes délicats à un montage convulsif. Le résultat sur le DVD reste assez proche de la source, la fluidité en plus. L’image offre une résolution grandiose, avec un grain à peine perceptible. Le ralenti sur les nombreuses scènes d’action est presque obligé (on y découvre entre autre que Ridley Scott a dû resserrer le montage, pour éviter des problèmes avec la censure). La transcription des couleurs est excellente. « Gladiator » est promis à une longue carrière comme disque de démonstration.

Son - 5,0 / 5

Dites adieu aux précieux et fragiles verres en cristal, aux fenêtres d’antan, et aux rapports amicaux avec les voisins. A l’instar du film, les bandes-son de « Gladiator » sont une démonstration de force, qui poussent le spectateur à augmenter le volume pour mieux rentrer dans la Rome impériale de Maximus.

En clair, « Gladiator » pousse à l’extrême les algorithmes et le talent des ingénieurs du Dolby Digital. Mais la beauté du son ne se retrouve pas forcément dans le bruit assourdissant de la bataille, mais plutôt dans les détails des sons anodins, les réverbérations des intérieurs, la main de Russell Crowe sur le maïs. La justesse et la localisation des sources poussent ces deux pistes 5.1 dans ces derniers retranchements. Petit avantage à la VO, plus soucieuse des ambiances sonores.

Et le mieux doit encore venir : la VF en DTS 5.1 ! Même si l’édition Z2 perd le codage « ES » (inclus dans le disque nord- américain), le regret est vite compensé par la pure adrénaline. Si les pistes DD donnent toutes leurs tripes, la version DTS est nirvanesque. Les voix prennent une profondeur supplémentaire, et la bataille contre les barbares gagne une sophistication et une puissance brute totalement absente de ses consoeurs en Dolby Digital. « Gladiator » est l’un des meilleures armes à ce jour pour assurer l’évangélisation du DTS.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony 16/9 70 cm
  • Pioneer 626
  • Yamaha RX-V393RDS
  • kit enceintes & caisson Yamaha NSP-300
Note du disque
Avis

Moyenne

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AdrianM
Le 18 avril 2023
Chef d'oeuvre
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CritiKs Moviz
Le 31 octobre 2022
« Gladiator » est un excellent film historique disposant d’une histoire originale, d’une intrigue captivante et d’un développement impressionnant. Le rythme est varié, mais globalement tonique, le récit est fluide et la narration fait appel à quelques flashbacks qui s’apparentent plus à des rêves, à des songes. La photographie présentée par John Mathieson est juste magnifique avec des effets spéciaux parfaitement maîtrisés et des scènes de combat superbement chorégraphiées. La bande originale est excellente et le montage est rationnel et homogène. La distribution offre d’excellentes prestations et l’adversité entre les personnages incarnés par Russell Crowe et Joaquin Phoenix est parfaitement palpable. L’ensemble est impressionnant malgré le poids des années, et permet d’offrir un intense moment de divertissement.

Lire ma critique complète : https://wp.me/p5woqV-bbN
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P. de Melun
Le 26 février 2021
Un péplum d’exception, à l’image de son réalisateur Ridley Scott qui nous a maintes fois prouvé son génie. Certes le scénario n'est pas très alambiqué mais il s’en dégage une force tranquille qui nous transporte dans cet univers historique et romanesque sans voir le temps passer. Les batailles et les combats de gladiateurs sont épiques et superbement bien filmés, l’esprit de cette Rome antique parfaitement décryptée, la musique se fait envoûtante. Le dépaysement est garanti tant le spectacle est grandiose et parfaitement orchestré, L’incroyable performance de Russel Crowe qui lui valut un oscar et le non moins talentueux Joaquim Phoenix tout simplement magistral dans le rôle du machiavélique Commode font de ce film un monument cinématographique à voir au moins une fois dans sa vie.

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Gladiator
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