Réalisé par Mathieu Kassovitz
Avec
Jean Reno, Vincent Cassel et Nadia Farès
Édité par Gaumont
Le cadavre d’un homme sans yeux et mains, privé des organes
les plus élémentaires de son identité. C’est le début de
l’adaptation (neo-gothique) du roman de Jean-Christophe
Grangé, du film et du DVD de tous les records… qui peine un
peu à convaincre ses fans.
Entendons-nous, « Les Rivières pourpres » est un thriller
efficace et techniquement irréprochable. Cette sombre histoire
de meurtres en série en Haute-Savoie sous fond d’un complot
visant à récréer l’eugénisme nazi, est très conforme aux
qualités du livre, à défaut de lui être fidèle. Ce qui manque
aux « Rivières pourpres », est une phase d’explication plus
cohérente, et surtout une fin à la hauteur du reste. Pour son
retour à la mise en scène, Mathieu Kassovitz se concentre sur
la construction d’une atmosphère claustrophobique et
étouffante, et sur l’accumulation des détails qui conduiront
les routes séparées de deux policiers (Jean Reno et Vincent
Cassel, magnifiques) à se croiser.
Si les 15 dernières minutes du film déçoivent, les premiers 87
sont cependant magnifiques, et offrent des nouveaux repères au
cinéma français de genre. Aux jeunes cinéastes en quête de
sensations fortes (et au même Kassovitz) de poursuivre dans la
même voie.
Ce coffret des « Rivières pourpres » est - en quelque sorte - le
« Titanic » du DVD européen. Chaque élément - du conteneur au
contenu - est soigné jusqu’aux moindres détails. Cette qualité
extrême a déjà été atteinte aux Etats-Unis, mais jamais en
France (exception faite pour Crying Freeman). Et ce ne
sera sans doute pas répétée de sitôt : le prix de l’excellence
est encore trop élevé pour la plupart des éditeurs français.
Le coffret qui va convertir au DVD d’autres dizaines de
milliers de foyers, est beau à voir et à toucher. Pochette
cartonnée avec boîtier Digipack coulissant, les deux disques
sérigraphiés par ici, le livret (essentiellement un guide
d’emploi) par-là, un croquis préliminaire de la salle de
l’autopsie à l’arrière. Un pur produit collector, conçu pour
durer.
Les menus de navigation de Mastery (tous en 3D) sont
spectaculaires. Après le visionnage du film, on peut se
consacrer à la chasse aux bonus cachés, dissimulés dans les
disques. Il ne faut pas oublier non plus les petits « à coté » :
le jingle THX (expressément conçu pour le disque) et ceux de
Dolby Digital et DTS, sans oublier la batterie des tests vidéo
et audio THX
Pour s’approcher de la perfection, « Les Rivières pourpres » se
doit aussi d’avoir des petits handicaps ; c’est normal et
humain. Le point d’ombre du coffret est sa section DVD-Rom,
trahie par une navigation bâclée et des contenus peu
intéressants.
Par où faut-il commencer ? Par le film, bien sûr ! Chaque
bonus dévoile des secrets du récit, qui vont se révéler
suicidaires si on n’a pas vu « Les Rivières pourpres » au
préalable.
La course au jouet… pardon, aux suppléments, débute sur le
disque 1, qui contient les tests THX, et aussi et surtout deux
commentaires audio. Mathieu Kassovitz, Jean Reno et Vincent
Cassel se livrent à un décryptage complet du film, sans poils
sur la langue (et c’est le cas de le dire !) : les analyses,
les souhaits mais aussi les regrets sont évoqués à tour de
rôle par ses protagonistes. Le deuxième commentaire (du
compositeur Bruno Coulais) offre des précisions
supplémentaires sur le tissu sonore du film, mais le vrai
atout du bonus consiste dans sa piste son isolée.
« Tout est expliqué dans le film », dit Mathieu Kassovitz au
début de « L’enquête », le documentaire de 52 minutes qui
introduit le disque 2 du coffret. Il ne s’agit pas d’un making
of au sens large du terme (et c’est peut-être son défaut),
mais d’un décryptage à plusieurs voix (Kasso, Grangé, Reno,
etc.) sur l’adaptation du roman homonyme, étape par étape.
Même si la structure linéaire n’est pas son fort, on apprécie
néanmoins la franchise des propos.
Direction ensuite la Salle d’Autopsie (qui recèle plusieurs
bonus cachés). « Cadavre » offre avant tout « La scène
au scalpel » (26 minutes), un documentaire dédié à la star
de la toute première partie du film (Kasso dévoile même une
erreur de tournage !). L’auteur du cadavre, Jean-Christophe
Spadaccini, commente sa conception étape par étape dans
« Naissance d’un cadavre », un document dont son seul
tort est de se limiter à présenter une succession de photos,
au lieu de vidéos.
« Baston » offre un seul document « officiel »,
« Tournage musclé », une featurette de 8 minutes sur
l’entraînement de Vincent Cassel et les coulisses du tournage.
Deux choix audio sont disponibles : le son « live » et la
version commentée.
« Poursuite » raconte les coulisses d’une séquence assez
anodine du film. La featurette « Tournage de nuit » (9
minutes) explique le pourquoi : à court d’argent, le
réalisateur a dû renoncer à la deuxième partie de sa scène
d’action. La « Comparaison film/story-board » (son live
ou commentaires) vaut également le détour.
3 documents à l’affiche dans la section « Montagne ». On
commence d’abord par « Tournage en altitude », une
featurette sur les coulisses du tournage agrémentée par les
déclarations des principaux intéressés. Regardable, mais sans
plus. « Les rivières blanches » est de toute autre
envergure : ce document de 15 minutes est dédié aux FX
numériques de la séquence finale (au passage assez illogique,
mais bon…). « L’avalanche en multi-angle » offre à
notre avis la meilleure exploitation de cette fonctionnalité
du DVD. Les 4 angles - du story-board à la version finale -
sont constamment à l’écran. La fonction de multi-angle permet
de mettre en avant la version choisie, sans perdre de vue le
reste. Excellent !
La section « In memoriam » (repartie à son tour entre
« Production » et « Marketing ») se concentre sur les aspects
complémentaires du film et de sa promotion.
La pièce de résistance de « Production » est
« Intégrale des story-boards », avec la reproduction des
planches de 5 sequènces-clé (plus quelques dessins inédits).
La galerie des 77 photos de tournage est également
imposante. A ne pas rater non plus « Archives du chef-
décorateur », une featurette de 14 minutes sur les
influences visuelles du film, avec dessins préparatoires à la
clé.
« Marketing » contient des éléments plus courants : deux
teasers, la bande-annonce (en 16/9 et DD 5.1), une mini-promo
sur la tournée au Japon, quelques affiches, 11 filmographies,
les crédits et un écran d’aide pour les bonus DVD-Rom. On peut
regretter l’absence du promo-reel de 10 minutes, qui a permis
à Gaumont de vendre le film à Columbia…
Le disque 2 des « Rivières » offre aussi les suppléments DVD-
Rom, qui démontrent que les éditeurs peuvent et doivent encore
progresser dans ce domaine. Le mini-site du film est presque
inexploitable, à cause d’une navigation bâclée (autant piocher
les 7 clips QuickTime dans leur sous-répertoire). Pas de
scénario non plus, hélas. En revanche, cette section offre une
vraie surprise pour les musiciens en herbe : la partition du
générique du début au format PDF !
Le coffret est à lui seul un petit festival de bonus cachés.
Si vous avez vraiment envie de savoir, lisez la suite :
- (disque 1) : sur le menu principal, cliquez vers les angles
inférieurs gauche et droite de l’image, pour afficher deux
logos animés de Mastery.
- (disque 2) : « Autopsie » recèle de nombreux bonus. (note :
dans les tiroirs, certains d’entre eux sont facilement
accessibles sur DVD-Rom, et un peu moins avec les lecteurs de
salon). Dans l’écran principal, cliquer sur le petit point du
spot, pour lancer le « Making of du DVD », une featurette de 5
minutes assez intéressante. L’avant-dernier fauteuil en haut à
droite donne accès à un énième jingle Mastery. Et maintenant,
place aux tiroirs :
- (Cadavre) : un clic sur la « C » de cadavre donne accès à une
featurette sur le making of du 2ème cadavre.
- (Baston) : sélectionner le levier gauche pour accéder à
l’entraînement de Vincent Cassel (celui-ci est facile à
trouver).
- (Poursuite) : un clic sur la « O » de poursuite permet
d’accéder à un clip de 2 minutes sur le making of.
- (Montagne) : nous n’avons rien trouvé !
- Pour finir, direction les « Story-boards » (à l’intérieur de
In memoriam / Production). Un clic en haut à droite sur la
page d’accueil permet d’accéder à la filmographie de Farid
Kermici.
L’exploit pur. Définition, contrastes, netteté, couleurs, fluidité, arrière-plan, chromatisme : 10 sur 10 pour chacun. « Les Rivières pourpres » parvient jusqu’aux limites technologiques du DVD.
Dolby Digital ou DTS ? Pour une fois, le combat n’aura pas
lieu, ou presque. Si les prouesses du DTS plein débit
permettent de restituer une subtilité et une clarté hors du
commun, l’exploitation savante des algorithmes du Dolby
Digital lui permet de faire quasiment jeu égal, et de cacher
habilement ses imperfections. Nous dirions que la balle est
plutôt du coté du spectateur : un mauvais réglage de
l’amplificateur risque de compromettre l’équilibre sonore du
film. Heureusement que le banc de tests THX (une première sur
un disque 100% européen) est là…
Un seul regret au passage : l’absence de sous-titres français
pour les malentendants, et en d’autres langues (pour nos
voisins européens, coincés avec des éditions amplement
inférieures à celle-ci).