Réalisé par Tarsem Singh
Avec
Lee Pace, Catinca Untaru et Justine Waddell
Édité par M6 Vidéo
Passer à côté de ce film, c’est passer à côté de la Joconde
sans broncher. C’est se trouver devant les pyramides et
se demander où sont les fenêtres. Passez à côté de ce film et
vous passerez tout simplement à côté d’un chef d’oeuvre.
L’oeuvre en question est tout bonnement étourdissante. La
douleur d’un homme brisé (physiquement et moralement), mixée
à un conte imaginaire qu’il raconte à une fillette afin qu’elle
lui procure de quoi mettre fin à ses souffrances.
Non, tout cela n’a rien de gai. Nous sommes bel et bien devant
un drame d’une grande intensité qui n’a d’égal que la beauté
et la virtuosité des images employées pour la partie conte.
Tarsem Singh, le réalisateur est presque un inconnu. Et pourtant,
dans le milieu de la publicité, son nom est synonyme d’images
étonnantes. Le cinéma lui a ouvert les bras pour The Cell
qui contient lui aussi son lot d’images chocs.
Ce film, il l’a fait grandir en son sein pendant 17 ans.
De longues années où son travail dans la pub lui a finalement
servi de terrain de repérages et d’expérimentations. Au bout
des 17 ans, une telle histoire n’étant pas facile à « vendre »,
il décide de la financer lui-même avec son frère.
Après un tournage qui a duré plus de 4 ans, éparpillé dans
plus de 24 pays, il accouche enfin de SON film. SON oeuvre
personnelle. Un pari fou difficile à « vendre », même une fois
terminé. Les distributeurs le bouderont et c’est grâce au support
de David Fincher et Spike Jonze que le film aura droit à une
deuxième sortie aux États-Unis où il finira enfin par éblouir
les critiques, mais quasiment pas le public… Heureusement le
DVD et le Blu-ray sont là pour rattraper le coup (en DVD
uniquement en France, mais le Blu-ray américain est multi-zone…),
surtout en France où aucun circuit ne s’est porté acquéreur.
Côté acteurs, Tarsem n’a pas joué la carte des stars (peut-être
aurait-il dû y avoir recours pour séduire) et met en avant une
fillette roumaine qui n’avait jamais mis ces petits yeux tristes
devant une caméra et Lee Pace qui deviendra dans la foulée le
héros de la série Pushing Daisies.
Ces deux là étaient fait pour se rencontrer et l’alchimie à
l’écran est saisissante d’émotion.
Si vous avez l’esprit d’aventure, que vous aimez les expériences
cinématographiques hors-normes et que 2 heures d’un film à la
fois dramatique et contemplatif ne vous font pas peur, ne
passez pas à côté de cette rareté. Pour ma part, il est déjà
rangé au rayon « films cultes »…
Un menu soigné mais sans fioritures. Boîtier simple. Jaquette pas forcément réussie, d’autres visuels plus emblématiques étaient à la disposition du maquetiste…
Le commentaire audio laisse le champ libre au
réalisateur qui semble ne jamais reprendre
son souffle. Il est intarissable sur son « enfant ». Beaucoup
d’informations et d’anecdotes. Il se livre sans retenu et
c’est passionnant. On y apprend par exemple qu’il n’y a
quasiment aucun effet visuel dans le film et que beaucoup
de plans magnifiques sont « offerts » par la nature et par
l’ingéniosité du réalisateur et de son équipe.
Le making of est monté comme une histoire sans parole. Un
témoignage à la fois intime et technique qui se passe d’explication.
Une preuve tangible de la tension, de la douleur, des
difficultés et aussi des moments de complicité qui ont maintenu
ce tournage en équilibre.
La bande-annonce qui n’est pas toujours un bonus très intéressant
est ici un indispensable compagnon du film. Un concentré de la
beauté et de l’intensité du film.
Il manque quelques éléments de valeur par rapport à l’édition
américaine, commentaire audio de Lee Pace avec le producteurs, 2
scènes coupées et un autre making of de 28 minutes intitulé « Wanderlust »
et plus explicatif que « Nostalgia ». Dommage.
Les images somptueuses du film s’en sortent avec les honneurs sur ce DVD dont le seul défaut est… d’être un DVD. Les limitations du MPEG-2 se font sentir sur les grandes diagonales mais sur un écran de taille classique, le résultat sera formidable.
Les pistes stéréo sans grande ampleur sont à forcément réserver à ceux qui n’ont pas d’installation dédiée. Les pistes 5.1 en revanche sont fantastiques et font preuve d’une dynamique et d’une richesse à la hauteur des images. Un seul regret ici : pas de DTS. Par contre, comme bien souvent, préférez si possible la VOST dont les dialogues sont bien plus vivants et chargés d’émotions que le doublage français.