Réalisé par Sofia Coppola
Avec
James Woods, Kathleen Turner et Kirsten Dunst
Édité par Pathé
On ne voit pas des OVNIs tous les jours. « Virgin Suicides » en
est un. Après plusieurs visionnages à froid, le début
foudroyant de Sofia Coppola dans la mise en scène aura
finalement été pour les ‘90 ce que « Heathers » avait représenté
pour les ‘80 : un portrait au vitriole des dessous de
l’American Way of Life, qui fait passer
American Beauty pour une vulgaire sitcom (après une
vision de « Virgin Suicides », tout le reste est relatif).
« Virgin Suicides », c’est 5 filles de la même famille, qui
décident de se suicider l’une après l’autre. Mais le film est
avant tout une description du sens de vide irréparable qui
affectera leurs proches et les parents. Un arrêt sur image sur
cinq vies qui s’arrêtent. Sofia Coppola s’envole vers les
hauts lieux de la mise en scène, capture des prestations
exceptionnelles de ses acteurs et assemble l’une des bandes
sonores les plus hypnotiques des derniers années. « Virgin
Suicides » est plus qu’un film : c’est un coup de foudre, et
une pierre milière du cinéma « indie » nord-américain.
L’un des films-cultes les plus intenses des dernières années arrive en DVD dans une édition soucieuse de la source originale, mais beaucoup trop minimaliste. Après le disque sérigraphié (agréable), Pathé enchaîne avec des menus animés très fidèles à l’esprit du film. Langues et sous-titres sont paramétrables en cours de route, sans aucune imposition. En revanche, la dotation en bonus est beaucoup trop juste pour un film d’une telle envergure. Pourquoi ne pas y avoir consacré davantage d’efforts ?
« Virgin Suicides », la déroute. Comment - répétons-le - comment
est-il possible d’avoir une oeuvre si poétique comme le début
de Sofia Coppola, et ne pas mettre le paquet dans les
suppléments ? Peu d’autres films auraient autant mérité une
piste musicale seule, une sélection de clips, une revue de
presse, n’importe quoi.
Finalement, l’édition française tombe à côté de la plaque,
tout comme le DVD Z1 (même si les contenus ne sont pas les
mêmes). Les fans de « Virgin Suicides » devront finalement se
contenter de la bande-annonce (en VF et VOST) et d’une série
de filmographies déroulantes. Et dire que le marché est plein
de films médiocres remplis à ras-bord de suppléments…
Un travail difficile de compression, dans le but de « décrisper » les contours de l’image, et se rapprocher aux flous chauds de la version argentique. Des contrastes très justes, mais des arrière-plans pas toujours au top.
Bienvenue dans l’âge d’or de l’analogique, et au bruit du pick-up sur le microsillon d’un 33 tours vinyle. Pas de malentendu : c’est l’image de marque et le parti pris de « Virgin Suicides », qui affiche une complaisance décalée. Cela ne veut pas dire que le film a un audio d’outre-tombe. Tout au contraire, il se délecte des craquements et de la chaleur analogique, pour mieux coller à la période (les années ‘70) où se déroule son histoire. Les baby-boomers retrouveront dans cette BOF hypnotique, le sound de leur jeunesse, et une utilisation magique de la musique pour la progression de l’histoire (surtout à la fin du film). On apprécie donc ce 5.1 pour les limites technologiques de ses sources, et pour le traitement « rough » du son. La VF est à égalité, mais qui voudra voir un film comme « Virgin Suicides » en version doublée ?