Réalisé par James Cameron
Avec
Arnold Schwarzenegger, Michael Biehn et Linda Hamilton
Édité par MGM / United Artists
Maintenant on le sait. Le 29 août 1997 est passé, et il n’y a
pas eu de jour de Jugement. On sait aussi que « T1 » a augmenté
la force et son culte à chaque vision, pour devenir l’un des
principaux films de science fiction du 20ème siècle. Ce combat
épique entre Sarah Connor et le modèle Cyberdyne 101 de SkyNet
rappelle que le futur n’est jamais écrit à l’avance. Cette
édition DVD (c’est le cas de le dire) a le mérite de redonner
à « Terminator » le plaisir de vision qu’on n’avait plus
bénéficié, depuis ses projections en salle en 1984.
Cette redécouverte permet de réaliser à quel point
Terminator 2 s’apparente à un remake parallèle, plutôt
qu’à une véritable suite. « T1 » est un fix d’adrénaline, de
film noir, d’intensité visuelle et de technologie 100%
cameronien. Arnold Schwarzenegger, initialement pressenti pour
le gentil, offre au 7ème Art l’image de la machine sans
inhibitions ni retenues, qui ne s’arrête jamais. Michael Biehn
- trop souvent méconnu - est parfait dans le guerrier hanté
par la guerre et par son destin. Et surtout, il n’y a Linda
Hamilton. Mis à part Sigourney Weaver dans les « Alien », jamais
le cinéma d’action n’avait offert le rôle principal à une
femme. Et attention aussi aux petits rôles et aux cameos -
dont Bill Paxton (l’un des punks) ou le bodybuilder Franco
Columbu (le terminator du futur).
Rétrospectivement, « Terminator » ne se contente pas de mettre
en marche la machine James Cameron, et les archétypes de la
saga. Il représente avant tout la vision d’une science-fiction
qui s’interroge sur l’importance de chaque individu dans une
société de plus en plus automatisée.
A l’instar de son successeur, « Terminator 1 » se paie le luxe
d’une édition « ultime » , un objet de culte à conserver et à
revoir pendant de longues années. Même en écrivant à froid, la
richesse et le soin de ce coffret restent entiers. Comme le
test a été effectué à partir de deux check-discs, nous faisons
l’impasse sur le packaging, les sérigraphiés et le livret du
disque. Ainsi, l’aventure Terminator commence par une
interface graphique et des menus 3D foudroyants (regarder les
captures, même si les plans animés rendent beaucoup mieux).
Hormis les trois versions du scénario, tout a été localisé en
français, et les sous-titres ne sont pas imposés ! Le choix -
de toute façon physique - de repartir film et suppléments sur
deux disques, est très juste. Dommage juste que le film n’est
pas disponible en édition longue, à l’instar de « T2 Ultimate ».
A bien vouloir chercher, on peut regretter que les traductions
françaises ne soient pas si fidèles : admettez que « Terminated
scenes » est beaucoup plus drôle que « Scènes inédites »…
Mais aucun détail ne saurait gâcher l’équilibre et la qualité
de l’ensemble. Ce T1 est tout simplement l’une des plus
grandes réussites dans l’histoire du DVD !
Libérez-vous pendant un après-midi entier, car c’est le temps
qu’il faut pour explorer les plus-produits de l’édition en
long et en large. Place tout d’abord aux 7 scènes inédites -
rarissimes - qui sont l’objet d’un culte extrême depuis l’aube
des temps. Rien à voir avec les sections similaires dans les
films récents : ici, on explore les facettes cachées d’une
légende. Si vous ne voulez pas vous gâcher la surprise, faites
l’impasse sur le prochain paragraphe, et passez directement au
suivant :
Les 7 séquences coupées ou raccourcies offrent une profondeur
supplémentaire au personnage de Linda Hamilton et au facteur
du destin dans le film. « La riposte de Sarah » - de longue la
plus intéressante, montre une Sarah Connor qui prend
conscience de son rôle et suggère à Kyle de détruire Cyberdyne
Systems (on retrouve tout ça dans T2). En conséquence,
« L’usine » a aussi dû être supprimée : dans cette pré-fin, le
personnel qui inspecte les dégâts trouve un fragment du
microprocesseur du T1, et décide de l’emmener chez…
Cyberdyne ! Les autres scènes concernent le Terminator, les
policiers, la présentation de Sarah, et un peu d’intimité
entre Sarah et Kyle. Des notes contextuelles expliquent que
ces séquences ont été retirées essentiellement pour resserrer
le rythme de l’action, et pour ne pas vendre la peau du loup
(la suite du film) trop tôt. Dommage juste qu’on ne puisse pas
les intégrer au montage « normal » du film…
Du coté des documentaires, c’est l’avalanche. Le premier
making of - réalisé en 1992 (pour le compte de la revue d’FX
« Cinefex », sauf erreur de notre part) est vraiment
fantastique. Et, cerise sur le gâteau, Van Ling prend la
relève, avec un documentaire-rétrospective de 60’ (tourné en
2000), où chaque personnage - dont Cameron himself - revient
sur les différentes étapes de conception de « T1 » (ne pas rater
la partie avec le compositeur Brad Fiedel, vraiment hilarante.
La section vidéo est complétée par un teaser, deux bandes-
annonces, et 2 spots-TV. On oubliait de préciser que chaque
bonus mentionné est sous-titrable en français.
Passons ensuite à la section images, qui présente environ 200
pages illustrées. Répartie en cinq sous-sections, cette partie
offre notamment des illustrations de James Cameron, les étapes
du design du Terminator chez Stan Winston, les FX visuels de
Fantasy II ou le matériel publicitaire. Malheureusement, les
concepteurs ont souvent collé plusieurs images par page
(dommage, elles sont magnifiques !). Un espace à part est
dédié au script préliminaire de T1 (en anglais) écrit par
Cameron. Ce document est disponible aussi dans la section DVD-
Rom.
Pour finir, retour au disque 1, qui présente quelques contenus
DVD-Rom. Tout est mis en oeuvre pour que le matériel soit
aussi compatible avec les Mac (bonne initiative !). Trois
versions différentes du scénario sont logées ici - en langue
anglaise.
Les concepteurs du disque ont décidé qu’il faut vivre avec les moyens limités de bord du film original. La source 35 mm de T1 était assez granuleuse, à cause des difficiles conditions du tournage (le gros de l’action se déroule la nuit). Un « doctoring » virtuel de l’image aurait trahi l’esprit de l’oeuvre, et ils ont sans doute raison. Ne croyez pas pour autant que vous allez visionner une image très granuleuse - une partie a été gommée. Ce qui compte, est le soin du détail, la stabilité de l’image et ses couleurs. Et ici, cette nouvelle remasterisation produit des miracles. T1 gagne en profondeur et en vitalité. Ses bleus-nuit ne monopolisent pas l’équilibre tonal de l’image, mais laissent aussi passer les autres couleurs. Un vrai coup de maître, très soucieux de la source.
Jamais le premier Terminator n’a été si retentissant. Grâce au talent des techies de Cameron, le remixage 5.1 (et dans toutes les langues !) du film - à l’origine en mono - est foudroyante ! Si ces opérations sont souvent artificielles et nuisibles, T1 en constitue l’exception. N’attendez pas des miracles du coté des dialogues, qui ont cependant un timbre plus clair. Par contre, les scènes d’action apportent du sang nouveau au film. Des graves intenses plongent le spectateur dans le futur. Tous les effets ont été resamplés et redirigés dans les différentes voies, pour offrir un surround infernal. Excellent travail de résurrection aussi sur la musique de Brad Fiedel. La VF s’envole presque au même niveau de la VO. On a l’impression d’assister à un autre film.