Réalisé par Ridley Scott
Avec
Tom Cruise, Mia Sara et Tim Curry
Édité par 20th Century Studios
La lumière et les ténèbres. Ridley Scott entreprend une quête
aux sources mêmes du symbolisme des contes de fées, et il
signe l’un des films les plus visuellement visionnaires de
l’histoire du cinéma.
Visionnaire, certes, mais aussi mal aimé. D’abord par Fox, qui
décida de virer la B.O. originale de Jerry Goldsmith, au
profit d’un score des Tangerine Dream (mais uniquement aux
US) ; ensuite par des doublages plus ou moins assassins ; par
l’audience de l’époque - qui prit le film trop au sérieux, ou
pas assez ; et par une carrière fantomatique sur le petit
écran, sans oublier l’incendie à Pinewood, qui brûla la
plupart des sets.
Et pourtant, « Legend » est façonné de la matière dont sont
fait les rêves. Jamais plus - même dans
Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau - on atteindra ce climat de
malaise féerique (qui rappelle les poupées de Sebastian dans
Blade Runner, cette rigueur formelle des images et du
son, cet habile détournement du conte d’Adam et Eve.
Plus que par la Bête, « Legend » aura été maltraité par le
matérialisme des Eighties. On ne peut qu’espérer que le
passage du temps rendra au film de Ridley Scott - et même aux
prestations de Tom Cruise et Mia Sara - son aura spirituelle.
Adeptes et fondus des bonus, passez votre chemin. Cette
édition de « Legend » (la première, toutes zones confondues) a
la rigueur minimaliste d’un SuperBit. Rien que le film, et
tout au plus une bande-annonce, juste car vous êtes
sympathiques. Bref, une édition pour les purs d’esprit, et
tous ceux qui attendaient ce moment depuis longtemps.
Acheter, ou attendre l’ultimate ? Disons juste que le DVD
compense sa frugalité par une image de folie, et un son très
fouillé. Pour l’occasion, même l’interdition de la Fox de
changer de langue en cours de route, est levée.
Uhm…
Le néant. Ou, plutôt, juste la bande-annonce syndicale
en VO (et en 4/3 recadré) dont son seul mérite anecdotique,
est d’offrir des bribes de la bande-son des Tangerine Dream
inédite en Europe.
Voici LE point de force du film. Une image riche, saturée, contrastée, digne d’une succession de tableaux mystiques, qui traduit au mieux la vision de Ridley Scott. Une réussite presque comparable au niveau des SuperBit.
Il faudra se contenter du 2.0 d’origine. Et pourtant, la VO
pousse les limites du Dolby Surround à ses derniers
retranchements. L’ambiance est cristalline et les effets
admirablement retranscrits à l’arrière. Il faudra une
remasterisation en 5.1 pour aller au delà..
On aimerait pouvoir dire que la VF offre autant de réussite.
Hélas, c’est loin d’être le cas. Un peu pour le doublage, un
peu pour son ambiance étouffée et sourde, elle est bien loin
de procurer les mêmes plaisirs de la piste son originale.